Vierge sous serment (2015) : le test complet du DVD

Vergine giurata

Réalisé par Laura Bispuri
Avec Alba Rohrwacher, Emily Ferratello et Lars Eidinger

Édité par M6 Vidéo

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Le 15/03/2016
Critique

Vierge sous serment

Hana a grandi dans un petit village reculé d’Albanie où le sort des femmes n’est guère enviable. Pour ne pas vivre sous tutelle masculine, elle choisit de se plier à une tradition ancestrale : elle fait le serment de rester vierge à jamais et de vivre comme un homme.

Vierge sous serment (Vergine giurata), sorti dans nos salles le 30 septembre 2015, une coproduction de plusieurs pays, dont l’Italie et l’Albanie, est le premier long métrage de la réalisatrice italienne Laura Bispuri.

Ce premier film, primé notamment à San Francisco et à Hong Kong, ne se distingue pas vraiment par son écriture filmique, assez conventionnelle, mais par son thème insolite.

L’Albanie est un pays tout proche, à une centaine de kilomètres du port de Brindisi sur le talon de la botte de l’Italie. Et c’est pourtant là, dans un petit village de montagne il est vrai, que se perpétuent des coutumes d’un autre âge, d’origine ottomane, qui subsistent encore au Kosovo, en Macédoine, en Serbie et au Monténégro.

Vierge sous serment constate, sans discours moralisateur, seulement avec les images de plusieurs flashbacks, la condition réservée là-bas aux femmes. L’une des plus marquantes est celle de la balle que leur père dépose dans le trousseau des filles : une balle que leur futur mari pourra utiliser si elles ne leur donnent pas satisfaction !

La scène la plus poignante du film est celle du serment, dans la seconde moitié du film. Hana, est entourée par les hommes du village, la poitrine comprimée par un bandage, habillée en homme, quand on lui coupe les cheveux et qu’elle devient Mark en prononçant ce serment qui lui permettra d’échapper à un mariage arrangé et aux limitations des droits des femmes : « Je jure qu’aucune main ne me touchera. Telle que Dieu m’a créée, la vie me préservera. Je jure de rester éternellement vierge. »

Vierge sous serment

Une autre courte scène frappe, celle où Hana et sa soeur, encore adolescentes veulent savoir pourquoi une mariée, juchée sur un âne, a le visage recouvert d’un voile. La réponse est lourde de signification : «  Pour qu’elle ne puisse pas retrouver le chemin  », celui qui la conduit chez son mari qui, désormais, la possède corps et âme.

Une particularité intéressante du scénario est de ne nous dévoiler que peu à peu sa problématique. Hana, dans une courte introduction d’environ cinq minutes, nous est montrée dans son quotidien, travail avec les hommes, isolement total dans une masure à la fin de la journée. Puis, dans une scène dont le spectateur ne devinera qu’un peu plus tard la portée symbolique, elle embarque à bord d’un bateau pour descendre le cours d’une rivière comme étouffée entre deux parois rocheuses verticales. Première étape d’une échappée (ou d’une évasion ?) qui la conduira à Milan.

Commence alors l’exploration par Hana d’un monde inconnu, dès son arrivée à Milan. Là, encore, avec une économie délibérée de dialogues, c’est la caméra, en suivant Hana, qui nous aide à ressentir ses émotions à la découverte de magasins de lingerie ou du corps exposé des jeunes filles du club de nage synchronisée qu’elle aime venir voir à la piscine.

Hana est interprétée avec une touchante sobriété par Alba Rohrwacher, plusieurs fois primée pour son rôle dans Le Père de Giovanna, réalisé par Pupi Avati en 2008 qui devrait enfin sortir prochainement dans nos salles (et, espérons-le, se retrouver dans nos bacs). Nous l’avions aussi remarquée en 2008 dans La Solitude des nombres premiers de Saverio Costanzo et, en 2014, dans Hungry Hearts, du même réalisateur.

Vierge sous serment nous montre, par touches successives, la lente adaptation de Hana à un environnement nouveau pour elle, ses premiers pas maladroits vers une sexualité qu’elle s’était interdite, tout en laissant à notre imagination son destin. Redeviendra-t-elle une femme ? Ou bien trouvera-t-elle une suffisante sérénité en restant dans l’ambiguïté à laquelle elle fut poussée ?

Vierge sous serment

Édition - 7 / 10

Vierge sous serment (84 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un keep case. Le film est proposé dans sa version originale, en italien et en albanais, avec sous-titres français imposés. Le menu animé et musical donne le choix entre deux formats : Dolby Digital 5.1 ou 2.0.

Pas d’autre bonus vidéo qu’une bande annonce.

L’image (2.35:1), propre mais un peu trop douce, manque de piqué dans les plans larges. Les couleurs sont naturelles, froides dans les scènes de montagne, toutes filmées en hiver, légèrement plus chaudes à Milan.

Le son Dolby Digital 5.1, naturel, avec des dialogues clairs, est assez immersif dans les scènes d’extérieur et dans les séquences filmées dans la piscine.

Vierge sous serment

Crédits images : ©

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 15 mars 2016
Vierge sous serment raconte, avec une émotion contenue, une histoire invraisemblable. Celle du parcours, à la fois douloureux et libérateur, d’une Albanaise prisonnière d’une coutume d’un autre âge. Insolite !

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