La Trêve - Saison 1 (2015) : le test complet du DVD

Yoann Peeters, un inspecteur de police de Bruxelles, est resté depuis plusieurs mois en arrêt de travail, traumatisé par la mort de sa femme. Quand un poste se libère à la police locale d’Heiderfeld, Yoann voit l’occasion de prendre un nouveau départ. Pourtant, lorsque le corps d’un jeune footballeur africain, Driss Assani, est retrouvé dans une rivière, tout le monde se désintéresse du sort de ce gamin. Yoann se met alors à déterrer les secrets les plus enfouis de cette communauté qu’il connaît bien, pour avoir habité Heiderfeld pendant toute son adolescence…

La Trêve, écrite par Stéphane Bergmans, Benjamin d’Aoust et Matthieu Donck, également showrunner et réalisateur, est la première série produite en association avec le Fonds Fédération Wallonie Bruxelles-RTBF dont l’objectif, rappelé par François Tron, patron des chaînes RTBF, est de favoriser la création de séries de 10 épisodes de 52 minutes, ancrées dans la réalité locale, « singulières et transgressives », à un coût raisonnable (autour de 250.000 euros par épisode). Tout ça visant à placer la télévision francophone dans le sillage de la télé flamande qui affiche quelques belles réussites, comme l’estimable Salamandre (Salamander, 2012, 12 épisodes), celle qu’on peut aujourd’hui trouver dans nos bacs.

Coup d’essai plutôt réussi, La Trêve a reçu le prix de la Meilleure Série francophone décerné par le jury de la presse internationale du Festival Séries Mania en 2015. Une seconde production, récompensée au même festival du Prix du meilleur acteur pour Angelo Bison, Ennemi public, sur les méfaits d’un pédophile assassin, vaguement inspirée par l’affaire Dutroux (un autre sujet « transgressif »), sera prochainement diffusée par TF1. Elle aura aussi pour cadre, un village des Ardennes.

Une trêve pas de tout repos !

Là où il espérait trouver la quiétude qui l’aurait aidé à se remettre d’un sérieux traumatisme, l’inspecteur Peeters est accueilli par une petite communauté aux moeurs franchement pas catholiques, avec un couple incestueux de fermiers qui organise des soirées sado-maso, avec un concierge néo-nazi, un commissaire de police qui ferme les yeux sur tous les indices pour éviter les vagues en classant l’affaire du meurtre de Driss au plus vite, où l’on empoisonne des vaches, où l’on truque les matches de football (ça, on sait faire, chez nous aussi), où la bourgmestre, obsédée par la construction d’un barrage, intimide ses administrés pour qu’ils cèdent leurs terres, où le fils d’un diplomate suédois drogue ses jeunes invitées etc., etc.

La Trêve emprunte manifestement ses ingrédients à True Detective (un cadavre, des signes cabalistiques, un vieux fou…) et aussi à Broadchurch, un autre village tranquille où le meurtre d’un enfant va ouvrir la boîte de Pandore et révéler bien des turpitudes.

À défaut d’être si originale, La Trêve est cependant servie par une réalisation soignée, notamment une photographie qui sait exploiter l’austère beauté des paysages ardennais, par des dialogues plutôt bien écrits et par une bonne distribution, avec Yoann Blanc dans le rôle principal, celui de l’inspecteur Peeters, au physique massif, contrastant avec une grande fragilité psychique. Les rôles secondaires sont bien tenus, notamment par Anne Coesens.

La Trêve a aussi ses faiblesses, principalement des rebondissements, de faux coupables en faux coupables, trop nombreux pour ne pas finir par agacer, d’autant plus qu’au terme de l’épisode final, l’assassin est découvert en deux coups de cuiller à pot. Peuvent aussi lasser, par leur répétition au rythme d’au moins une par épisode, des scènes très dramatiques, donnant de fausses clefs de l’intrigue, qui ne sont, en « réalité », que des cauchemars, ainsi que, dans une moindre mesure, des couchers ou levers de soleil filmés en accéléré.

L’invasion de la musique d’accompagnement, hyper-dramatique avec ses longues notes tenues, dessert aussi la série, tout comme la poussive chanson du générique.

Ces réserves faites, La Trêve réussit à capter l’attention du spectateur qui gardera en mémoire la noirceur des personnages. La bonne audience de la série en Belgique, sa vente en Suisse Romande, en Flandre et en France où elle a été diffusée par France 2, ont encouragé les promoteurs à annoncer le financement d’une saison 2.

La Trêve (10 x 52 minutes) tient sur quatre DVD-9 logés dans un coffret, non fourni pour le test. Un menu animé et musical ne propose qu’une seule version audio, Dolby Digital 2.0, avec sous-titres pour malentendants.

Aucun supplément.

L’image (1.78:1) est claire, précise jusque dans les plans larges, bien contrastée, avec des noirs denses et des couleurs naturelles, dans toutes les conditions d’éclairage.

On s’accommode du format Dolby Digital 2.0 pour une série faite surtout de dialogues, restitués avec suffisamment de clarté.

Crédits images : © Hélicotronc, RTBF