Réalisé par Joseph Pevney
Avec
Alfred Hitchcock, Anne Francis et Vera Miles
Édité par Elephant Films
Ces 3 dernières saisons de 1962 à 1965 sont nommées Alfred Hitchcock présente : les Inédits (The Alfred Hitchcock Hour) en raison de la durée d’une heure des 93 téléfilms qui la composent (concernant leur appellation américaine), en raison aussi du fait que la très grands majorité de ces histoires était inédite en France jusqu’à présent. L’ensemble est passionnant, historiquement comme esthétiquement : les genres illustrés sont principalement le suspense, la peur, le cinéma policier mais il y a aussi des incursions dans le fantastique, l’insolite, la comédie policière, la parabole. Voici la critique de l’intégralité des 13 derniers épisodes de cette saison 3 et, du même coup, de ces 3 saisons…
Ils sont édités dans leur ordre chronologique de présentation télévisée, ce qui donne à l’ensemble une remarquable valeur d’histoire du cinéma. Le n° de la saison précède le n° de l’épisode, suivi de son titre américain [de son titre français entre crochets lorsqu’il fut télédiffusé chez nous], des noms du réalisateur, du scénariste et / ou de l’écrivain adapté, celui des vedettes masculines et féminines, suivis d’une notice historique et critique.
SAISON 3, VOLUME 2 (février 1965 à mai 1965)
3.16 One of the Family (8 février 1965 VOSTF) de
Joseph Pevney, scénario de Oscard Millard d’après James Yaffe,
avec Lilia Skala, Jeremy Slate, Kathryn Hays, Olive Deering,
etc. Sujet : soupçons d’infanticide à l’encontre d’une
nourrice peut-être démente. Thème assez cruel pour l’époque.
Kathryn Hays excellente (et érotique) en jeune mère sexy mais
torturée par le doute, sera deux ans plus tard une musicienne
dans La Symphonie des héros [Counterpoint] de Ralph
Nelson. Olive Deering est impressionnante en psychopathe et
annonce par ailleurs assez, par son jeu autant que par son
apparence, l’actrice Lila Kedrova dans Le Rideau
déchiré de Hitchcock, réalisé l’année suivante.
3.17 -
An Unlocked Window (VOSTF) de Joseph M. Newman,
scénario de James Bridges d’après une histoire de Ethel Lina
White, avec Dana Wynter, T.C. Jones, Louise Latham, John Kerr,
Cathie Merchant, etc. Une infirmière veillant un malade dans
une grande maison (qui ressemble extérieurement à celle de
Psychose), craint d’être la victime d’un maniaque
déterminé à les supprimer. D’après l’écrivain Ethel L. White
que Hitchcock avait lui-même adapté dans le savoureux Une
Femme disparaît (1938) mais James Bridges reprend ici le
canevas du The Spiral Staircase [Deux mains, la nuit]
(1946) de Robert Siodmak, adapté du roman de White, Some
Must Watch. Avec la starlette Dana Wynter qui avait été la
vedette féminine du Invasion of the Body Snatchers
[L’Invasion des profanateurs de sépultures] en 1956 et
avec la non moins belle Cathie Merchant (première infirmière
tuée à l’écran) qui avait joué la maîtresse de Joseph Curwen
dans La Malédiction d’Arkham [The Haunted Palace] de
Roger Corman en 1963. Malheureusement, les beaux effets
photographiques réglés par le grand chef-opérateur Stanley
Cortez (La Splendeur des Amberson, La Nuit du
chasseur, Shock Corridor, Police spéciale [Naked
Kiss]) éclairent une mise en scène pour une fois assez
médiocre de Joseph M. Newman, sur un scénario pour une fois
mal écrit par James Bridge. Un épisode à l’intérêt purement
historique et filmographique.
3.18 - The Trap
(VOSTF) de John Brahm, scénario de Lee Kalcheim d’après une
histoire de Stanley Abbot, avec Anne Francis, Patricia
Manning, Robert Strauss, Donnelly Rhodes, etc. L’épouse d’un
fabricant de jouets, prend pour amant le secrétaire personnel
de son époux. Ils planifient la mort de ce dernier mais rien
ne se passera comme prévu. Anne Francis toujours aussi belle
dix ans après Planète interdite et sa maturité augmente
naturellement son érotisme : rien que pour elle, l’épisode est
un « must see ». Donnelly Rhodes très bon en jeune ambitieux.
Scénario bien écrit, suspense bien mené même si le personnage
du mari (joué par Strauss) est caricatural. La fin lui redonne
une tout autre stature, presque expressionniste. Décors
standards parfois suréclairés mais Brahm voulait peut-être
montrer que son efficacité ne devait rien aux éclairages
heurtés et aux clairs-obscurs qui magnifiaient ses classiques
des années 1940-1950 ? Si c’est le cas, convenons qu’il le
prouve.
3.19 - Wally the Beard (VOSTF) de James H.
Brown, scénario de Arthur A. Ross d’après une histoire de
Stanley Abbott, avec Larry Blyden, Kathie Browne, Berkeley
Harris, Katherine Harris, etc. Un homme méprisé par la femme
qu’il aime décide de changer d’apparence pour reconquérir son
amour. Mais ce changement va en entraîner d’autres qu’il
n’avait pas prévus. James H. Brown fut assistant et
réalisateur de seconde équipe pour Hitchcock sur certains de
ses films les plus importants tels que Les Oiseaux
(1963). Mais sa mise en scène est honnête sans plus. En
revanche, scénario, mi-étonnant mi-décevant, louchant vers la
parabole philosophique et le conte moral, rattrapant l’aspect
film noir policier qui apparaît plaqué, artificiel. Vaut tout
de même le détour en raison de l’abattage de l’acteur vedette
de l’épisode, au jeu intense. Une curiosité à découvrir bien
qu’elle ait assez mal vieilli.
3.20 - Death Scene
(VOSTF) de Harvey Hart, scénario de James Bridges d’après une
histoire de Helen Nielsen, avec Vera Miles, John Carradine,
James Farentino, Buck Taylor, etc. Un jeune garagiste tombe
amoureux de la fille d’un acteur célèbre vivant avec sa fille
dans leur luxueuse villa de Los Angeles. Il nourrit les plus
grands espoirs de mariage mais le père s’y oppose. Le jeune
James Farentino ici débutant est assez surprenant (plus tard
shérif du terrifiant Dead and Buried [Réincarnations]
(1981) de Gary A. Sherman) opposé à l’hitcockienne actrice
Vera Miles (Le Faux coupable, Psychose) qui avait
joué dans le premier épisode de la série Alfred Hitchcock
présente en 1955 et à l’acteur shakespearien John Carradine
qui joua dans les classiques Universal du cinéma fantastique
américain, par exemple dans La Maison de Dracula. En
outre, scénario se déroulant à Hollywood, dans le milieu des
acteurs fortunés : une pièce de plus à rajouter à une
anthologie virtuelle qui serait centrée sur « Hollywood
Babylone » vue par elle-même. Chute à l’ironie cruelle,
surréaliste, presque fantastique : étonnant épisode. Mise en
scène dynamique, assez inspirée, de Hart, téléaste dont on
voyait sans cesse le nom dans les années 1970 aux génériques
des diverses séries TV les plus populaires.
3.21 - The
Photographer and the Undertaker (VOSTF) de Alex March,
scénario de Alfred Hayes d’après une histoire de James Holding
alias « Ellery Queen Jr. », avec Jack Cassidy, Harry Townes,
Alfred Ryder, Jocelyn Lane, etc. Un croque-mort et un
photographe sont unis par un lien secret… qui pourrait bien
les désunir. Ne pas, à la lecture de ce sujet, céder à la
facilité en songeant au jeu de mot « Alex March ou crève » si
souvent entendu ou lu dans diverses revues françaises de
cinéma. L’épisode prend réellement son envol à partir de sa
seconde moitié, qui précipite l’intrigue de l’humour noir (au
départ convenu et lourd) dans la cruauté surréaliste, au point
que le commentaire d’Hitchcock est forcé d’assurer que force
reviendra (hors-champ) à la loi. Légères incursions ironiques
de la culture populaire hippie et droguée des années 1965 dans
la manière dont le photographe se présente à son beau-père en
puissance. L’ensemble demeure cependant artificiel.
3.22 -
Thou Still Unravished Bride (VOSTF) de David
Friedkin, scénario de Morton Fine et D. Friedkin d’après une
histoire de Avram Davidson, avec Sally Kellerman, Ron Randell,
David Carradine, Michael Pate, etc. Épisode jouant
intelligemment sur le mythe et l’esthétique de Jack
l’Eventreur. Comme dans la version de Robert S. Baker et
Monty N. Berman (celle de 1959, la meilleure jamais filmée au
vingtième siècle), civilisations anglaises et américaines sont
mises en présence : ici Sally Kellerman (qui jouera bientôt
l’unique victime survivante de L’Etrangleur de Boston
dans le film de Richard Fleischer de 1968) incarne une
Américaine férue de Keats, de Shelley et de poésie anglaise
romantique, désireuse de découvrir Londres tandis que son
fiancé, inspecteur de police londonien (joué par le bon acteur
d’origine australienne Ron Randell), enquête sur des crimes
commis par un psychopathe (David Carradine, remarquable). Le
restant du casting vaut aussi le détour. Deux plans salis par
des poussières encore présentes, un peu de bruit vidéo sur des
marches d’escalier ou des volets mais le restant en parfait
état technique. Les plans d’ensemble sont minoritaires mais
aussi soignés que les plans rapprochés ou que les gros plans.
Et, comme souvent, belle direction photo N&B. David Friedkin
n’est pas William mais son nom mérite pourtant d’être retenu,
ne serait-ce que pour ce téléfilm.
3.23 - Completely
Foolproof (VOSTF) de A. Kjellin, scénario de Anthony
Terpilof d’après une histoire de Andrew Benedict, avec J.D.
Cannon, Patricia Barry, Geoffrey Horne, Myron Healey. La belle
épouse d’un promoteur véreux exige le divorce et 75% des
actions de sa société… faute de quoi elle le menace de
révéler ses malversations. Cet épisode aurait été « remaké » en
1979 (disons « refait » pour parler encore un peu français) dans
l’épisode 12 de la saison 4 de la série Bizarre,
Bizarre supervisée par l’écrivain Roald Dahl. L’actrice
Patricia Barry est érotique en femme fatale mûre : c’est en
fait surtout pour elle qu’il faut voir cet épisode. Symétrie
un peu mécanique du scénario, à la chute duquel on s’attend un
peu tout de même. Mise en scène standard, sans génie
particulier.
3.24 - Power of Attorney (VOSTF) de
Harvey Hart, scénario de James Bridges d’après une histoire de
Selwyn Jepson, avec Richard Johnson, Geraldine Fitzgerald, Fay
Bainter, Josie Lloyd, etc. Un escroc pénètre l’intimité de
femmes riches et âgées qui se rendent compte, trop tard, qu’il
les a escroquées. Leur vengeance sera intelligente. Richard
Johnson a tourné aussi bien pour John Sturges (dans La
Proie des vautours) que pour Robert Wise, notamment The
Haunting [La Maison du diable] (1963). Il est assez
étonnant dans le rôle d’un escroc de haut vol. Les actrices
mûres, comme celles plus âgées, sont excellentes.
3.25 -
The World’s Oldest Motive (VOSTF) de Harry Morgan,
écrit par Lewis Davidson, avec Linda Lawson, Robert Loggia,
Henry Jones, Kathleen Freeman, etc. Un collectionneur de
timbres tombe amoureux d’une belle fille bien plus jeune que
lui. Impossible de divorcer : sa femme légitime mettrait la
main sur la moitié de sa collection. Il envisage alors une
autre hypothèse. Considéré par certains critiques américains
comme le meilleur rôle de l’actrice Linda Lawson. Le
scénariste de cet épisode écrira, en 1971, celui du Hammer
Film, La Fille de Jack l’éventreur [Hands of the
Ripper] de Peter Sasdy. Histoire d’abord assez inquiétante
mais qui s’achève en forme de parabole critique, ironique.
Robert Loggia, qu’on retrouve dans cette série à plusieurs
reprises, tiendra de beaux seconds rôles dans la version
DePalma 1983 de Scarface, dans Envoûtés [The
Believers] de John Schlesinger.
3.26 - The Monkey’s
Paw-A Retelling (VOSTF) de Robert Stevens, scénario
d’après l’histoire originale fantastique classique de W.W.
Jacobs, avec Leif Erickson, Jane Wyatt, Lee Majors, etc. Une
gitane convoquée à une fête aux Bahamas par un couple fortuné
dont le fils participe à des courses automobiles, se voit
remettre une patte de singe pouvant exaucer trois voeux. Elle
intéresse le père, bientôt ruiné par ses associés et qui doit
trouver rapidement de l’argent. Vaut surtout par le casting et
une ou deux scènes ayant un petit côté « happening » car
concernant l’adaptation de la nouvelle de Jacobs, elle est
sans surprise - mise à part son actualisation - et on peut lui
préférer l’excellent sketch, qui sera plus original tout en
respectant la même source et la même structure, des
Histoires d’outre-tombe [Tales From the Crypt] (1972)
de Freddie Francis.
3.27 - The Second Wife (VOSTF)
de Joseph M. Newman, scénario de Robert Bloch d’après une
histoire originale de Richard Deming, avec June Lockhart, John
Anderson, etc. Martha devient l’épouse d’un homme qu’elle a
rencontré par une annonce matrimoniale. Elle emménage dans sa
maison au chauffage défecteux, ce qui la refroidit un peu
moralement comme physiquement. Elle apprend que la première
épouse de son nouveau mari, est morte empoisonnée, ce qui la
terrifie franchement. Un des sept épisodes de The Alfred
Hitchcock Hour, scénarisés par Robert Bloch, le
correspondant de H.P. Lovecraft et l’auteur du roman
Psychose et l’un des grands scénaristes du cinéma
fantastique américain comme anglais des années 1960. Mise en
scène simple, modeste mais servant avec une admirable
précision le script. Performance d’actrice de June Lockart,
névrotique, parfois presque hystérique.
3.28 - Night
Fever (1965 VOSTF) d’Herbert Coleman, scénario de Gilbert
Ralston d’après une histoire de Clark Howard, avec Colleen
Deewurst, Tom Simcox, Joe De Santis, Tom Stewart, etc. Un
criminel beau garçon persuade l’infirmière mûre de la chambre
d’hôpital où il est sous surveillance médicale, de l’aider à
s’évader. Elle semble accepter la proposition. Mise en scène
assez soignée, scénario intelligent reposant sur une
révélation de dernière minute. Performance remarquable des
deux acteurs principaux. L’actrice Colleen Deewurst connaîtra
une assez belle carrière dans le film noir policier ou
fantastique (la barmaid droguée dans Un silencieux au bout
du canon de John Sturges, l’hôtesse blasée de bar du
Terreur sur la ligne [When A Stranger Calls] de Fred
Walton). Jacques Baudou estimait, selon Jean-François Rauger,
que l’allongement de la durée des épisodes, à partir de 1962,
avait privilégié le raffinement psychologique aux dépends du
suspense. Cet épisode suffit à prouver que Baudou se trompait
ou alors que sa connaissance de la série était
incomplète.
3.29 - Off Season (10 mai 1965 VOSTF)
de William Friedkin, écrit par Robert Bloch, avec John Gavin,
Tom Drake, Richard Jaeckel, etc. Renvoyé de la police à la
suite d’une riposte mortelle jugée excessive, Johnny se fait
embaucher par le shérif d’une autre ville. Il s’installe à
l’hôtel avec sa petite amie qui devient barmaid. Celui dont
Johnny a pris la place se met à tourner autour d’elle. Dès le
début, certains travellings nocturnes de rues américaines
annoncent ce que fera Friedkin dans French Connection
et dans Cruising. L’argument (une « bavure » policière)
qui ouvre ce moyen-métrage, se retrouvera à la fin de
French Connection. John Gavin est extraordinaire en
policier discrètement psychopathe : le fait qu’il déménage
avec sa fiancée dans un motel qui ressemble à celui de
Psychose, tenu par un hôtelier initialement assez
inquiétant, est une évidente « private joke » (de Bloch comme
de Hitchcock producteur) que le cinéphile apprécie en
connaisseur. Richard Jaeckel est excellent dans un second rôle
ambivalent.
1 coffret DVD Pal zone 2 Elephant, édité le 21 septembre 2016. Durée totale : 700 minutes ou 11H40 comprenant 4 DVD-9 + 1 DVD-5 contenant les 13 derniers épisodes télédiffusés de février 1965 à mai 1965. Image 1.37 N&B, son VOSTF et VF d’époque mono. Suppléments : présentation de la série et des épisodes par Jean-François Rauger, livret illustré de 20 pages environ, galerie photos, bandes annonces.
Outre un livret illustré constituant un commode aide-mémoire (20 pages) et une galerie photos N&B, Jean-François Rauger a assuré la caution cinéphilique de l’entreprise en présentant la série d’une part, la saison d’autre part (entre 10 et 20 minutes selon les cas) et en permettant que 4 chapitres de son livre, L’Oeil domestique, Alfred Hitchcock et la télévision (éditions Rouge profond, l’éditeur qui édite une intégrale revue et augmentée de la revue Midi-Minuit Fantastique) soient utilisés par les livrets illustrés qui présentent (très succinctement) chaque épisode. On y apprend, par exemple, que Shamley productions, société fondée en 1955 aux USA par Hitchcock pour la production de cette série, reprend le nom d’un village du Sud de Londres où son épouse et lui avaient acheté une maison de campagne en 1928.
Lancée sur la chaîne de TV américaine CBS le dimanche 2 octobre 1955 à 21H30 sous le titre Alfred Hitchcock presents [Alfred Hitchcok présente], accompagnée de la célèbre petite mélodie Marche funèbre d’une marionnette composée en 1872 par Charles Gounod, cette série TV dura 7 saisons de 39 histoires (268 histoires au total car la quatrième saison ne comportait que 36 histoires au lieu de 39) constituant chacune un moyen métrage autonome durant environ 25 ou 26 minutes, en général tourné en 3 jours. En 1957, une saison concurrente nommée Suspicion fut lancée par la chaîne NBC : Shamley production et Hitchcock en produisirent également les épisodes, Hitchcock en tourna même un lui-même mais ils étaient présentés par l’acteur Dennis O’Keefe. Quant à la série CBS originale, elle changea de nom en 1962 et devint The Alfred Hitchcock Hour parce que la durée des épisodes augmenta, passant à environ 50 ou 52 minutes (selon les différentes durées vidéo PAL ou NTSC, selon aussi qu’il s’agit de DVD ou de Blu-ray). Ils furent en général tournés en 6 jours. Cette nouvelle série comporta 3 saisons successives. Selon qu’on calcule en partant de 1955 ou en partant de 1962, on peut les numéroter 8, 9, 10 ou bien 1, 2, 3. La série de ces 3 saisons The Alfred Hitchcock Hour fut connue en France sous le titre générique de… Suspicion qu’il ne faut surtout pas confondre avec la série NBC. Ce sont ces 3 dernières saisons 1962 à 1965 qui constituent l’intégrale de ce coffret The Alfred Hitchcock Hour ([saison 1 = 32 histoires] + [saison 2 = 32 histoires] + [saison 3 = 29 histoires] = donc, au total, 93 histoires).
Comme c’était son habitude depuis 1955, Alfred Hitchcock présentait et commentait in fine ces histoires. Ces présentations et commentaires qu’il n’avait pas le temps de rédiger lui-même, étaient écrits par un certain James B. Allardice. Ils constituent aujourd’hui, à mon avis, le point souvent faible de la série : je ne partage donc pas l’avis élogieux de Jean-François Rauger en ce qui les concerne, à de rares exceptions près que je signale dans les notices critiques. Hitchcok signa lui-même la mise en scène d’une vingtaine d’histoires (notamment la toute première de la première saison en 1955 : Revenge) entre 1955 et 1962 inclus. La majorité de ses contributions personnelles dure donc 26 minutes mais certaines durent aussi 52 minutes : elles avaient été éditées en coffret par Universal mais malheureusement pas classées dans l’ordre historique chronologique de production. Elephant restitue chacun de ces épisodes à sa place chronologique correcte au sein de l’intégralité enfin rééditée.
On se souvient que Psycho [Psychose] (USA 1960) d’Alfred Hitchcock avait été tourné dans des conditions assez proches de celles d’un moyen métrage de cette série, au point qu’on peut le considérer aujourd’hui rétrospectivement comme une sorte de porte-étendard. Le cinéphile francophone qui admire Psychose ne pouvait que souhaiter découvrir la totalité de sa série matricielle. Son examen révèle qu’elle entretient des liens parfois encore plus étroits qu’on pouvait le penser avec ce chef-d’oeuvre.
L’ensemble est au format original 1.37 N&B compatible 4/3 : les copies sont parfaitement nettoyées (sauf, parfois, les génériques d’ouverture où les mêmes panneaux furent réutilisés durant des années), les numérisations soignées, seules d’éventuelles poussières négatives ou positives subsistent sur un ou deux plans (cas de l’excellent épisode 3.22, par exemple) sans parler d’une émulsion parfois instable sur un ou deux autres en début ou en fin de bobine. Le bruit vidéo se manifeste parfois aussi sur des marches d’escaliers ou des stores mais il est, en règle générale, assez bien contrôlé bien qu’il ne s’agisse que de DVD standards. Une suggestion : à présent que l’intégralité de la série est disponible en DVD standard, il faudrait songer à préparer une édition Blu-ray Full HD et même à une édition Blu-ray UHD 4K.
Le son est du mono 2.0 parfaitement nettoyé lui aussi, qu’il s’agisse des VOSTF ou des VF. Quelques erreurs ou coquilles, parfois des fautes de syntaxe ou un vocabulaire argotique récent substitué à l’argot original américain de l’époque, peuvent être relevés dans les STF mais, sur une telle quantité de disque, c’est presque inévitable : l’ensemble est cependant assez bien traduit, en règle générale. Les VF, lorsqu’elles existent, sont soignées pour l’époque, aux normes cinéma et souvent très savoureuses.
Crédits images : © Eléphant Films