Réalisé par Herschel Daugherty
Avec
Alfred Hitchcock, Ray Milland et Anne Baxter
Édité par Elephant Films
Ces 3 dernières saisons de 1962 à 1965 sont nommées Alfred Hitchcock présente : les Inédits (The Alfred Hitchcock Hour) en raison de la durée d’une heure des 93 téléfilms qui la composent (concernant leur appellation américaine), en raison aussi du fait que la très grands majorité de ces histoires était inédite en France jusqu’à présent. L’ensemble est passionnant, historiquement comme esthétiquement.
Voici la critique de l’intégralité des 16 premiers épisodes de cette saison 2.
Ils sont numérotés par l’éditeur dans leur ordre chronologique de présentation télévisée, ce qui donne à l’ensemble une remarquable valeur d’histoire du cinéma. Précisons à nouveau que certains titres (peu nombreux) ne sont pas inédits puisqu’ils sont dotés d’une VF d’époque et d’un titre d’exploitation TV français, ce dernier étant mentionné, lorsqu’il existe, avant le titre original américain. Mais il s’agit, encore une fois, d’une infime minorité de titres. La majorité, à savoir les titres présentés seulement en VOSTF, était bel et bien inédite chez nous. Le n° de la saison précède le n° de l’épisode, suivi de son titre américain (de son titre français entre crochets lorsqu’il fut télédiffusé chez nous), des noms du réalisateur, du scénariste et / ou de l’écrivain adapté, celui des vedettes masculines et féminines, suivis d’une notice historique et critique.
SAISON 2, VOLUME 1 (septembre 1963 à février 1964)
2.01 – A Home Away from Home ( 27 septembre 1963
VOSTF) de H. Daugherty, scénario Robert Bloch d’après une
histoire originale de Robert Bloch, avec Ray Milland, Claire
Griswold, Mary LaRoche, Virginia Gregg, etc. La jeune parente
du directeur d’un asile d’aliénés, venue lui rendre visite
pour la première fois de sa vie, comprend progressivement que
ces derniers ont pris le pouvoir dans l’établissement, à la
faveur d’un meurtre. Bloch signe ici une adaptation libre d’un
conte grotesque et sérieux d’Edgar Poe (Le Système
du docteur Goudron et du professeur Plume). Auteur que
Bloch admirait au point d’avoir achevé , dix ans plus tôt,
l’unique conte inachevé de Poe : Le Phare. Bloch louche
ici également du côté de l’expressionnisme allemand puisqu’il
venait d’adapter au cinéma une nouvelle version du Cabinet
du docteur Caligari en 1962 et il reprendra encore le
thème en 1972 dans l’excellent Asylum réalisé par Roy
Ward Baker. Le grand acteur Ray Milland venait de tourner en
vedette L’Enterré vivant, un des meilleurs films
fantastiques de la série Edgar Poe réalisée par Roger Corman,
et L’Horrible cas du docteur X du même Corman. La
vedette féminine Claire Griswold joue remarquablement : elle
tourna une vingtaine de téléfilms avant d’épouser le cinéaste
Sidney Pollack, mettant volontairement fin à sa carrière qui
s’annonçait pourtant prometteuse. Musique de cet épisode
composée par Bernard Herrmann, le compositeur favori de
Hitchcock à l’époque et qui signe les partitions de 6 épisodes
de cette saison.
2.02 - A Nice Touch (VOSTF) de
Joseph Pevney, scénario et histoire de Mann Rubin, avec Ann
Baxter, George Segal, Charlene Holt, etc. Un sujet digne de
Robert Aldrich : un acteur arriviste séduit une agente réputée
puis lui demande de tuer son époux alcoolique. Le scénario de
Rubin est tiré de sa nouvelle parue dans un n° du Alfred
Hitchcock Magazine. Casting mélangeant stars confirmées
des années 1940-1950 (ici Ann Baxter) d’une part, jeunes stars
« montantes » des années 1960 d’autre part (ici George Segal),
comme souvent dans cette série. Le travail sur la structure du
scénario, constituée de retours en arrières alternant avec
l’action présente, est très soigné et le suspense
impressionnant. La fin avec la révélation du mariage (épouse
jouée par Charlène Holt) offre un retournement intéressant
mais le second retournement révélé oralement par Hitchcock
(par le texte qu’il lit, rédigé par un autre que lui, pour
être plus exact et comme notre lecteur s’en souvient, s’il a
lu attentivement notre introduction à l’ensemble de la série)
après la fin de l’épisode, est totalement
invraisemblable.
2.03 - Terror at Northfield
(VOSTF) de Harvey Hart, scénario de Leigh Brackett d’après une
histoire de Ellery Queen, avec Dick York, Jacqueline Scott,
R.G. Armstrong, etc. La mort accidentelle d’un enfant
provoque, dans une petite ville, une série de meurtres dictés
par l’idée d’une vengeance divine. Scénario inspiré par une
critique du calvinisme fondamentaliste. Jacqueline Scott avait
alors un genre de beauté originale, assez sensuelle, et elle
maintient la tension dans certaines scènes de terreur, bien
filmées. Dick York assez bon en shérif pressentant
l’indicible, loin de son célèbre rôle comique de
« Jean-Pierre », le mari dans la série TV Ma Sorcière
bien-aimée. Musique de cet épisode composée par Bernard
Herrmann.
2.04 - You’ll Be the Death of Me (VOSTF)
de Robert Douglas, scénario de William D. Gordon d’après une
histoire de Anthony Gilbert, avec Robert Loggia, Sondra Blake,
Pilar Seurat, Carmen Phillips, Barry Atwater, Kathleen
Freeman, etc. De retour au pays natal, dans une ferme isolée,
en compagnie de son épouse asiatique, un ancien pilote qu’on
suppose ancien combattant (guerre de Corée ou guerre
d’Indochine renommée par la suite guerre du Viêt-Nam : étant
donné que nous sommes en 1963, les deux hypothèses sont
plausibles) est désiré par une allumeuse qui fut autrefois son
amante. Les conséquences sont meurtrières. Suspense très cruel
qui ne laisse pas une minute de répit au héros de ce qu’on
peut considérer comme une tragédie au sens grec antique du
terme. Assez étonnant, au total, d’autant plus que presque la
moitié des plans sont tournés en extérieurs et restituent bien
l’impression physique de la solitude campagnarde, de
l’isolement physique, ce qui est inhabituel dans une série
majoritairement urbaine mais qui peut offrir des épisodes
ruraux plastiquement souvent beaux. Bonne interprétation,
notamment de Pilar Seurat, de son véritable nom Rita
Hernandez, née aux Philippines.
2.05 - Blood
Bargain (VOSTF) de Bernard Girard, scénario de Henry
Slesar d’après son histoire, avec Albert Salmi, Anne Francis,
Ed Nelson, Barney Martin. Anne Francis (Planète
interdite) surprenante en femme fatale paralysée mais
toujours aussi belle. Cruel retournement final de situation,
suspense bien mis en scène en dépit du fait que l’argument de
l’intrigue (la sentimentalité d’un tueur à gage) soit
difficilement crédible. Peter Graves, crédité en vedette au
casting par le dossier de presse, est absent de ce
téléfilm.
2.06 - Nothing Ever Happens in Linvale
(VOSTF) de H. Daugherty, scénario de R. Levinson, W. Link, R.
Twohy, avec Gary Merrill, Phyllis Thaxter, Fess Parker, George
Furth, etc. Une variation originale et intelligente sur le
sujet de Rear Window (Fenêtre sur cour) dont l’action
ne se passe plus à New York mais dans une petite cité
provinciale. Musique de cet épisode composée par Bernard
Herrmann. Excellente interprétation comme d’habitude et
suspense rigoureusement orchestré. Deux retournements
successifs de situation, amusants et cruels à la
fois.
2.07 - Starring the Defense (VOSTF) de Joseph
Pevney, scénario de Henry Slesar d’après son histoire, avec
Richard Basehart, Russell Collins, etc. Curieuse histoire d’un
acteur devenu avocat et décidé à « jouer » pour sauver la vie
de son fils, coupable de meurtre et passible de la peine de
mort. Joseph Pevney, émule de Tod Browning, s’intéresse au
rapport fiction-réalité, comme il s’y était intéressé dans sa
biographie filmée de Lon Chaney, mentionnée plus haut dans la
notice sur l’épisode 1.13. C’est la projection d’un ancien
film (au titre inconnu mais il est probable qu’il s’agisse
d’un film fictif) au juge qui constitue le noeud dramatique
de l’action. Jean Hale intéressante en jeune fille fatale,
sexy et vulgaire mais (trop) brièvement exploitée.
2.08 -
The Cadaver (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de James
Bridges d’après une histoire de Robert Arthur, avec Michael
Parks, Ruth McDevitt, Joby Baker, etc. Encore une mise en
garde (sévère et assez gratinée) contre l’alcoolisme mais
aussi un scénario très original, un des plus originaux de
cette saison 2. On ne peut pas s’empêcher de penser à
l’affaire Burke et Hare lorsqu’on se retrouve face à une telle
histoire mais son argument est presque inversé : c’est le
retrait physique d’un cadavre de la morgue médicale qui
provoque la chute des protagonistes, alors que Burke et Hare
étaient, à l’inverse, des pourvoyeurs. Mise en scène
dynamique, une des meilleures signées par Kjellin. Excellente
interprétation, notamment celle de Michael Parks dans le rôle
de l’étudiant alcoolique.
2.09 - The Dividing Wall
(VOSTF) de Bernard Girard, scénario de Joel Murcott d’après
une histoire de George Bellak, avec James Gregory, Katharine
Ross, Norman Fell, Chris Robinson. Un thème de film noir
classique : trois voleurs dérobent un coffret-fort mais dedans
se trouve quelque chose d’imprévu. Hommage au Kiss Me
Deadly (En Quatrième vitesse) de Robert Aldrich ? Bien sûr
! Mais aussi thème inspirée par la science-fiction atomique
des années 1955. James Gregory venait de jouer un curieux rôle
d’homme politique en partie infantile dans The Manchurian
Candidate (Un Crime dans la tête) de John Frankenheimer.
Norman Fell sera l’année suivante un savoureux gangster dans
The Killers (A bout portant) version Don
Siegel.
2.10 - Au revoir, Georges (Good-Bye,
George) (VF+VOSTF) de Robert Stevens, scénario de William
Fay d’après une histoire de Robert Arthur, avec Robert Culp,
Patricia Barry, Elliot Reid, etc. Une actrice, sur le point
de recevoir un Oscar, voit débarquer son ancien époux qu’elle
croyait décédé : il a passé 5 ans en prison et vient réclamer
sa part des cachets touchés par son épouse. Elle le tue alors
qu’il l’agresse. Son imprésario organise alors une audacieuse
opération pour faire disparaître le cadavre. L’argument du
scénario est digne de Aldrich et son traitement constitue une
chronique acide et critique de plus d’Hollywood vue par
elle-même. Suspense millimétré et amusant retournement final
de situation. Patricia Barry très sexy. Robert Culp excellent.
Seul épisode de cette saison 2 ayant été télédiffusé en France
et donc le seul doublé en VF d’époque.
2.11 - How to
Get Rid of Your Wife (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de
Robert Gould, avec Joyce Jameson, Bob Newhart, Jane Withers,
Mary Scott. Comédie acide qui se referme comme un piège
presque tragique sur le protagoniste principal, voyant la
danseuse qui aurait pu changer sa vie lui échapper à jamais.
Tourné (très ironiquement et une ironie du plus beau noir,
faut-i ajouter) dans la maison-décor de Leave It To Beaver,
une série familiale bon enfant assez célèbre aux USA entre
1957 et 1963. Avec Joyce Jameson en danseuse, la blonde sexy
vue cette même année 1963 en vedette féminine dans Comedy
of Terrors de Jacques Tourneur et en 1962 dans l’un des
trois sketches (celui du Chat noir) constituant les
Tales of Terror (L’Empire de la terreur) de Roger
Corman d’après Edgar Poe.
2.12 - Three Wives Too
Many (VOSTF) de Joseph M. Newman, scénario de Arthur Ross
d’après une histoire originale de Kenneth Fearing, avec
Theresa Wright, Dan Duryea, Linda Lawson, Jean Hale. Un femme
découvre que son époux est marié simultanément à plusieurs
autres femmes. Elle décide de s’assurer l’exclusivité de son
mari. Casting de haute volée pour un scénario démentiel,
allant bien plus loin et bien plus vite (durée TV réduite
obligeant), à partir d’un thème identique, que celui du
Bigamist de Ida Lupino, en son temps. Ross avait été
l’un des scénaristes de L’Etrange créature du lac noir,
dix ans plus tôt. Theresa Whright, la quarantaine sexy assez
inattendue pour le spectateur français qui ne la connaît que
dans ses rôles de jeunes filles chez Hitchcock et Wyler dans
les années 1940, et Dan Duryea, sorte de Fred Astair
démoniaque du film noir américain, forment un couple
ahurissant dans cette comédie macabre au titre évoquant un peu
A Letter To Three Wives (Chaînes conjugales) de J.L.
Manckiewicz. Les actrices Jean Hale (seconde épouse du héros,
dans l’ordre d’apparition) et Linda Lawson (troisième épouse)
sont d’un érotisme alors ravageur que le scénario donne à
peine le temps de goûter.
2.13 - The Magic Shop
(VOSTF) de Robert Stevens, scénario de John Collier et James
Parrish d’après une histoire de H.G. Wells, avec Leslie
Nielsen, Peggy McCay, John Megna, David Opatoshu, etc. Un des
rares épisodes de la série mettant en scène un élément
franchement surnaturel, d’après l’écrivain anglais classique
H.G. Wells, le romancier auteur de L’Homme invisible, L’île
du docteur Moreau, La Machine à explorer le temps. Leslie
Nielsen excellent en père découvrant une quatrième dimension
qui transforme son fils en sorcier le détenant bientôt
prisonnier, sous la terreur. David Opatoshu (qui jouait le
rôle du passeur dans Le Rideau déchiré de Hitchtcock)
étonnant en magicien-sorcier.
2.14 - Beyond the Sea of
Death (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de William D. Gordon
et Alfred Hayes d’après une histoire originale de Miriam Allen
DeFord, avec Mildred Dunnock, Diana Hyland, Jeremy Slate,
Abraham Sofaer, etc. Le titre s’explique non seulement parce
que l’action, assez étonnante, se passe à un moment en Bolivie
(mais on ne la voit pas à l’écran) mais aussi parce qu’il fait
référence, citée dans le texte, à un fragment d’un poème de
Christina Rosseti. En dépit d’une structure élaborée façon
« cinéma » qui raconte presque les trois quarts de l’histoire
en flash-back, en dépit de certains efforts syntaxiques, en
dépit de Mildred Dunnock excellente en femme prudente,
pratique, refusant l’envoûtement de sa pupille, l’épisode est
assez artificiel. Lorsqu’on voit Abraham Sofaer déguisé en
Indien enturbanné, on a l’impression de se retrouver dans une
production Universal des années 1940 et on se doute que
quelque chose ne tourne forcément pas rond. La musique de
Hermann n’a, en dépit de ce qu’on lit parfois au sujet de cet
épisode sur les forums cinéphiles américains, guère de rapport
avec celle de Vertigo (Sueurs froides). En revanche il
est exact que l’actrice Diana Hyland a un petit côté Grace
Kelly. On sait qu’Hitchcock réalisateur comme producteur,
appréciait ce genre de beautés.
2.15 - Night Caller
(VOSTF) de A. Kjellin, scénario de Gabrielle Upton et Robert
Westerby d’après une histoire de G. Upton, avec Felicia Farr,
Bruce Dern, David White, Leslie Barringer, etc. Une femme
infidèle bronze demie-nue dans son jardin alors qu’elle prend
rendez-vous au téléphone avec son amant. Mais un jeune voisin
devient témoin par hasard de sa conversation et la terrifie
progressivement sans qu’on s’en explique, au départ, la
raison. L’acteur Bruce Dern jouait cette année-là un petit
rôle dans un film noir très psychanalytique de Hitchcock,
Marnie (Pas de printemps pour Marnie) et un rôle un peu
plus dense (mais encore assez bref car il se faisait tuer à
coup de hachoir peu de temps après le début) pour Robert
Aldrich dans son thriller psychologique Chut… chut, chère
Charlotte ! Excellent épisode, au suspense constant :
chute cruelle et impressionnante, touchant presque au
fantastique. Felicia Farr déploie un érotisme, comme
d’habitude, ravageur. Une pointe de dénonciation calviniste de
cet érotisme par le discours final que lui tient le personnage
joué par Dern, érotisme « puni » par le destin d’une double
manière.
2.16 - The Evil of Adelaide Winters(7
février 1964 VOSTF) de Laslo Benedek, scénario de Arthur A.
Ross d’après sa pièce radiophonique, avec Kim Hunter, John
Larkin, Gene Lyons, Sheila Bromley. Un thème déjà traité dans
l’histoire du film noir américain : celui de la
parapsychologie et du charlatanisme. Sociologiquement
intéressant car témoignant de l’exploitation de la crédulité
de certains parents de soldats américains tués durant la
Seconde guerre mondiale. Le thème de l’escroquerie au
spiritisme a été traité d’une manière toute différente dans
l’épisode Beyond the Sea of Death mais on les trouve
tous deux rassemblés, en raison de la chronologie qui est la
règle d’édition vidéo, sur le même DVD du volume 1 de cette
saison 2. Kim Hunter est assez étonnante. Mise en scène
solide, épisode bien écrit. Quelques effets efficaces de style
rehaussent le classicisme de la syntaxe d’une mise en scène
signée par un cinéaste important des années 1950.
1 coffret DVD Pal zone 2 Elephant, édité le 20 janvier 2016. Durée totale : 800 minutes ou 13H20 comprenant 4 DVD-9 + 1 DVD-5 contenant les 16 premiers épisodes télédiffusés de septembre 1963 à juillet 1964. Image 1.37 N&B, son VOSTF et VF d’époque mono. Suppléments : présentation de la série et des épisodes par Jean-François Rauger, livret illustré signé Jean Douchet, galerie photos, bandes annonces.
Outre un livret illustré constituant un commode aide-mémoire (20 pages) et une mignonne galerie photos N&B et quelques bandes-annonces, Jean-François Rauger a assuré la caution cinéphilique de l’entreprise en présentant la série d’une part, la saison d’autre part (entre 10 et 20 minutes selon les cas) et en permettant que 4 chapitres de son livre, L’Oeil domestique, Alfred Hitchcock et la télévision (éditions Rouge profond, l’éditeur qui édite déjà les 3 premiers tomes d’une intégrale revue et augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique) soient utilisés par les livrets illustrés qui présentent (très succinctement) chaque épisode. On y apprend, par exemple, que Shamley productions, société fondée en 1955 aux USA par Hitchcock pour la production de cette série, reprend le nom d’un village du Sud de Londres où son épouse et lui avaient acheté une maison de campagne en 1928.
Lancée sur la chaîne de TV américaine CBS le dimanche 2 octobre 1955 à 21H30 sous le titre Alfred Hitchcock presents, accompagnée de la célèbre petite mélodie Marche funèbre d’une marionnette composée en 1872 par Charles Gounod, cette série TV dura 7 saisons de 39 histoires (268 histoires au total car la quatrième saison ne comportait que 36 histoires au lieu de 39) constituant chacune un moyen métrage autonome durant environ 25 ou 26 minutes, en général tourné en 3 jours. En 1957, une saison concurrente nommée Suspicion fut lancée par la chaîne NBC : Shamley production et Hitchcock en produisirent également les épisodes, Hitchcock en tourna même un lui-même mais ils étaient présentés par l’acteur Dennis O’Keefe. Quant à la série CBS originale, elle changea de nom en 1962 et devint The Alfred Hitchcock Hour parce que la durée des épisodes augmenta, passant à environ 50 ou 52 minutes (selon les différentes durées vidéo PAL ou NTSC, selon aussi qu’il s’agit de DVD ou de Blu-ray). Ils furent en général tournés en 6 jours. Cette nouvelle série comporta 3 saisons successives. Selon qu’on calcule en partant de 1955 ou en partant de 1962, on peut les numéroter 8, 9, 10 ou bien 1, 2, 3. La série de ces 3 saisons The Alfred Hitchcock Hour fut connue en France sous le titre générique de… Suspicion qu’il ne faut surtout pas confondre avec la série NBC. Ce sont ces 3 dernières saisons 1962 à 1965 qui constituent l’intégrale de ce coffret The Alfred Hitchcock Hour ((saison 1 = 32 histoires) + (saison 2 = 32 histoires) + (saison 3 = 29 histoires) = donc, au total, 93 histoires).
Comme c’était son habitude depuis 1955, Alfred Hitchcock présentait et commentait in fine ces histoires. Ces présentations et commentaires qu’il n’avait pas le temps de rédiger lui-même, étaient écrits par un certain James B. Allardice. Ils constituent aujourd’hui, à mon avis, le point souvent faible de la série : je ne partage donc pas l’avis élogieux de Jean-François Rauger en ce qui les concerne, à de rares exceptions près que je signale dans les notices critiques. Hitchcok signa lui-même la mise en scène d’une vingtaine d’histoires (notamment la toute première de la première saison en 1955 : Revenge) entre 1955 et 1962 inclus. La majorité de ses contributions personnelles dure donc 26 minutes mais certaines durent aussi 52 minutes : elles avaient été éditées en coffret par Universal mais malheureusement pas classées dans l’ordre historique chronologique de production. Elephant restitue chacun de ces épisodes à sa place chronologique correcte au sein de l’intégralité enfin rééditée.
On se souvient que Psycho(Psychose) (USA 1960) d’Alfred Hitchcock avait été tourné dans des conditions assez proches de celles d’un moyen métrage de cette série, au point qu’on peut le considérer aujourd’hui rétrospectivement comme une sorte de porte-étendard. Le cinéphile francophone qui admire Psychose ne pouvait que souhaiter découvrir la totalité de sa série matricielle. Son examen révèle qu’elle entretient des liens parfois encore plus étroits qu’on pouvait le penser avec ce chef-d’oeuvre.
L’ensemble est au format original 1.37 N&B compatible 4/3 : les copies sont parfaitement nettoyées, les numérisations soignées, seules d’éventuelles poussières négatives ou positives subsistent sur un ou deux plans. Le bruit vidéo se manifeste parfois aussi sur des marches d’escaliers ou des stores mais il est, en règle générale, assez bien contrôlé bien qu’il ne s’agisse que de DVD standards. Une suggestion : à présent que l’intégralité de la série est disponible en DVD standard, il faudrait songer, en raison de son importance, à préparer une édition Blu-ray Full HD et même à une édition Blu-ray UHD 4K.
Le son est du mono 2.0 parfaitement nettoyé lui aussi, qu’il s’agisse des VOSTF ou des VF. Quelques erreurs ou coquilles, parfois des fautes de syntaxe ou un vocabulaire argotique récent substitué à l’argot original américain de l’époque, peuvent être relevés dans les STF mais, sur une telle quantité de disque, c’est presque inévitable : l’ensemble est cependant assez bien traduit, en règle générale. Les VF, lorsqu’elles existent, sont soignées pour l’époque, aux normes cinéma et souvent très savoureuses.
Crédits images : © Eléphant Films