No Land's Song (2014) : le test complet du DVD

Réalisé par Ayat Najafi
Avec Sara Najafi, Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi

Édité par Jour2Fête

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Le 28/09/2016
Critique

No Land's Song

En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter seules en public. Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l’aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d’organiser un concert de chanteuses solistes à Téhéran.

La voix des femmes donne du plaisir (…) un homme décent ne doit pas ressentir d’excitation sexuelle (un mollah)

Réalisé en 2014 par Ayat Najafi, le frère de la chanteuse, No Land’s Song, un vivant plaidoyer contre la censure religieuse et, aussi, contre le regard méfiant et condescendant porté sur la femme, nous fait participer, dans l’ordre chronologique, à l’aventure, de sa genèse à son aboutissement, instaurant ainsi une forme de suspense, une tension dramatique qui fait pardonner répétitions et lenteurs du scénario.

Le récit est enrichi d’un regard nostalgique jeté sur l’Iran d’avant la révolution de 1979, dont la culture a été écrasée par la brutale imposition à tous de la loi islamique, la sharia : les centres de la vie musicale, théâtres et cafés-concerts ont été fermés par les rideaux de fer rouillés ou transformés en entrepôts.

No Land's Song

« Dans ce pays, on ne donne pas de raison » (un fonctionnaire du ministère de la culture)

No Land’s Song insiste sur le pouvoir sans limites de l’administration qui peut interdire la publication ou l’interprétation d’une oeuvre sans motiver sa décision, ou la soumettre à des conditions inacceptables. Un employé du ministère de la culture a proposé à Sara Najafi de lui verser une subvention de 3.000 euros si elle consentait à une représentation en atelier, devant un public limité à quelques artistes choisis par les fonctionnaires.

Une des forces de No Land’s Song, toujours interdit en Iran, est la lueur d’espoir qu’il fait naître, l’aspiration des Iraniens à la liberté, exprimée avec force le soir de la réélection, en 2009, de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République. Cet événement laissa un temps rêver à une ouverture libérale, acclamée par des jeunes descendus dans la rue, par des femmes cheveux au vent. Le signe qu’un pouvoir qui étouffe à ce point les libertés, qui voit le péché dans ce qui apporte du plaisir, a ses jours inéluctablement comptés.

No Land's Song

Présentation - 3,0 / 5

No Land’s Song (91 minutes) et ses suppléments tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack non fourni pour le test.

Le menu fixe et musical propose le film en version originale (persan, anglais et français, avec sous-titres incrustés dans l’image) dans deux formats, Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.

Bonus - 4,0 / 5

En complément, trois entretiens, en anglais, sous-titrés.

Ayat Najafi (18’) rappelle que l’idée du documentaire lui a été donnée par une Iranienne rencontrée à San Francisco. Passionnée par Qamar-ol-Moluk, célèbre de 1930 à 1950, elle rêvait de pouvoir, elle aussi, chanter à Téhéran. Sara Najafi, compositrice de chants, souhaitait, elle, faire revivre la tradition des échanges culturels entre l’Iran et l’étranger. Pour donner une juste idée de la censure qui sévit en Iran, il a filmé un entretien entre Sara et un mollah. Il a choisi, pour les discussions avec le ministère de la culture, d’enregistrer clandestinement le son, sans l’image, pour que les fonctionnaires s’expriment sans détours.

Sara Najafi (16’), fille de parents mélomanes, elle a, en marge d’une scolarité classique, étudié la musique. En Iran, dit-elle, « il faut se battre pour tout ce qu’on veut faire ». L’édition ou l’interprétation d’oeuvres musicales doit être préalablement autorisée par le pouvoir, particulièrement sensible aux paroles. L’obstination paie : il arrive qu’une autorisation soit obtenue après plusieurs demandes répétées (jusqu’à cinq !) sans que l’oeuvre ait été modifiée d’un iota ! Les autorisations sont soumises à conditions : les femmes peuvent chanter dans des choeurs, ou dans des ensembles avec des hommes ou, si elles sont solistes, seulement devant un public exclusivement féminin. Certains chants se vendent toutefois sous le manteau.

Parvin Namasi (5’), chanteuse iranienne, a appris la musique à l’université, en Europe. Sa carrière de chanteuse en Iran ayant commencé après la révolution islamique, elle n’a pu chanter en public qu’avec des hommes ou dans des choeurs. C’est pourquoi elle a accepté sans hésitation de soutenir le projet d’Ayat et Sara Najafi, espérant qu’un jour on puisse chanter librement en Iran.

Image - 4,0 / 5

L’image (1.78:1) est bien définie, avec des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Son - 3,5 / 5

Dialogues et musique sont clairement et assez finement restitués par les deux formats disponibles, Dolby Digital 5.1 ou 2.0, sans grande différence entre l’un et l’autre, centrés sur les voies avant. Quelques résonnances désagréables dans certains lieux d’enregistrement.

No Land's Song

Crédits images : © Chaz Productions, Hanfgarn & Ufer Film und TV Produktion, Torero Film

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 28 septembre 2016
No Land’s Song, un vivant plaidoyer contre la censure religieuse et contre le regard méfiant et condescendant porté sur la femme, est toujours interdit en Iran. Ce documentaire, comme la fiction Nahid, récemment critiquée, fait naître une lueur d’espoir sur l’avenir de l’aspiration des Iraniens à la liberté et des femmes à la dignité à laquelle elles ont droit.

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