Hommage à Maurice Tourneur : le test complet du DVD

Réalisé par Maurice Tourneur
Avec Tula Belle, Wallace Beery et Madge Bellamy

Édité par Bach Films

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Le 19/12/2014
Critique

Le coffret contient huit des cinquante et quelques films réalisés aux USA par Maurice Tourneur de 1914 à 1930.

L’Oiseau bleu (1918, 75’), un conte de fée tiré d’une pièce de Maurice Maeterlinck, suit les aventures de deux enfants à la recherche du bonheur.

Dans La Casaque verte (1917, 48’) (The Whip), une romance aux allures de thriller, un escroc truque une course de chevaux pour tenir à sa merci le coeur d’une jeune femme.

Le Dernier des Mohicans (1920, 71’), dont l’action se situe pendant le conflit qui oppose l’Angleterre à la France pour le contrôle du « Nouveau Monde », est le premier long métrage adapté du roman de James Fenimore Cooper.

C’est Mary Pickford, « la petite fiancée de l’Amérique » qui tient le rôle-titre de La Pauvre petite fille riche (1917, 64’), une comédie qui traite de la mixité sociale et annonce le crash boursier qui allait ébranler les fondements de l’économie américaine douze ans plus tard.

Avec La Fille d’Écosse (1917, 86’) (The Pride of the Clan), Maurice Tourneur confie à nouveau le rôle-titre à Mary Pickford, celui de Marget MacTavish, une jeune femme à la personnalité bien trempée qui n’hésite pas à sortir son fouet pour convaincre la gent masculine de regagner les bancs de l’église !

Dans The County Fair (1920, 59’), la caméra observe la vie d’une petite communauté troublée par les menées d’un vilain qui menace de mettre à la rue une honorable vieille fille si la nièce de celle-ci continue de résister à ses avances.

Lorna Doone (1922, 86’) est l’une des meilleures des nombreuses adaptations du roman picaresque de R.D. Blackmore sur les amours d’un jeune paysan et d’une jeune noble enlevée par des brigands.

Victoire (1919, 58’), adapté d’un roman de Joseph Conrad, montre comment la belle Alma, avec l’aide d’un aventurier blasé, échappe à l’emprise d’un patron sans scrupules qui lance des assassins aux trousses des fugitifs, dont l’abominable Ricardo, interprété par Lon Chaney.

Maurice Tourneur a commencé sa carrière en France où il dirigea, en deux ans, une quinzaine de courts et longs métrages avant de rejoindre Hollywood en 1914. Il réussit à s’imposer là-bas comme l’un des plus grands cinéastes de son temps, aux côtés de D.W. Griffith, Cecil B. De Mille et Thomas H. Ince. De retour en France en 1930, il y réalisera une bonne vingtaine de films dont Volpone avec Harry Baur et Louis Jouvet et La Main du diable, avec Pierre Fresnay.

Bon sang ne saurait mentir : on doit à son fils, Jacques Tourneur, plus de 70 films, téléfilms ou séries, et trois perles, La Féline (Cat People), Vaudou (I Walked with a Zombie) et Rendez-vous avec la peur (Night of the Demon).

La qualité du cinéma de Maurice Tourneur s’impose dès les premières séquences de chacun de ses films, par l’attention qu’il porte aux cadrages, les personnages n’étant pas systématiquement au premier plan, mais parfois presque perdus dans un plan large. Et aussi par son travail sur la lumière où l’on voit poindre l’expressionnisme allemand. Il s’efforça, également, de contenir les ardeurs des acteurs, habitués à surjouer pour, faute de mots, exprimer les sentiments. C’est aussi par le montage que Maurice Tourneur a contribué à la progression du langage cinématographique, comme le montre, notamment, la course-poursuite d’un train par une voiture dans La Casaque verte.

Aucun de ces huit films n’était encore disponible sur DVD, ni même aucun autre des nombreux films muets de Maurice Tourneur, à la seule exception de La Petite fille riche, qu’on pouvait trouver dans un coffret de trois films, Hommage à Mary Pickford, édité début 2013.

Bach Films comble enfin cette lacune avec cet hommage mérité à un grand réalisateur, injustement oublié, bien qu’il ait laissé la marque de son talent dans chacun des films présentés dans le coffret, dont les trois plus beaux sont, pour moi, L’Oiseau bleu, Le Dernier des Mohicans et Lorna Doone.

Édition - 7 / 10

Les quatre DVD, logés dans quatre slim cases insérés dans un étui cartonné, contiennent chacun deux films.

Les menus fixes et musicaux sont illustrés par l’affiche de chaque film. Vient en superposition des intertitres en anglais, les masquant parfois, une traduction française pas toujours rigoureuse ni très respectueuse de l’orthographe.

Les suppléments sont constitués d’une présentation (durée de 3 à 9 minutes) de chaque film par Patrick Brion, auteur de nombreux ouvrages qui attestent de sa grande connaissance du cinéma américain. Ses observations sur le style de Maurice Tourneur s’appuient sur une analyse de certaines séquences et sont agrémentées par des anecdotes ou des coups de projecteurs sur les stars d’alors.

Une exception pour le film Victoire, complété par une plus longue intervention (14’) de l’écrivain Roland Lacourbe qui rappelle, notamment, la vie extraordinaire de Joseph Conrad, auteur du roman dont est tiré le scénario.

L’image laisse souvent paraître les marques infligés par le temps sur ces oeuvres quasi-centenaires : rayures, sautes d’intensité lumineuse, taches, contrastes affaiblis, etc. Mais on observe de grands écarts de qualité, d’un film à l’autre et, même, à l’intérieur d’un même film. Par exemple, certaines séquences de L’Oiseau bleu restituent fidèlement la beauté des jeux d’ombre et de lumière quand d’autres, malheureusement, sont à peine lisibles. Espérons que l’intérêt de cette oeuvre lui vaille un jour d’être restaurée.

Dans l’ensemble, l’image est d’une qualité très acceptable, parfois même surprenante, par exemple pour Lorna Doone et, plus encore pour Victoire.

Aucune information n’est donnée sur l’accompagnement musical (Dolby Digital 2.0 mono) ni sur la date à laquelle il a été choisi. Mais sa restitution sur DVD n’appelle que peu de reproches, si ce ne n’est sur l’intensité du volume sonore, parfois trop invasive. On peut aussi être lassé par le caractère répétitif de la musique, particulièrement pour Lorna Doone.

Crédits images : © Bach Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 19 décembre 2014
Dans de précieux coffret, huit films, inédits sur DVD, tournés aux États-Unis par le Français Maurice Tourneur qui fut considéré comme un des plus grands réalisateurs du temps du muet.

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