Les Fiancés (1963) : le test complet du DVD

Fidanzati, I

Réalisé par Ermanno Olmi
Avec Anna Canzi et Carlo Cabrini

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 19/12/2017
Critique

Les Fiancés

Giovanni, soudeur à Milan, et Liliana sont fiancés depuis plusieurs années. Avec l’usure du temps et de l’habitude, l’amour de Giovanni a insensiblement glissé vers l’indifférence. Il accepte la proposition de son entreprise d’un détachement de 18 mois en Sicile…

Les Fiancés (I Fidanzati), sorti en 1963, est le troisième long métrage d’Ermanno Olmi, après Posto (L’Emploi), Il réalisé deux ans plus tôt, simultanément édité par Tamasa.

Les Fiancés se situe à la croisée des chemins du néoréalisme et de la nouvelle vague : aucune dramatisation dans le scénario, encore moins que dans celui d’Il Posto. L’assèchement des relations de Giovanni et Liliana est montré dès le générique dans une scène où, attablés en bordure de la piste d’un dancing, muets, ils évitent que leurs regards se croisent.

Les Fiancés, plus encore que le film précédent, se déroule avec une grande économie de dialogues. Giovanni, pendant tout son séjour en Sicile, desserre rarement les lèvres, mais regarde attentivement son nouvel environnement, si différent de celui qui lui était familier : un complexe industriel isolé en bordure de mer, les rues étroites et pentues du village où il a loué une chambre, et des scènes inhabituelles, la pose des toiles sur les ailes d’un moulin dans les marais salants, le chahut d’enfants dans une église, provoqué par l’entrée d’un chien, les gestes mécaniques d’un jeune garçon de café, le carnaval avec ses masques, ses grosses têtes, l’immolation par le feu d’un mannequin, un accident sur le chantier… Giovanni écoute aussi toutes les conversations, les propos condescendants des gens du Nord sur les Siciliens, des Siciliens sur les Algériens…

Les Fiancés

Le regard porté par Ermanno Olmi sur le quotidien de gens ordinaires (interprétés, comme dans les deux premiers films, par des acteurs non professionnels), sans dramatisation, donne au film les allures d’un documentaire, une marque de son cinéma, qui atteindra son apogée dans son chef-d’oeuvre, L’Arbre aux sabots (L’Albero degli zoccoli), Palme d’or en 1978.

Loin des yeux, près du coeur…

Mais la fiction ne perd pas ses droits : l’isolement de Giovanni, le poids de la solitude, semblent lui faire prendre conscience de l’importance de la présence de Liliana dans sa vie. C’est au moins ce qui transparaît peu à peu dans les lettres qu’il lui envoie, lettres qui sont lues au spectateur par les deux acteurs, parfois présents dans le cadre, parfois hors champ.

Contrairement au déroulement chronologique d’Il Posto, le scénario un peu plus austère de Les Fiancés est parsemé de courts flashbacks qui dévoilent l’évolution des relations de Giovanni et Liliana avant la séparation.

Peut-être cette longue séparation resserrera-t-elle les liens du couple ? Encore une fin ouverte, comme celle d’Il Posto.

Éclipsé par le succès des films ultérieurs, en particulier de L’Arbre aux sabots (récemment réédité), Les Fiancés a été salué par le Prix de l’OCIC (aujourd’hui remplacé par le Prix du jury oecuménique) à Cannes en 1963. Sa ressortie dans les salles françaises le 27 septembre 2017 et son édition dans la CollectionViva l’Italia! vont faciliter sa découverte par un plus large public.

Les Fiancés

Édition - 6,5 / 10

Les Fiancés (74 minutes) tient sur un DVD-9 logé, comme les autres éditions Tamasa, dans un fin digipack. Le menu, fixe et sonorisé, propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format Dolby Digital 1.0.

À l’intérieur, un livret de 16 pages avec les commentaires de Jean A. Gili (critique et historien du cinéma, auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur le cinéma italien). Il suppose qu’Ettore Scola a pu être inspiré par la scène du dancing pour l’ouverture de son film Le Bal (1983) et souligne que les lettres, qui ne commencent à s’échanger qu’assez tard dans le film, sont pour Ermanno Olmi « la prise de conscience de tout ce qui n’a pas encore été dit, ou pas encore oublié », et les appels téléphoniques, le signe « que le lien continue d’exister, que le fiancé s’est transformé en époux ». Il rappelle qu’Olmi privilégiait les acteurs amateurs : « Leurs réactions me captivent davantage, car elles sont plus claires et plus significatives ». Le livret relève aussi la chronologie bouleversée du film par des flashbacks et flashforwards qui en font « un récit à tiroirs ».

Pas d’autre bonus vidéo que la bande-annonce et un diaporama de huit affiches du film. Là encore, comme pour Il Posto, l’édition Criterion de 2010 était plus généreuse.

L’image (1.85:1) a été débarrassée de toutes les marques de dégradation de la pellicule, avec une réduction du bruit respectueuse de la texture argentique. Elle est toutefois assez terne, peu contrastée, avec des blancs manquant de luminosité et des noirs légèrement poreux.

Le son Dolby Digital 1.0 est, lui aussi, très propre, avec peu de souffle, une assez bonne dynamique, mais un spectre concentré dans le medium.

Crédits images : © Tamasa

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
6,5 / 10
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Philippe Gautreau
Le 19 décembre 2017
Les Fiancés, à la croisée des chemins du néoréalisme et de la nouvelle vague, derrière le drame d’un couple au bord de la séparation, porte un regard quasi-documentaire sur l’Italie des années 60, en plein essor industriel.

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