La Fille de Dracula

La Fille de Dracula (1972) : le test complet du Blu-ray

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Jess Franco
Avec Carmen Yazalde, Anne Libert et Alberto Dalbés

Édité par Artus Films

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Le 23/07/2018
Critique

La Fille de Dracula

Luisa arrive au chevet de sa mère, la baronne Karlstein. Juste avant de mourir, la vielle femme lui dévoile qu’une malédiction pèse sur la famille et lui donne la clef de la crypte où repose leur ancêtre, le comte Dracula, un vampire…

La Fille de Dracula, une coproduction franco-portugaise, est l’un des quelques deux cent films réalisés et, pour la plupart, écrits par le prolifique Madrilène Jesús Franco, alias Jess Franco, qui signa de nombreux films sous divers pseudonymes masculins, tels Clifford Brown Jr., James Lee Johnson, Lennie Hayden, James Gardner, Wolfgang Frank, etc., voire féminins, Betty Carter, Lulu Laverne, Candy Coster ou, encore… Rosa María Almirall !

La Fille de Dracula fut tourné au Portugal, à Sintra, en 1972, une année fertile pour Jess Franco avec la réalisation de neuf films, mais loin d’égaler le record qu’il atteindra en 1973 avec… douze films ! Il lui arrivait de mélanger les cartes et de placer certaines séquences d’un film pour étoffer un autre. Un homme hyperactif, donc, et pas seulement derrière une caméra : il s’était essayé, sous le nom de plume de David Khume, à l’écriture de romans avant de s’engager dans celle de multiples scénarios et de tirer profit des années passées au Real Conservatorio de Madrid en composant la musique de 72 films sous le pseudonyme le plus fréquent de Pablo Villa. Et ce n’est pas tout : il a, parallèlement, été le chef opérateur de deux douzaines de tournages et assuré le montage d’une cinquantaine de longs métrages ! J’allais oublier, il a aussi fait l’acteur, dans une centaine de ses films : il tient dans La Fille de Dracula le rôle d’un certain Jefferson qui se révèle être une sorte d’émule du fameux professeur Van Helsing.

Avec le soutien d’Eurociné, la société de production française créée par Marius Lesoeur, il peut trouver une liberté d’expression que ne pouvait lui offrir l’Espagne franquistes et réalise, en 1962, L’Horrible Docteur Orlof (Gritos en la noche) et Le Sadique Baron von Klaus (La Mano de un hombre muerto) dont le succès commercial servit de tremplin pour la suite de sa carrière. Pour celles et ceux qui veulent en savoir plus sur ce cinéaste à part, Artus Films a édité en novembre 2015 l’ouvrage de référence (750 pages), Jess Franco, ou les prospérités du bis.

La Fille de Dracula

La Fille de Dracula, on n’en sera pas surpris après ce petit rappel biographique, n’est pas un parangon d’oeuvre aboutie, ni pour la profondeur d’un scénario qui pourrait tenir sur un ticket de métro, ni pour la direction des acteurs, ni pour le montage qui semble avoir été en partie joué aux dés, ni pour la synchronisation de l’image et du son (particulièrement relâchée dans la longue scène où le baron Max, le père de Luisa, accompagne au piano la première étreinte saphique de sa fille avec la jeune Karine.

La Fille de Dracula s’ouvre sur le lent déshabillage d’une femme dans sa salle de bain sous l’oeil concupiscent qu’on devine aisément être celui de Luisa que l’on reverra, en pied cette fois, en tenue d’Ève, dans de tendres ébats avec Karine, pendant deux longues scènes. Des scènes cruciales, à tout le moins emblématique du cinéma de Jesús Franco qui a profité de l’assouplissement de la censure en France (bien avant sa suppression officielle en 1974) pour épicer tous ses films d’une bonne rasade de pornographie softcore.

Une autre caractéristique de La Fille de Dracula est de jeter aux orties toute la mythologie du vampirisme édictée par Bram Stoker. Renouvelez votre caisse à outils : troquez au plus vite les pieux de bois contre des pics à glace idéaux pour traverser la boîte crânienne des vampires dont vous voulez vous débarrasser. Avec Jess Franco, les vampires peuvent de balader sans brûlures sous l’ardent soleil portugais et le comte Dracula a perdu tout le charme qui lui permettait d’envoûter ses victimes. Ce n’est plus qu’un vieillard quasi-grabataire (à peine a-t-il la force de s’asseoir dans son cercueil dans lequel on doit lui apporter des victimes, préalablement dénudées, pour qu’il puisse sucer le sang qui le maintient moribond ! Un comte Dracula moins séduisant que Christopher Lee, mais pourtant guère moins connu, puisqu’il est interprété par Howard Vernon, un fidèle qu’on a vu dans pas moins de 46 films réalisés et/ou écrits par Jess Franco, dans des emplois aux antipodes du digne rôle de Werner von Ebrennac dans Le Silence de la mer de Jean-Pierre Melville !

Les puristes du cinéma vampirique feront la moue. Les curieux auront confirmation que tout évolue, pour le meilleur et parfois pour le pire, et se demanderont si le très polyvalent Jesús Franco n’aurait pas aurait mieux exprimé son talent en maîtrisant son hyperactivité.

La Fille de Dracula

Présentation - 3,5 / 5

La Fille de Dracula (82 minutes) et ses suppléments (22 minutes) tiennent, dans cette édition combo, sur un Blu-ray BD-50 et un DVD-9 logés dans un boîtier de 11 mm.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale en français, sans sous-titres, au format audio LPCM 2.0 mono.

Bonus - 2,5 / 5

La Main d’un assassin (19’), par Jean-François Rauger, critique spécialiste du cinéma fantastique. Jess Franco, regardant les recettes et canons du cinéma fantastique gothique comme des acquis connus de tous, a entrepris de les déconstruire et d’opérer une « confusion du mythe et de la réalité » en invitant le réel dans ses films fantastiques. Le critique, à ce propos, met en valeur une séquence où l’on voit une banale voiture se garer dans une rue de Sintra. Il souligne également « une dilatation du temps » qui s’arrête pour l’insertion de scènes érotiques. Il cite enfin une critique de La Revue du cinéma qui éreinte l’oeuvre de Jess Franco et pose la question : ne serait-il pas un cinéaste d’avant-garde ? Une analyse plutôt complaisante…

Pour finir, un diaporama (3’) de photos du film en noir et blanc et d’une affiche, la bande-annonce des films de la collection Jess Franco qui vient de s’enrichir, le 5 juin 2018, avec la sortie de deux autres combos, Les Démons et Les Expériences érotiques de Frankenstein (La Maldición de Frankenstein, 1973) et d’un DVD, Tender Flesh (Carne fresca, 1997).

Image - 4,0 / 5

L’image (2.35:1, 1080i, AVC) est étonnamment propre : le bruit a été éliminé jusqu’à un lissage excessif, flatteur, mais qui dénature la texture argentique. Les couleurs, fraîchement ravivées, belles dans l’ensemble, manquent parfois de naturel, comme celle de l’océan dans les toutes premières séquences du film. La compression ne laisse apparaître aucun défaut, même dans les séquences avec des volutes de fumée de cigarettes.

Son - 4,5 / 5

Le son LPCM 2.0 mono est, également, d’une exemplaire propreté, débarrassé de tous bruits parasite et même du souffle, pratiquement imperceptible. Le spectre est largement ouvert, en particulier vers les aigus, cristallins. Très peu de saturations, même dans les forte de la musique.

Crédits images : © Artus Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 24 juillet 2018
Avec La Fille de Dracula, le prolifique Jesús Franco jette aux orties toute la mythologie du vampirisme édictée par Bram Stoker : son comte Dracula est devenu grabataire et il nous invite à épier les ébats saphiques de deux jolies filles. Un inédit emblématique de l’œuvre du réalisateur de près de… 200 films !

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