Des nouvelles de la planète Mars (2016) : le test complet du DVD

Philippe Mars, un père de famille divorcé et cadre dans une entreprise d’informatique, se sent à la fois coincé dans la routine métro-boulot-dodo et dépassé par le monde qui l’entoure, par sa fille ainée exagérément ambitieuse, par son fils cadet soudain devenu végétarien, par son ex-femme journaliste sur une télé d’info, par son chat, par sa soeur artiste peintre, par son vieux voisin resté coincé dans les années Giscard, par ses parents morts dans un accident de voiture, ou par son patron faussement cool… tous ont l’air de s’être ligués pour lui compliquer la vie. Et lorsque débarque Jérôme, un collègue de travail à la folie contagieuse, la vie de Philippe va devenir définitivement ingérable.

Des nouvelles de la planète Mars, le cinquième long métrage de Dominik Moll, développe un scénario coécrit avec Gilles Marchand qui avait également participé à l’écriture de deux de ses autres films, Harry - Un ami qui vous veut du bien, César du meilleur film en 2001, et à celle de Lemming en 2005.

Papa, t’es complètement largué…

Philippe ne respire pas la joie. Divorcé, il vit, esseulé, d’un boulot qui l’ennuie. Ses moments d’évasion, il les trouve dans ses rêves, comme à l’aube de ses 49 ans où il plane dans une combinaison d’astronaute au-dessus de Paris illuminé. À son réveil, son ex l’informe sans préavis qu’elle lui laisse la garde, pour un temps indéterminé, de leurs deux enfants, Sarah, 17 ans, et Grégoire, 13 ans.

Des nouvelles de la planète Mars exploite, comme les autres films de Dominik Moll, les effets perturbateurs de l’intrusion d’un tiers dans la vie du personnage principal. Cette fois, celui qui bouleverse le fragile équilibre de Philippe, c’est Jérôme, un collègue de travail dépressif, enfermé dans un hôpital psychiatrique après avoir saccagé les bureaux de son entreprise avec une feuille de boucher et, à l’occasion, tranché net l’oreille gauche de Philippe. Peu après, Jérôme, échappé de l’hôpital, sonne à la porte de Philippe qui finit par accepter de lui donner refuge.

Une des faiblesses de Philippe est de ne pas savoir dire non, ce qui lui coûtera une totale invasion de son intimité et son enfoncement dans la détresse. Ce que le film montre subtilement : dans ses rêves d’astronaute, Philippe ne flotte plus dans l’espace, mais arpente lourdement l’exiguïté de son appartement !

Des nouvelles de la planète Mars se distingue des autres films du tandem Dominik Moll/Gilles Marchand en ce qu’il opte pour la comédie, mais une comédie assez noire, dans laquelle s’invitent des personnages étranges, inquiétants, comme Jérôme et sa petite amie Chloé, rencontrée à l’hôpital où elle était en traitement après avoir « mordu une dame qui portait un manteau de fourrure » ! En toile de fond, des sujets graves : la crise économique, la défense de la cause animale…

Des nouvelles de la planète Mars sort du lot par l’absurdité des situations dans lesquelles se laisse enfermer son personnage principal, par les caractéristiques loufoques des personnages secondaires (la soeur de Philippe vaut, à elle seule, son pesant de moutarde !), par des dialogues qui font souvent mouche, par une utilisation ingénieuse de la musique d’accompagnement et par une écriture filmique qui fait ressentir la progression de l’enfermement du personnage.

Si le récit s’essouffle en approchant d’une fin un peu trop conventionnelle, Des nouvelles de la planète Mars est un plaisant divertissement.

Des nouvelles de la planète Mars (97 minutes) et ses suppléments tiennent sur un DVD double couche logé dans un boîtier de 14 mm, non fourni pour le test, avec l’affiche du film en couverture. Le menu animé et musical offre le choix entre trois formats audio : Dolby Digital 51 ou 2.0 et, pour la piste d’audiodescription, DD 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

En supplément, un entretien avec Dominik Moll (26’), interrogé par Carlos Gomez, extrait d’une émission de la chaîne FilmoTV. Le réalisateur explique que son film, une comédie, montre des personnages aussi étranges que ceux de ses films précédents et dit préférer les effets spéciaux « bricolés » aux écrans verts et aux moyens numériques utilisés en postproduction.

Suit Tourner en studio (20’), nettement plus intéressant. Le réalisateur, Emmanuelle Duplay, chef décoratrice, et Jessica Labet, ensemblière, rappellent les raisons du choix du décor de l’appartement de Philippe dans lequel est filmé l’essentiel des scènes, construit en studio, les astuces utilisées pour la « découverte », nom donné à la représentation de l’environnement urbain vu par les fenêtres de l’appartement, faite de photos de façades collées sur une toile tendue six mètres plus loin, percée d’ouvertures pour simuler les lumières de la ville dans les scènes de nuit. Le documentaire se termine par la construction, puis le démantèlement de tout le décor en accéléré. Remarquable !

L’image (2.35:1), bien définie dans les scènes de jour, avec des couleurs lumineuses et bien contrastées, devient toutefois occasionnellement confuse dans certaines séquences filmées dans l’appartement en faible lumière.

Le son (Dolby Digital 5.1 ou 2.0, au choix) garantit un bon équilibre entre les dialogues et la musique qui occupe amplement l’espace. Si certains dialogues demandent un effort d’attention pour être compris, cela est plus dû à des problèmes d’articulation qu’à une prise de son négligente.

Crédits images : © Diaphana Films