Réalisé par Arnold Laven
Avec
Alfred Hitchcock, Peter Fonda et John Cassavetes
Édité par Elephant Films
Ces 3 dernières saisons de 1962 à 1965 sont nommées Alfred Hitchcock présente : les Inédits (The Alfred Hitchcock Hour) en raison de la durée d’une heure des 93 téléfilms qui la composent (concernant leur appellation américaine), en raison aussi du fait que la très grands majorité de ces histoires était inédite en France jusqu’à présent. L’ensemble est passionnant, historiquement comme esthétiquement.
Voici la critique de l’intégralité des 16 premiers épisodes de cette saison 3.
Ils sont édités dans leur ordre chronologique de présentation télévisée, ce qui donne à l’ensemble une remarquable valeur d’histoire du cinéma.
Précisons à nouveau que certains titres (peu nombreux) ne sont pas inédits puisqu’ils sont dotés d’une VF d’époque et d’un titre d’exploitation TV français, ce dernier étant mentionné, lorsqu’il existe, avant le titre original américain. Mais il s’agit, encore une fois, d’une infime minorité de titres. La majorité, à savoir les titres présentés seulement en VOSTF, était bel et bien inédite chez nous. Le n° de la saison précède le n° de l’épisode, suivi de son titre américain [de son titre français entre crochets lorsqu’il fut télédiffusé chez nous], des noms du réalisateur, du scénariste et / ou de l’écrivain adapté, celui des vedettes masculines et féminines, suivis d’une notice historique et critique.
SAISON 3, VOLUME 1 (octobre 1964 à février 1965)
3.01 - Return of Verge Likens (5 octobre 1964 VOSTF)
de Arnold Laven, scénario de James Bridges d’après une
nouvelle de David Grubb, avec Peter Fonda, Robert Emhardt,
George Lyndsey, Nydia Westman, etc. Un notable d’une petite
ville du Sud des USA abat en légitime défense (contestée) le
père d’un fermier qui décide de venger son père d’une manière
sophistiquée. Le cinéaste Arnold Laven est surtout connu pour
The Monster That Challenged the World [Le Monstre du lac
salé / Le Secret du lac salé] (1957) mais il a été impliqué
dans de nombreux films et téléfilms de tous les genres. David
Grubb est l’auteur du roman original La Nuit du
chasseur mis en scène au cinéma en 1955 par Charles
Laugthon : à qui, du scénariste James Bridges ou de l’auteur
adapté, doit-on cette sociologie (y compris juridique)
savoureuse qu’aurait certainement appréciée Alexis de
Tocqueville ? L’acteur Peter Fonda ici très jeune, n’est pas
encore le représentant de la contre-culture hippie des années
1965-1970 : il est excellent dans un rôle sudiste, forcément
un peu faulknérien. Robert Emhardt a joué plusieurs fois dans
la série mais aussi dans des films aussi divers et bons que
3H10 pour Yuma (1957), The Intruder (1962),
It’s Alive [Le Monstre est vivant] (1974). On y
entrevoit aussi, durant une séquence au début, la belle Cathie
Merchant (The Haunted Palace [La Malédiction d’Arkham]
(1963)).
3.02 - Change of Address (VOSTF) de David
Friedkin, scénario de M.S. Fine et D. Friedkin d’après une
histoire de Andrew Benedict, avec Arthur Kennedy, Phyllis
Thaxter, Royal Dano, Tisha Sterling, Michael Blodgett, etc. Un
homme aisé et dans la force de l’âge s’installe avec son
épouse dans une belle villa dominant une plage fréquentée par
une jeunesse facile et insouciante mais… l’épouse n’aime pas
la maison. La suite donnera doublement raison à l’épouse. Ne
pas confondre les réalisateurs David Friedkin et William
Friedkin : celui-ci est un homme de cinéma, celui-là un homme
de télévision. Mais William, on le verra, a participé comme
cinéaste à cette série. Bon épisode, au suspense constant,
excellente interprétation du couple principal, notamment de
Arthur Kennedy, retournement inattendu et, enfin, une peinture
de deux générations, ce qui lui confère un arrière-plan
sociologique ayant valeur documentaire.
3.03 - Water’s
Edge (VOSTF) de Bernard Girard, scénario de Alfred Hayes
d’après une histoire de Robert Bloch, avec Anne Sothern, John
Cassavettes, James Brown, Rayford Barnes, etc. Un détenu tente
d’apprendre de son compagnon de cellule où il a caché l’argent
d’un hold-up. Avant de mourir, ce dernier lui parle de son
épouse (qu’il décrit comme une créature de rêve) et le met sur
une piste sérieuse. Le détenu libéré et l’épouse intéressée
finissent par comprendre que le trésor est caché près du corps
d’un ancien complice… désormais gardé par des dizaines de
rats. Cruel, bien écrit, suspense constant, bien réalisé mais
le dernier tiers utilise mécaniquement la terreur animale et
les plans de coupe des rats sont répétitifs. Les deux
interprètes principaux sont excellents, notamment Ann Sothern,
assez étonnante alors que Cassavettes est fidèle à son jeu
énergique habituel.
3.04 - The Life Work of Juan
Diaz (VOSTF) de Norman Lloyd, scénario de Ray Bradbury
d’après son histoire, avec Frank Silvera, Pina Pellicer,
Alejandro Rey, Valentin de Vargas, Alex Montoya, etc. Un
fossoyeur mexicain prétend régenter les morts qui composent
son cimetière, exploitant certains d’entre eux sous la forme
de momies. La veuve de l’un d’eux se rebelle contre son
commerce d’une manière originale. L’un des rares épisodes où
il n’y ait pas de meurtre mais qui repose sur un curieux
rapport nécrophile (momies, nécrosadisme suggéré, exhumation)
qui aurait intéressé Mario Bava. L’écrivain Ray Bradbury n’a
pas écrit que de la SF, il a aussi donné des nouvelles
fantastiques, d’horreur et d’épouvante ou même ce curieux
conte moral macabre ainsi que le définit assez bien le
dossier de presse du coffret. Certaines furent traduites en
français dans l’anthologie Robert Bloch et Ray Bradbury,
Aux portes de l’épouvante, Bibliothèque Marabout,
section Fantastique, éditions Gérard & Cie, Verviers, Belgique
1970. Celle-ci évoque un peu son histoire Le
Manipulateur parue justement dans cette anthologie mais
ici transposée au Mexique, et beaucoup moins atroce. L’intérêt
macabre pour les momies est, peut-être, un clin d’oeil de plus
à Psychose. La sensible et belle Pina Pellicer avait été la
vedette du génial western mis en scène par Marlon Brando :
Vengeance aux deux visages (1960). Frank Silvera avait
été l’impressionnant patron du bar à hôtesses dans Le
Baiser du tueur (1955) de Stanley Kubrick. Trois des
interprètes principaux sont morts prématurément, par une
sinistre coïncidence.
3.05 - See the Monkey Dance
(VOSTF) de Joseph M. Newman, scénario de Lewis Davidson
d’après son histoire, avec Efrem Zimbalist Jr., Roddy
McDowall, Patricia Medina, George Pelling, etc. Un jeune
financier se réjouit de prendre le train qui va l’amener dans
la caravane où il retrouve régulièrement sa maîtresse, une
femme mariée. Son compagnon de compartiment va lui gâcher
non seulement le trajet mais aussi le séjour. Invraisemblable,
artificiel mais d’une cruauté raffinée, qui fait presque
allusion, parfois, au cours du dialogue dans le train, à la
philosophie du langage de l’empirisme logique anglais et
américain contemporain. Les deux acteurs principaux sont
remarquables mais Patricia Medina est, hélas,
sous-employé.
3.06 - Lonely Place (VOSTF) de
Harvey Hart, scénario de Francis Gwaltney d’après une histoire
de C.B. Gilford, avec Theresa Wright, Bruce Dern, Pat Buttram.
Un agriculteur engage un saisonnier pour l’aider à récolter
ses pêches. L’épouse juge très inquiétant le nouveau-venu pour
plusieurs raisons. Huis-clos rural au ton faulknérien et au
renversement final très bien amené. Theresa Wright, étonnante
de vérité, avait été la vedette féminine de L’Ombre d’un
doute (1943) que l’historien Georges Sadoul considérait
comme le meilleur film de la période américaine d’Hitchcock.
Sur Bruce Dern, voir ma remarque historique sur l’épisode
2.15. Pat Buttram extraordinaire dans le rôle d’un lâche
égoïste qui se méprise. Le cinéaste Harvey Hart a dirigé 5
épisodes de The Alfred Hitchcock Hour et ceux de
nombreuses autres séries TV des années 1960 et 1970.
3.07
- The McGregor Affair (VOSTF) de David Friedkin,
scénario de M.S. Fine et D. Friedkin, avec Elsa Lanchester,
Andrew Duggan, William Smith, John Hoyt, etc.. Une
mini-version de l’affaire Burke et Hare, en 1827 à Edimbourg
(Ecosse, Royaume-Uni) mais vécue du point de vue d’un acolyte
et non pas de ses protagonistes principaux : habile
modification ! Elle avait été l’objet du Body Snatcher
[Récupérateurs de cadavres] (1945) de Robert Wise, du
The Flesh and the Fiends [L’Impasse aux violences]
(1959) de John Gilling et de bien d’autres versions plus ou
moins réussies dont une réalisée par Freddie Francis. Elsa
Lanchester, ici assez étonnante en alcoolique écossaise, était
l’épouse de Charles Laughton et avait joué le double rôle de
Mary Shelley et de la créature féminine dans La Fiancée de
Frankenstein (1935). David Friedkin et M.S. Fine sont
cinéphiles : ils récupèrent sinon les cadavres, du moins les
classiques du cinéma fantastique pour les adapter dans un
cadre TV. Episode indispensable, en tout cas, à l’amoureux de
l’histoire du cinéma fantastique.
3.08 -
Misadventure (VOSTF) de Joseph M. Newman, scénario de
Lewis Davidson, avec Lola Albright, Barry Nelson, George
Kennedy, Michael Bregan, etc. Un curieux employé du gaz se
présente au domicile d’une jolie blonde qui attend son amant
d’une minute à l’autre. Scénario invraisemblable et suspense
prévisible mais l’ensemble est souvent drôle, à défaut d’être
inquiétant. Lola Albright avait joué la même année aux côtés
d’Alain Delon dans Les Félins de René Clément ; elle
est aussi belle mais bien mieux employée ici. Sur George
Kennedy, très drôle dans le rôle d’un imbécile égoïste, voir
ma notice nécrologique bio-filmographique parue sur Digital
ciné en 2016.
3.09 - Triumph (VOSTF) de Harvey
Hart, scénario de Harvey Hart d’après une histoire de Robert
Branson, avec Ed Begley, Jeanette Nolan, Maggie Pierce, Tom
Simcox, etc. L’action se déroule non pas aux USA
contemporaines mais… en Inde chez un couple de missionnaires
protestants qui vont bientôt recevoir la visite d’un autre
couple de missionnaires. Elle aura des conséquences
inattendues. Jeanette Nolan avait débuté sa carrière cinéma en
jouant Lady Macbeth dans le Macbeth (1948) d’Orson
Welles : elle tourna ensuite presque 200 films et téléfilms à
Hollywood. Maggie Pierce avait joué aux côtés de Vincent Price
dans le sketch Morella du beau Tales of Terror [L’Empire de
la terreur] (1962) de Roger Corman. Ed Begley joua aussi
bien pour Robert Wise dans Odds Against Tomorrow [Le Coup
de l’escalier] (1959) que pour Ted Post dans Pendez-les
haut et court (1968). Tom Simcox joue aussi bien ici que
dans l’épisode 3.28 examiné un peu plus bas. Au physique, il
ressemblait étant jeune à l’acteur Stephen Boyd. Il tourna
ensuite près de 70 films et téléfilms, dont, en 1965, peu de
temps après cet épisode, dans le western d’Andrew McLaglen,
Shenandoah [Les Prairies de l’honneur].
3.10 -
Memo from Purgatory (VOSTF) de Joseph Pevney, scénario
de Harlan Ellison d’après son histoire The Gang parue
dans son livre Memo From Purgatory, avec James Caan,
Lynn Loring, Tony Musante, Walter Koenig, etc. Un écrivain qui
veut écrire sur la délinquance juvénile infiltre un gang de
jeunes criminels… à ses risques et périls. Tiré d’un livre
autobiographique d’Harlan Ellison, l’auteur de la nouvelle
Soldier of Tomorrow qui a inspiré James Cameron pour le
scénario de Terminator (1985) au point que Ellison a
gagné son procès et que son nom figure désormais au générique
du film. On le connaissait en France dès les années 1970 pour
son recueil de nouvelles, Ainsi sera-t-il, Bibliothèque
Marabout, série Science-Fiction. Excellente mise en scène de
Pevney, musique signée Lalo Schifrin et, surtout, casting
passionnant. James Caan très jeune, déjà excellent acteur
avant que ses deux rôles pour Howard Hawks (Ligne rouge
7000 et El Dorado) ne confirment son talent. Tony
Musante jouera par la suite pour Richard Fleischer, Robert
Aldrich, Larry Peerce et Dario Argento. Premier rôle de Zalman
King (acteur et ensuite cinéaste impliqué dans l’érotisme).
Lynn Loring (actrice majoritairement TV entre 1950 et 1975,
devenue productrice) sera en 1969 la belle épouse de
l’astronaute héros de Danger : planète inconnue. Walter
Koenig qui joue (très bien) le chef du gang sera un des
acteurs fétiches de la série cinéma Star Treck à partir
de 1979.
3.11 - Consider Her Ways (VOSTF) de
Robert Stevens, scénario de Oscar Millard d’après une histoire
de John Wyndham, avec Barbara Barrie, Gladis Cooper, Robert H.
Harris, Gene Lyons, etc. Une jeune femme fait un cauchemar…
une société féminine future dans laquelle elle serait une mère
porteuse d’un nouveau genre. Elle se réveille mais demeure
persuadée que son cauchemar est prémonitoire. Un épisode assez
original, plus proche de l’esprit de la Twilight Zone
que de celui de cette série qui offre décidément de belles
suprises. Adapté de Wyndham, l’auteur du roman Les Coucous
de Midwich (1957) dont Wolf Rilla avait tiré en 1960 son
classique Le Village des damnés, admiré par Carpenter
au point qu’il voulut le refaire. Authentique épisode de
science-fiction, divisé en deux parties : la prophétie
onirique engendrée par l’expérimentation d’une drogue de
synthèse puis sa confirmation. L’ensemble fait assez peur.
Mise en scène standard, bonne interprétation, notamment
Barbara Barrie et Leif Erickson.
3.12 - Crimson
Witness (VOSTF) de David Friedkin, scénario de M.S. Fine
et D. Friedkin d’après une histoire de Nigel Elliston, avec
Julie London, Martha Hyer, Peter Lawford, Joanna Moore, Roger
C. Carmel, etc. Un ingénieur playboy se fait progressivement
voler son travail, sa femme et sa maîtresse par son propre
frère qu’il assassine. Martha Hyer fut une interprète
appréciée par Douglas Sirk mais elle ici éclipsée par Julie
London en secrétaire sexy et songeuse. Peter Lawford est
excellent et Roger C. Carmel assez étonnant en frère
démoniaque. Joanna Moore interprète une autre secrétaire,
assez sexy aussi mais au tempérament plus expansif.
3.13 -
Where the Woodbine Twineth (VOSTF) de Alf Kjellin,
scénario de James Bridges d’après une histoire originale de
David Grubb, avec Eileen Baral, Margaret Leighton, Juanita
Moore, etc. Une jeune orpheline est recueillie par sa parente
âgée. L’enfant prétend être devenue l’amie d’une créature
surnaturelle. Le titre de cet épisode provient d’une chanson
enfantine. Sur David Grubb, voir ma remarque annexée à
l’épisode 3.01. Enfance et surnaturel étaient des thèmes à la
mode depuis Les Innocents (1961) de Jack Clayton adapté
du roman Le Tour d’écrou d’Henry James. L’actrice
Margaret Leighton tient d’ailleurs un rôle structurellement
similaire à celui que tenait Deborah Kerr dans le film de
Clayton. On y ajoute ici une idée proche, par son résultat, de
ce qu’on avait vu l’année précédente en Angleterre dans La
Poupée diabolique (1964) de Lindsay Shonteff. Excellente
mise en scène de Alf Kjellin, maintenant le suspense
fantastique jusqu’à la terreur finale surnaturelle. Kjellin
fut connu comme acteur du cinéma suédois classique des années
1940-1950 puis du cinéma américain. Son physique taillé à la
serpe lui permet d’incarner aussi bien un espion dans un
épisode de la série originale TV de Mission :
impossible qu’un colonel russe dans Destination Zebra :
station polaire [Ice Station Zebra] (1968) de John
Sturges. Juanita Moore avait tourné en vedette dans Mirage
de la vie [Imitation of Life] (1959) de Douglas
Sirk.
3.14 - Final Performance (VOSTF) de John
Brahm, scénario de Clyde Ware, d’après une histoire de Robert
Bloch, avec Sharon Farrell, Franchot Tone, Roger Perry, Kelly
Thordsen, etc. Recommandable a priori à cause du cinéaste
signataire et à cause de l’auteur de l’histoire originale : a
posteriori, on n’est pas déçu. Très curieux épisodes qui joue
sur le rapport acteur-réalité d’une part, sur la ventriloquie
d’autre part. Franchot Tone (qui joue l’acteur devenu
hôtelier) avait joué, au cours de sa carrière, aussi bien dans
Les Révoltés du Bounty (1935) et Les Trois lanciers
du Bengale (1935) que dans Advise and Consent [Tempête
à Washington] (1962) d’Otto Preminger. Roger Perry,
l’acteur qui joue le rôle du scénariste d’Hollywood, a des
faux airs de Manuel Valls : contingence qui sera vite oubliée
mais l’effet produit sur le spectateur français est
inévitablement curieux. L’histoire de Bloch est bien
construite, sa chute inattendue et l’ensemble, sous des dehors
modestes, est bien structuré, bien joué. Bloch a plusieurs
fois pris Hollywood pour sujet, notamment dans son roman Le
Crépuscule des stars mais cette « représentation finale »
(littérale traduction du titre) mérite le détour…
3.15 -
Thanatos Palace Hotel (1er février 1965 VOSTF) de
Laslo Benedek, scénario de Arthur A. Ross d’après une histoire
d’André Maurois, avec Angie Dickinson, Steven Hill, Barry
Atwater, Bartlett Robinson, etc. Ambitieuse histoire « à
tendance philosophique » précise le dossier de presse qui
ignore que cette histoire d’André Maurois avait déjà été
adaptée au cinéma en 1959 par un film franco-italien intitulé
Sursis pour un vivant (1958) avec Dawn Addams, Henri
Vidal et Lino Ventura. Les scénaristes d’Hollywood ne lisait
pas forcément la NRF des éditions Gallimard (qui publiait
Maurois) mais ils allaient au cinéma voir les films européens.
Reste que voir une histoire d’André Maurois reprise par l’un
des scénaristes de L’Etrange créature du lac noir
demeure un cas d’école assez savoureux que seule cette série
pouvait nous offrir ! Il est vrai que Maurois était lui-même
anglophile et angliciste. Bref… surtout l’occasion de voir
Angie Dickinson (Rio Bravo, The Killers [A bout
portant] version Don Siegel, Le Point de
non-retour, sans oublier Dressed To Kill [Pulsion])
au mieux de ses formes dans un rôle un peu marienbadien.
1 coffret DVD Pal zone 2 Elephant, édité le 22 juin 2016. Durée totale : 750 minutes ou 12H30 comprenant 4 DVD-9 + 1 DVD-5 contenant les 16 premiers épisodes télédiffusés de octobre 1964 à février 1965. Image 1.37 N&B, son VOSTF et VF d’époque mono. Suppléments : présentation de la série et des épisodes par Jean-François Rauger, livret illustré signé Jean Douchet, galerie photos, bandes annonces.
Outre un livret illustré constituant un commode aide-mémoire (20 pages) et une galerie photos N&B, Jean-François Rauger a assuré la caution cinéphilique de l’entreprise en présentant la série d’une part, la saison d’autre part (entre 10 et 20 minutes selon les cas) et en permettant que 4 chapitres de son livre, L’Oeil domestique, Alfred Hitchcock et la télévision (éditions Rouge profond, l’éditeur qui édite une intégrale revue et augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique) soient utilisés par les livrets illustrés qui présentent (très succinctement) chaque épisode. On y apprend, par exemple, que Shamley productions, société fondée en 1955 aux USA par Hitchcock pour la production de cette série, reprend le nom d’un village du Sud de Londres où son épouse et lui avaient acheté une maison de campagne en 1928.
Lancée sur la chaîne de TV américaine CBS le dimanche 2 octobre 1955 à 21H30 sous le titre Alfred Hitchcock presents, accompagnée de la célèbre petite mélodie Marche funèbre d’une marionnette composée en 1872 par Charles Gounod, cette série TV dura 7 saisons de 39 histoires (268 histoires au total car la quatrième saison ne comportait que 36 histoires au lieu de 39) constituant chacune un moyen métrage autonome durant environ 25 ou 26 minutes, en général tourné en 3 jours. En 1957, une saison concurrente nommée Suspicion fut lancée par la chaîne NBC : Shamley production et Hitchcock en produisirent également les épisodes, Hitchcock en tourna même un lui-même mais ils étaient présentés par l’acteur Dennis O’Keefe. Quant à la série CBS originale, elle changea de nom en 1962 et devint The Alfred Hitchcock Hour parce que la durée des épisodes augmenta, passant à environ 50 ou 52 minutes (selon les différentes durées vidéo PAL ou NTSC, selon aussi qu’il s’agit de DVD ou de Blu-ray). Ils furent en général tournés en 6 jours. Cette nouvelle série comporta 3 saisons successives. Selon qu’on calcule en partant de 1955 ou en partant de 1962, on peut les numéroter 8, 9, 10 ou bien 1, 2, 3. La série de ces 3 saisons The Alfred Hitchcock Hour fut connue en France sous le titre générique de… Suspicion qu’il ne faut surtout pas confondre avec la série NBC. Ce sont ces 3 dernières saisons 1962 à 1965 qui constituent l’intégrale de ce coffret The Alfred Hitchcock Hour ([saison 1 = 32 histoires] + [saison 2 = 32 histoires] + [saison 3 = 29 histoires] = donc, au total, 93 histoires).
Comme c’était son habitude depuis 1955, Alfred Hitchcock présentait et commentait in fine ces histoires. Ces présentations et commentaires qu’il n’avait pas le temps de rédiger lui-même, étaient écrits par un certain James B. Allardice. Ils constituent aujourd’hui, à mon avis, le point souvent faible de la série : je ne partage donc pas l’avis élogieux de Jean-François Rauger en ce qui les concerne, à de rares exceptions près que je signale dans les notices critiques. Hitchcok signa lui-même la mise en scène d’une vingtaine d’histoires (notamment la toute première de la première saison en 1955 : Revenge) entre 1955 et 1962 inclus. La majorité de ses contributions personnelles dure donc 26 minutes mais certaines durent aussi 52 minutes : elles avaient été éditées en coffret par Universal mais malheureusement pas classées dans l’ordre historique chronologique de production. Elephant restitue chacun de ces épisodes à sa place chronologique correcte au sein de l’intégralité enfin rééditée.
On se souvient que Psycho [Psychose] (USA 1960) d’Alfred Hitchcock avait été tourné dans des conditions assez proches de celles d’un moyen métrage de cette série, au point qu’on peut le considérer aujourd’hui rétrospectivement comme une sorte de porte-étendard. Le cinéphile francophone qui admire Psychose ne pouvait que souhaiter découvrir la totalité de sa série matricielle. Son examen révèle qu’elle entretient des liens parfois encore plus étroits qu’on pouvait le penser avec ce chef-d’oeuvre.
L’ensemble est au format original 1.37 N&B compatible 4/3 : les copies sont parfaitement nettoyées, les numérisations soignées, seules d’éventuelles poussières négatives ou positives subsistent sur un ou deux plans (cas de l’excellent épisode 3.22, par exemple) sans parler d’une émulsion parfois instable sur un ou deux autres en début ou en fin de bobine. Le bruit vidéo se manifeste parfois aussi sur des marches d’escaliers ou des stores mais il est, en règle générale, assez bien contrôlé bien qu’il ne s’agisse que de DVD standards. Une suggestion : à présent que l’intégralité de la série est disponible en DVD standard, il faudrait songer à préparer une édition Blu-ray Full HD et même à une édition Blu-ray UHD 4K.
Le son est du mono 2.0 parfaitement nettoyé lui aussi, qu’il s’agisse des VOSTF ou des VF. Quelques erreurs ou coquilles, parfois des fautes de syntaxe ou un vocabulaire argotique récent substitué à l’argot original américain de l’époque, peuvent être relevés dans les STF mais, sur une telle quantité de disque, c’est presque inévitable : l’ensemble est cependant assez bien traduit, en règle générale. Les VF, lorsqu’elles existent, sont soignées pour l’époque, aux normes cinéma et souvent très savoureuses.
Crédits images : © Eléphant Films