Macbeth (2015) : le test complet du DVD

Réalisé par Justin Kurzel
Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard et David Thewlis

Édité par Studiocanal

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Le 03/05/2016
Critique

Macbeth

Au XIème siècle, en Écosse. Macbeth, chef des armées, sort victorieux de la guerre civile qui fait rage dans tout le pays. Sur son chemin, trois sorcières lui prédisent qu’il deviendra roi. Comme envoûtés par la prophétie, Macbeth et son épouse montent alors un plan machiavélique pour accéder au trône, jusqu’à en perdre la raison…

Macbeth, un des drames shakespeariens les plus joués, a été adapté moult fois pour l’écran. Pour la télévision, en 1983, sous la direction de Jack Gold, il est l’une des 37 productions de la Royal Shakespeare Company, une référence pour ceux attachés au respect scrupuleux de l’oeuvre. Toujours pour la télévision, dans le même esprit de fidélité à l’original, s’impose également la BBC Shakespeare Collection, composée, elle aussi, de plus d’une trentaine de DVD. Et, last but not least, vient la version réalisée et interprétée par Kenneth Branagh en 2013.

Pour le grand écran, les dialogues sont élagués, l’image prenant souvent le relais. La référence est le Macbeth d’Orson Welles, tourné en 1948 avec un budget de misère, loué par le critique André Bazin qui y voyait « un univers de préhistoire, non celle de nos ancêtres les Gaulois ou des Celtes, mais d’une préhistoire de la conscience à la naissance du temps et du péché, quand le ciel et la terre, l’eau et le feu, le bien et le mal ne sont point encore distinctement séparés. » Mais, en 1971, Roman Polanski réussit avec son Macbeth une adaptation sombre et violente, tournée essentiellement en extérieurs au Pays de Galles, remarquée pour sa beauté graphique et primée pour ses costumes. Il faut également citer la vision du drame par Akira Kurosawa dans son Le Château de l’araignée (Kumonosu jo, 1957), avec la mort de Toshiro Mifune, la gorge transpercée de plusieurs flèches, une image gravée dans la mémoire des cinéphiles.

Macbeth

Le Macbeth qui nous intéresse aujourd’hui est le deuxième long métrage de l’Australien Justin Kurzel après l’étonnant Les Crimes de Snowtown (Snowtown, 2011), une dérangeante descente vers l’horreur d’un fait divers.

Ce qui frappe immédiatement, c’est le travail sur la photo d’Adam Arkapaw (Top of the Lake, True Detective), notamment sur les couleurs. Froides dans la première partie du film, particulièrement dans les scènes en extérieur, elles passent au rouge dans le dernier quart, quand la forêt de Birnam s’embrase. Dans la pièce et les autres adaptations, la forêt se met en marche vers le château, signe annonciateur de la fin prochaine de Macbeth prédit par les sorcières.

Les deux scènes de bataille, celle qui ouvre le film et celle de l’assaut de la forteresse de Macbeth vers la fin du film, contiennent des séquences de ralentis poussés à l’extrême, jusqu’à ce que l’image en arrive à se figer en créant un effet qui fait ressortir, avec gros plans sur les visages, l’extrême violence des affrontements.

De plus, la brume envahit l’écran, atténuant les contrastes, estompant les couleurs, donnant à certains cadres l’aspect de dessins au fusain avec, parfois, des personnages apparaissant en ombres chinoises.

Macbeth

Le choix des lieux de tournage, particulièrement les paysages fantastiques de l’Île de Skye, donne à la photo un aspect fascinant qui imprègne le climat sombre, brutal et désespéré du film, auquel la musique contribue également avec de longues notes tenues qui peuvent faire penser au bourdon des cornemuses.

Au-delà des choix esthétiques, Macbeth se distingue aussi par sa représentation des deux personnages principaux. C’est la soif de pouvoir, attisée par les exhortations de son épouse, qui pousse Macbeth à tuer. Mais il est ici montré comme une victime de la guerre, blessée par traumatisme qui aurait pris le dessus sur son libre-arbitre, tout comme celui de Lady Macbeth, anéantie par la perte d’un enfant. Tous deux souffrent, torturés par le remords.

Cette profonde souffrance, Michael Fassbender et Marion Cotillard nous la font partager avec un jeu d’une grande sobriété, facilitée par de nombreux gros plans sur les visages. Tous deux donnent une remarquable interprétation du couple criminel.

Macbeth

Édition - 8 / 10

Macbeth (108 minutes) tient sur un DVD-9. Le menu animé et musical propose le choix entre la version originale et un doublage en français, au format Dolby Digital 5.1, auxquels s’ajoutent deux pistes d’audiodescription (Dolby Digital 2.0), l’une en français, l’autre en anglais.

Sous-titres en français en anglais, ainsi qu’en français pour malentendants.

Sort simultanément une édition Blu-ray avec le même contenu, dans un boîtier SteelBook.

En supplément, quatre courts documents à teinture promotionnelle.

Réinterprétation d’un classique (8’) où l’on insiste sur l’importance attachée au langage qui sous-tend tout le film. Marion Cotillard a longtemps répété ses dialogues avec l’aide d’un coach. La plupart des scènes ont été tournées en extérieur, dans des conditions climatiques éprouvantes. Suit Macbeth, une victime de guerre (7’) qui expose une des options du scénario consistant à induire que les hallucinations et la folie meurtrière de Macbeth sont une conséquence des traumatismes psychologiques subis pendant la guerre. Puis Lady Macbeth (7’) où Justin Kurzel s’attache, encore une fois, à tenter de disculper les deux personnages principaux sur lesquels il a souhaité attirer la sympathie du spectateur, notamment vis-à-vis de Lady Macbeth. Enfin, une interview du réalisateur (4’) permet à Justin Kurzel de rappeler, une fois de plus, son choix de mettre au premier plan le désespoir des personnages et leurs efforts pour survivre, devant leur soif de pouvoir. Il avoue d’autre part que son genre préféré est la comédie, ce qui ne transparaît guère de ses deux premiers films !

L’image (2.39:1) bénéficie d’une bonne résolution, avec des couleurs stylisées, généralement peu saturées, dont la palette évolue, de teintes froides vers des teintes plus chaudes. De beaux clairs-obscurs dans des scènes d’intérieur éclairées à la bougie. Le seul reproche tient aux noirs qui manquent de densité.

Le son Dolby Digital 5.1 des deux versions fait bien son office avec un spectre ouvert, une forte dynamique, des basses fermes et généreuses et une utilisation optimale de toutes les voies. Le doublage en français ne peut pas faire de miracles et transmettre la poésie, la musique et le rythme des vers shakespeariens. De plus, il place les dialogues beaucoup trop en avant.

Macbeth

Crédits images : © See-Saw Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 3 mai 2016
Justin Kurzel donne sa propre vision de Macbeth, le plus célèbre des drames shakespeariens, en faisant des deux personnages principaux des victimes, poussés au meurtre malgré eux par les infortunes de la vie. Un bel achèvement graphique mis en valeur par un impeccable transfert.

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