Réalisé par Simon Aboud
Avec
Jessica Brown Findlay, Tom Wilkinson et Jeremy Irvine
Édité par L'Atelier d'Images
Bella Brown, une jeune femme timide, s’est rigoureusement organisée pour se protéger des imprévus. Elle quitte sa maison tous les matins à la même heure, à la seconde près, pour rejoindre la bibliothèque municipale où elle travaille, sous la férule de l’autoritaire et pointilleuse Miss Bramble. Chez Bella, pas un grain de poussière et tout est à sa place dans un parfait alignement, dans une parfaite symétrie. Partout, sauf dans le jardin, entre jungle et terrain vague. Ce qui n’est pas du goût de son voisin Alfie Stephenson, un vieux ronchon. C’est probablement lui qui s’est plaint auprès du propriétaire de Bella qui lui donne un mois pour nettoyer le jardin, faute de quoi elle sera expulsée. Problème : Bella a la phobie de toute végétation.
Le Merveilleux jardin secret de Bella Brown (This Beautiful Fantastic, 2016), le deuxième long métrage de Simon Aboud, (après Comes a Bright Day, 2012, DVD disponible outre-Manche) est une sorte de conte de fées mais, à la différence des autres, très ancré dans la réalité.
La part de surnaturel vient essentiellement de l’originalité des personnages, Bella en tête. Ses manies, ses phobies, son isolement sont probablement l’héritage d’une enfance difficile passée à l’orphelinat où elle a été accueillie après avoir été abandonnée dans un parc et sauvée du froid… par des canards qui l’ont couvée. Elle réussit à se libérer de ses peurs et de ses obsessions en s’évadant dans la lecture et en rêvant au livre pour enfants qu’elle commencera à écrire… quand elle aura trouvé un sujet ! Son personnage est délicatement interprété par Jessica Brown Findlay, la Lady Sybil Branson de Downton Abbey.
Tom Wilkinson, un visage familier sur les écrans du Royaume Uni, avec plus de 120 films, téléfilms ou séries, campe avec naturel Alfie Stephenson, le vieil ours mal léché. Et c’est à Anna Chancellor, une actrice tout aussi célèbre là-bas, qu’a été confié le rôle de l’exécrable bibliothécaire qui communique ses ordres sur des petits tableaux noirs pour ne pas rompre le silence s’imposant dans un tel lieu, ce qu’elle n’hésite pas à faire en hurlant « Silence ! » dans le micro pour faire cesser les chuchotements de Bella.
Le Merveilleux jardin secret de Bella Brown ne tire pas tant son originalité de la mise en scène, assez conventionnelle, que de l’idée-force de son scénario, imaginé et écrit par Simon Aboud : montrer comment les personnages peuvent changer dès qu’ils acceptent de s’ouvrir aux autres, de sortir de leur carapace, au risque de devenir vulnérables. Alfie lorsqu’il ôte son masque de vieux bougon le jour où il ouvre la porte de son jardin à Bella pour lui raconter sa vie. Bella lorsqu’elle s’offre pour un premier et chaste baiser sur les lèvres de Billy, un jeune « chercheur en tout », apparemment le seul client de la bibliothèque. Il suffira d’un seul plan sur le désordre qui règne dans la maison de Bella, juste après ce baiser, pour qu’on sache qu’elle n’est plus elle-même.
Le Merveilleux jardin secret de Bella Brown ne fait qu’une toute petite place au fantastique, dans une scène où Billy, par on ne sait quelle magie, fait voler une de ses créations, Luna, un oiseau télécommandé fait de pièces métalliques. Un miracle : Bella va pouvoir se lancer dans l’écriture de son livre dont l’oiseau merveilleux sera le personnage principal.
Facile de succomber au charme de ce petit film tendre, poétique, épicé d’humour, qui peut rappeler Le Jardin secret d’Agnieszka Holland (1993), Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (Jean-Pierre Jeunet, 2001) et, encore, Comet (Sam Esmail, 2014).
Le Merveilleux jardin secret de Bella Brown (88 minutes) et son court supplément (9 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm. Le menu animé et musical propose le choix entre version originale, avec sous-titres optionnels, et doublage en français, les deux au format Dolby Digital 5.1.
En supplément, Dans les coulisses du film (9’) n’apporte pas grand-chose. Réalisateur et acteurs se relaient pour des commentaires superficiels sur les personnages. Simon Aboud nous confie que l’idée du scénario lui est venue de la lecture d’un livre de jardinage (celui qu’Alfie prête à Bella) avant de nous dire qu’il aime les histoires dans lesquelles les protagonistes ont à combattre et à franchir des obstacles.
L’image (2.35:1) allie à la délicatesse de sa texture et de sa palette de couleurs une grande netteté, dans toutes les conditions d’éclairage.
Le son Dolby Digital 5.1, ouvert et dynamique, restitue les dialogues avec clarté dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical (le doublage en français les place toutefois un peu trop en avant). L’image sonore, naturellement centrée sur les voies frontales dans un film donnant une place essentielle aux dialogues, s’ouvre néanmoins sur les voies latérales dans la scène d’orage.
Crédits images : © L’Atelier d’Images