Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Saison 2, vol. 1, épisodes 1 à 16 (1963) : le test complet du DVD

The Alfred Hitchcock Hour

Réalisé par Herschel Daugherty
Avec Alfred Hitchcock, Ray Milland et Anne Baxter

Édité par Elephant Films

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Le 02/11/2018
Critique

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

Ces 3 dernières saisons de 1962 à 1965 sont nommées Alfred Hitchcock présente : les Inédits (The Alfred Hitchcock Hour) en raison de la durée d’une heure des 93 téléfilms qui la composent (concernant leur appellation américaine), en raison aussi du fait que la très grands majorité de ces histoires était inédite en France jusqu’à présent. L’ensemble est passionnant, historiquement comme esthétiquement.

Voici la critique de l’intégralité des 16 premiers épisodes de cette saison 2.

Ils sont numérotés par l’éditeur dans leur ordre chronologique de présentation télévisée, ce qui donne à l’ensemble une remarquable valeur d’histoire du cinéma. Précisons à nouveau que certains titres (peu nombreux) ne sont pas inédits puisqu’ils sont dotés d’une VF d’époque et d’un titre d’exploitation TV français, ce dernier étant mentionné, lorsqu’il existe, avant le titre original américain. Mais il s’agit, encore une fois, d’une infime minorité de titres. La majorité, à savoir les titres présentés seulement en VOSTF, était bel et bien inédite chez nous. Le n° de la saison précède le n° de l’épisode, suivi de son titre américain (de son titre français entre crochets lorsqu’il fut télédiffusé chez nous), des noms du réalisateur, du scénariste et / ou de l’écrivain adapté, celui des vedettes masculines et féminines, suivis d’une notice historique et critique.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

SAISON 2, VOLUME 1 (septembre 1963 à février 1964)

2.01 – A Home Away from Home ( 27 septembre 1963 VOSTF) de H. Daugherty, scénario Robert Bloch d’après une histoire originale de Robert Bloch, avec Ray Milland, Claire Griswold, Mary LaRoche, Virginia Gregg, etc. La jeune parente du directeur d’un asile d’aliénés, venue lui rendre visite pour la première fois de sa vie, comprend progressivement que ces derniers ont pris le pouvoir dans l’établissement, à la faveur d’un meurtre. Bloch signe ici une adaptation libre d’un conte grotesque et sérieux d’Edgar Poe (Le Système du docteur Goudron et du professeur Plume). Auteur que Bloch admirait au point d’avoir achevé , dix ans plus tôt, l’unique conte inachevé de Poe : Le Phare. Bloch louche ici également du côté de l’expressionnisme allemand puisqu’il venait d’adapter au cinéma une nouvelle version du Cabinet du docteur Caligari en 1962 et il reprendra encore le thème en 1972 dans l’excellent Asylum réalisé par Roy Ward Baker. Le grand acteur Ray Milland venait de tourner en vedette L’Enterré vivant, un des meilleurs films fantastiques de la série Edgar Poe réalisée par Roger Corman, et L’Horrible cas du docteur X du même Corman. La vedette féminine Claire Griswold joue remarquablement : elle tourna une vingtaine de téléfilms avant d’épouser le cinéaste Sidney Pollack, mettant volontairement fin à sa carrière qui s’annonçait pourtant prometteuse. Musique de cet épisode composée par Bernard Herrmann, le compositeur favori de Hitchcock à l’époque et qui signe les partitions de 6 épisodes de cette saison.

2.02 - A Nice Touch (VOSTF) de Joseph Pevney, scénario et histoire de Mann Rubin, avec Ann Baxter, George Segal, Charlene Holt, etc. Un sujet digne de Robert Aldrich : un acteur arriviste séduit une agente réputée puis lui demande de tuer son époux alcoolique. Le scénario de Rubin est tiré de sa nouvelle parue dans un n° du Alfred Hitchcock Magazine. Casting mélangeant stars confirmées des années 1940-1950 (ici Ann Baxter) d’une part, jeunes stars « montantes » des années 1960 d’autre part (ici George Segal), comme souvent dans cette série. Le travail sur la structure du scénario, constituée de retours en arrières alternant avec l’action présente, est très soigné et le suspense impressionnant. La fin avec la révélation du mariage (épouse jouée par Charlène Holt) offre un retournement intéressant mais le second retournement révélé oralement par Hitchcock (par le texte qu’il lit, rédigé par un autre que lui, pour être plus exact et comme notre lecteur s’en souvient, s’il a lu attentivement notre introduction à l’ensemble de la série) après la fin de l’épisode, est totalement invraisemblable.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

2.03 - Terror at Northfield (VOSTF) de Harvey Hart, scénario de Leigh Brackett d’après une histoire de Ellery Queen, avec Dick York, Jacqueline Scott, R.G. Armstrong, etc. La mort accidentelle d’un enfant provoque, dans une petite ville, une série de meurtres dictés par l’idée d’une vengeance divine. Scénario inspiré par une critique du calvinisme fondamentaliste. Jacqueline Scott avait alors un genre de beauté originale, assez sensuelle, et elle maintient la tension dans certaines scènes de terreur, bien filmées. Dick York assez bon en shérif pressentant l’indicible, loin de son célèbre rôle comique de « Jean-Pierre », le mari dans la série TV Ma Sorcière bien-aimée. Musique de cet épisode composée par Bernard Herrmann.

2.04 - You’ll Be the Death of Me (VOSTF) de Robert Douglas, scénario de William D. Gordon d’après une histoire de Anthony Gilbert, avec Robert Loggia, Sondra Blake, Pilar Seurat, Carmen Phillips, Barry Atwater, Kathleen Freeman, etc. De retour au pays natal, dans une ferme isolée, en compagnie de son épouse asiatique, un ancien pilote qu’on suppose ancien combattant (guerre de Corée ou guerre d’Indochine renommée par la suite guerre du Viêt-Nam : étant donné que nous sommes en 1963, les deux hypothèses sont plausibles) est désiré par une allumeuse qui fut autrefois son amante. Les conséquences sont meurtrières. Suspense très cruel qui ne laisse pas une minute de répit au héros de ce qu’on peut considérer comme une tragédie au sens grec antique du terme. Assez étonnant, au total, d’autant plus que presque la moitié des plans sont tournés en extérieurs et restituent bien l’impression physique de la solitude campagnarde, de l’isolement physique, ce qui est inhabituel dans une série majoritairement urbaine mais qui peut offrir des épisodes ruraux plastiquement souvent beaux. Bonne interprétation, notamment de Pilar Seurat, de son véritable nom Rita Hernandez, née aux Philippines.

2.05 - Blood Bargain (VOSTF) de Bernard Girard, scénario de Henry Slesar d’après son histoire, avec Albert Salmi, Anne Francis, Ed Nelson, Barney Martin. Anne Francis (Planète interdite) surprenante en femme fatale paralysée mais toujours aussi belle. Cruel retournement final de situation, suspense bien mis en scène en dépit du fait que l’argument de l’intrigue (la sentimentalité d’un tueur à gage) soit difficilement crédible. Peter Graves, crédité en vedette au casting par le dossier de presse, est absent de ce téléfilm.

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2.06 - Nothing Ever Happens in Linvale (VOSTF) de H. Daugherty, scénario de R. Levinson, W. Link, R. Twohy, avec Gary Merrill, Phyllis Thaxter, Fess Parker, George Furth, etc. Une variation originale et intelligente sur le sujet de Rear Window (Fenêtre sur cour) dont l’action ne se passe plus à New York mais dans une petite cité provinciale. Musique de cet épisode composée par Bernard Herrmann. Excellente interprétation comme d’habitude et suspense rigoureusement orchestré. Deux retournements successifs de situation, amusants et cruels à la fois.

2.07 - Starring the Defense (VOSTF) de Joseph Pevney, scénario de Henry Slesar d’après son histoire, avec Richard Basehart, Russell Collins, etc. Curieuse histoire d’un acteur devenu avocat et décidé à « jouer » pour sauver la vie de son fils, coupable de meurtre et passible de la peine de mort. Joseph Pevney, émule de Tod Browning, s’intéresse au rapport fiction-réalité, comme il s’y était intéressé dans sa biographie filmée de Lon Chaney, mentionnée plus haut dans la notice sur l’épisode 1.13. C’est la projection d’un ancien film (au titre inconnu mais il est probable qu’il s’agisse d’un film fictif) au juge qui constitue le noeud dramatique de l’action. Jean Hale intéressante en jeune fille fatale, sexy et vulgaire mais (trop) brièvement exploitée.

2.08 - The Cadaver (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de James Bridges d’après une histoire de Robert Arthur, avec Michael Parks, Ruth McDevitt, Joby Baker, etc. Encore une mise en garde (sévère et assez gratinée) contre l’alcoolisme mais aussi un scénario très original, un des plus originaux de cette saison 2. On ne peut pas s’empêcher de penser à l’affaire Burke et Hare lorsqu’on se retrouve face à une telle histoire mais son argument est presque inversé : c’est le retrait physique d’un cadavre de la morgue médicale qui provoque la chute des protagonistes, alors que Burke et Hare étaient, à l’inverse, des pourvoyeurs. Mise en scène dynamique, une des meilleures signées par Kjellin. Excellente interprétation, notamment celle de Michael Parks dans le rôle de l’étudiant alcoolique.

2.09 - The Dividing Wall (VOSTF) de Bernard Girard, scénario de Joel Murcott d’après une histoire de George Bellak, avec James Gregory, Katharine Ross, Norman Fell, Chris Robinson. Un thème de film noir classique : trois voleurs dérobent un coffret-fort mais dedans se trouve quelque chose d’imprévu. Hommage au Kiss Me Deadly (En Quatrième vitesse) de Robert Aldrich ? Bien sûr ! Mais aussi thème inspirée par la science-fiction atomique des années 1955. James Gregory venait de jouer un curieux rôle d’homme politique en partie infantile dans The Manchurian Candidate (Un Crime dans la tête) de John Frankenheimer. Norman Fell sera l’année suivante un savoureux gangster dans The Killers (A bout portant) version Don Siegel.

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2.10 - Au revoir, Georges (Good-Bye, George) (VF+VOSTF) de Robert Stevens, scénario de William Fay d’après une histoire de Robert Arthur, avec Robert Culp, Patricia Barry, Elliot Reid, etc. Une actrice, sur le point de recevoir un Oscar, voit débarquer son ancien époux qu’elle croyait décédé : il a passé 5 ans en prison et vient réclamer sa part des cachets touchés par son épouse. Elle le tue alors qu’il l’agresse. Son imprésario organise alors une audacieuse opération pour faire disparaître le cadavre. L’argument du scénario est digne de Aldrich et son traitement constitue une chronique acide et critique de plus d’Hollywood vue par elle-même. Suspense millimétré et amusant retournement final de situation. Patricia Barry très sexy. Robert Culp excellent. Seul épisode de cette saison 2 ayant été télédiffusé en France et donc le seul doublé en VF d’époque.

2.11 - How to Get Rid of Your Wife (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de Robert Gould, avec Joyce Jameson, Bob Newhart, Jane Withers, Mary Scott. Comédie acide qui se referme comme un piège presque tragique sur le protagoniste principal, voyant la danseuse qui aurait pu changer sa vie lui échapper à jamais. Tourné (très ironiquement et une ironie du plus beau noir, faut-i ajouter) dans la maison-décor de Leave It To Beaver, une série familiale bon enfant assez célèbre aux USA entre 1957 et 1963. Avec Joyce Jameson en danseuse, la blonde sexy vue cette même année 1963 en vedette féminine dans Comedy of Terrors de Jacques Tourneur et en 1962 dans l’un des trois sketches (celui du Chat noir) constituant les Tales of Terror (L’Empire de la terreur) de Roger Corman d’après Edgar Poe.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

2.12 - Three Wives Too Many (VOSTF) de Joseph M. Newman, scénario de Arthur Ross d’après une histoire originale de Kenneth Fearing, avec Theresa Wright, Dan Duryea, Linda Lawson, Jean Hale. Un femme découvre que son époux est marié simultanément à plusieurs autres femmes. Elle décide de s’assurer l’exclusivité de son mari. Casting de haute volée pour un scénario démentiel, allant bien plus loin et bien plus vite (durée TV réduite obligeant), à partir d’un thème identique, que celui du Bigamist de Ida Lupino, en son temps. Ross avait été l’un des scénaristes de L’Etrange créature du lac noir, dix ans plus tôt. Theresa Whright, la quarantaine sexy assez inattendue pour le spectateur français qui ne la connaît que dans ses rôles de jeunes filles chez Hitchcock et Wyler dans les années 1940, et Dan Duryea, sorte de Fred Astair démoniaque du film noir américain, forment un couple ahurissant dans cette comédie macabre au titre évoquant un peu A Letter To Three Wives (Chaînes conjugales) de J.L. Manckiewicz. Les actrices Jean Hale (seconde épouse du héros, dans l’ordre d’apparition) et Linda Lawson (troisième épouse) sont d’un érotisme alors ravageur que le scénario donne à peine le temps de goûter.

2.13 - The Magic Shop (VOSTF) de Robert Stevens, scénario de John Collier et James Parrish d’après une histoire de H.G. Wells, avec Leslie Nielsen, Peggy McCay, John Megna, David Opatoshu, etc. Un des rares épisodes de la série mettant en scène un élément franchement surnaturel, d’après l’écrivain anglais classique H.G. Wells, le romancier auteur de L’Homme invisible, L’île du docteur Moreau, La Machine à explorer le temps. Leslie Nielsen excellent en père découvrant une quatrième dimension qui transforme son fils en sorcier le détenant bientôt prisonnier, sous la terreur. David Opatoshu (qui jouait le rôle du passeur dans Le Rideau déchiré de Hitchtcock) étonnant en magicien-sorcier.

2.14 - Beyond the Sea of Death (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de William D. Gordon et Alfred Hayes d’après une histoire originale de Miriam Allen DeFord, avec Mildred Dunnock, Diana Hyland, Jeremy Slate, Abraham Sofaer, etc. Le titre s’explique non seulement parce que l’action, assez étonnante, se passe à un moment en Bolivie (mais on ne la voit pas à l’écran) mais aussi parce qu’il fait référence, citée dans le texte, à un fragment d’un poème de Christina Rosseti. En dépit d’une structure élaborée façon « cinéma » qui raconte presque les trois quarts de l’histoire en flash-back, en dépit de certains efforts syntaxiques, en dépit de Mildred Dunnock excellente en femme prudente, pratique, refusant l’envoûtement de sa pupille, l’épisode est assez artificiel. Lorsqu’on voit Abraham Sofaer déguisé en Indien enturbanné, on a l’impression de se retrouver dans une production Universal des années 1940 et on se doute que quelque chose ne tourne forcément pas rond. La musique de Hermann n’a, en dépit de ce qu’on lit parfois au sujet de cet épisode sur les forums cinéphiles américains, guère de rapport avec celle de Vertigo (Sueurs froides). En revanche il est exact que l’actrice Diana Hyland a un petit côté Grace Kelly. On sait qu’Hitchcock réalisateur comme producteur, appréciait ce genre de beautés.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

2.15 - Night Caller (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de Gabrielle Upton et Robert Westerby d’après une histoire de G. Upton, avec Felicia Farr, Bruce Dern, David White, Leslie Barringer, etc. Une femme infidèle bronze demie-nue dans son jardin alors qu’elle prend rendez-vous au téléphone avec son amant. Mais un jeune voisin devient témoin par hasard de sa conversation et la terrifie progressivement sans qu’on s’en explique, au départ, la raison. L’acteur Bruce Dern jouait cette année-là un petit rôle dans un film noir très psychanalytique de Hitchcock, Marnie (Pas de printemps pour Marnie) et un rôle un peu plus dense (mais encore assez bref car il se faisait tuer à coup de hachoir peu de temps après le début) pour Robert Aldrich dans son thriller psychologique Chut… chut, chère Charlotte ! Excellent épisode, au suspense constant : chute cruelle et impressionnante, touchant presque au fantastique. Felicia Farr déploie un érotisme, comme d’habitude, ravageur. Une pointe de dénonciation calviniste de cet érotisme par le discours final que lui tient le personnage joué par Dern, érotisme « puni » par le destin d’une double manière.

2.16 - The Evil of Adelaide Winters(7 février 1964 VOSTF) de Laslo Benedek, scénario de Arthur A. Ross d’après sa pièce radiophonique, avec Kim Hunter, John Larkin, Gene Lyons, Sheila Bromley. Un thème déjà traité dans l’histoire du film noir américain : celui de la parapsychologie et du charlatanisme. Sociologiquement intéressant car témoignant de l’exploitation de la crédulité de certains parents de soldats américains tués durant la Seconde guerre mondiale. Le thème de l’escroquerie au spiritisme a été traité d’une manière toute différente dans l’épisode Beyond the Sea of Death mais on les trouve tous deux rassemblés, en raison de la chronologie qui est la règle d’édition vidéo, sur le même DVD du volume 1 de cette saison 2. Kim Hunter est assez étonnante. Mise en scène solide, épisode bien écrit. Quelques effets efficaces de style rehaussent le classicisme de la syntaxe d’une mise en scène signée par un cinéaste important des années 1950.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

Présentation - 4,0 / 5

1 coffret DVD Pal zone 2 Elephant, édité le 20 janvier 2016. Durée totale : 800 minutes ou 13H20 comprenant 4 DVD-9 + 1 DVD-5 contenant les 16 premiers épisodes télédiffusés de septembre 1963 à juillet 1964. Image 1.37 N&B, son VOSTF et VF d’époque mono. Suppléments : présentation de la série et des épisodes par Jean-François Rauger, livret illustré signé Jean Douchet, galerie photos, bandes annonces.

Bonus - 5,0 / 5

Outre un livret illustré constituant un commode aide-mémoire (20 pages) et une mignonne galerie photos N&B et quelques bandes-annonces, Jean-François Rauger a assuré la caution cinéphilique de l’entreprise en présentant la série d’une part, la saison d’autre part (entre 10 et 20 minutes selon les cas) et en permettant que 4 chapitres de son livre, L’Oeil domestique, Alfred Hitchcock et la télévision (éditions Rouge profond, l’éditeur qui édite déjà les 3 premiers tomes d’une intégrale revue et augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique) soient utilisés par les livrets illustrés qui présentent (très succinctement) chaque épisode. On y apprend, par exemple, que Shamley productions, société fondée en 1955 aux USA par Hitchcock pour la production de cette série, reprend le nom d’un village du Sud de Londres où son épouse et lui avaient acheté une maison de campagne en 1928.

Lancée sur la chaîne de TV américaine CBS le dimanche 2 octobre 1955 à 21H30 sous le titre Alfred Hitchcock presents, accompagnée de la célèbre petite mélodie Marche funèbre d’une marionnette composée en 1872 par Charles Gounod, cette série TV dura 7 saisons de 39 histoires (268 histoires au total car la quatrième saison ne comportait que 36 histoires au lieu de 39) constituant chacune un moyen métrage autonome durant environ 25 ou 26 minutes, en général tourné en 3 jours. En 1957, une saison concurrente nommée Suspicion fut lancée par la chaîne NBC : Shamley production et Hitchcock en produisirent également les épisodes, Hitchcock en tourna même un lui-même mais ils étaient présentés par l’acteur Dennis O’Keefe. Quant à la série CBS originale, elle changea de nom en 1962 et devint The Alfred Hitchcock Hour parce que la durée des épisodes augmenta, passant à environ 50 ou 52 minutes (selon les différentes durées vidéo PAL ou NTSC, selon aussi qu’il s’agit de DVD ou de Blu-ray). Ils furent en général tournés en 6 jours. Cette nouvelle série comporta 3 saisons successives. Selon qu’on calcule en partant de 1955 ou en partant de 1962, on peut les numéroter 8, 9, 10 ou bien 1, 2, 3. La série de ces 3 saisons The Alfred Hitchcock Hour fut connue en France sous le titre générique de… Suspicion qu’il ne faut surtout pas confondre avec la série NBC. Ce sont ces 3 dernières saisons 1962 à 1965 qui constituent l’intégrale de ce coffret The Alfred Hitchcock Hour ((saison 1 = 32 histoires) + (saison 2 = 32 histoires) + (saison 3 = 29 histoires) = donc, au total, 93 histoires).

Comme c’était son habitude depuis 1955, Alfred Hitchcock présentait et commentait in fine ces histoires. Ces présentations et commentaires qu’il n’avait pas le temps de rédiger lui-même, étaient écrits par un certain James B. Allardice. Ils constituent aujourd’hui, à mon avis, le point souvent faible de la série : je ne partage donc pas l’avis élogieux de Jean-François Rauger en ce qui les concerne, à de rares exceptions près que je signale dans les notices critiques. Hitchcok signa lui-même la mise en scène d’une vingtaine d’histoires (notamment la toute première de la première saison en 1955 : Revenge) entre 1955 et 1962 inclus. La majorité de ses contributions personnelles dure donc 26 minutes mais certaines durent aussi 52 minutes : elles avaient été éditées en coffret par Universal mais malheureusement pas classées dans l’ordre historique chronologique de production. Elephant restitue chacun de ces épisodes à sa place chronologique correcte au sein de l’intégralité enfin rééditée.

On se souvient que Psycho(Psychose) (USA 1960) d’Alfred Hitchcock avait été tourné dans des conditions assez proches de celles d’un moyen métrage de cette série, au point qu’on peut le considérer aujourd’hui rétrospectivement comme une sorte de porte-étendard. Le cinéphile francophone qui admire Psychose ne pouvait que souhaiter découvrir la totalité de sa série matricielle. Son examen révèle qu’elle entretient des liens parfois encore plus étroits qu’on pouvait le penser avec ce chef-d’oeuvre.

Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Intégrale saison 2 - Volume 1

Image - 4,0 / 5

L’ensemble est au format original 1.37 N&B compatible 4/3 : les copies sont parfaitement nettoyées, les numérisations soignées, seules d’éventuelles poussières négatives ou positives subsistent sur un ou deux plans. Le bruit vidéo se manifeste parfois aussi sur des marches d’escaliers ou des stores mais il est, en règle générale, assez bien contrôlé bien qu’il ne s’agisse que de DVD standards. Une suggestion : à présent que l’intégralité de la série est disponible en DVD standard, il faudrait songer, en raison de son importance, à préparer une édition Blu-ray Full HD et même à une édition Blu-ray UHD 4K.

Son - 4,0 / 5

Le son est du mono 2.0 parfaitement nettoyé lui aussi, qu’il s’agisse des VOSTF ou des VF. Quelques erreurs ou coquilles, parfois des fautes de syntaxe ou un vocabulaire argotique récent substitué à l’argot original américain de l’époque, peuvent être relevés dans les STF mais, sur une telle quantité de disque, c’est presque inévitable : l’ensemble est cependant assez bien traduit, en règle générale. Les VF, lorsqu’elles existent, sont soignées pour l’époque, aux normes cinéma et souvent très savoureuses.

Crédits images : © Eléphant Films

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
Avis
Multimédia
Alfred Hitchcock présente - Les inédits - Saison 2, vol. 1, épisodes 1 à 16
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