Réalisé par A.B. Shawky
Avec
Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz et Osama Abdallah
Édité par Le Pacte
Beshay, abandonné par ses parents dans une léproserie quand il était enfant, depuis longtemps guéri, décide, après la mort de sa femme, de partir vers le sud de l’Égypte à la recherche de sa famille. Obama, un jeune orphelin nubien, s’est caché dans la charrette tirée par un âne…
Yomeddine (« jugement dernier », en arabe) est le premier long métrage d’Abu Bakr Shawky, dit A.B. Shawky : il en est le producteur, le scénariste et le réalisateur. Retenu dans la sélection du festival de Cannes, il reçut le Prix François Chalais.
Les ingrédients du misérabilisme sont là : Beshay, interprété par un vrai lépreux, porte les stigmates de sa maladie, visage rongé, mains déformées, forte claudication. Il survit en chinant tout ce qui peut se revendre sur une colline de déchets. Obama et lui ne peuvent qu’estimer approximativement leur âge et ignorent le nom de leurs parents.
Yomeddine, bien qu’il étale les misérables conditions de vie de tous ceux qui ont été laissés au bord de la route, entre pourtant dans la case « film pur bonheur » (traduction par l’Office québécois « feel-good movie »). La longue quête de leurs racines n’est pas une promenade de santé : la charrette se disloque, l’âne Harby meurt d’épuisement, Beshay est maintes fois violemment rejeté… Mais la solidarité entre déshérités joue et les deux compères partagent des moments de joie.
L’impact de Yomeddine aurait profité d’un plus juste équilibre entre angélisme et réalisme. On peut, d’autre part, lui reprocher d’être un peu trop prévisible, de manquer de rythme et une réalisation très conventionnelle.
Malgré ces réserves, le film valait bien une édition vidéo : les occasions de découvrir le nouveau cinéma égyptien en France sont plutôt rares. On connaît maintenant A.B. Shawky et on attend avec curiosité la sortie d’un second long métrage.
Yomeddine (93 minutes) et ses suppléments (15 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm, glissé dans un fourreau.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres imposés qui auraient pu être placés plus bas sur l’image, et le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.
Entretien avec A.B. Shawky (15’). Yomeddine s’inspire d’un documentaire qu’il avait réalisé, dix ans auparavant, sur une colonie de lépreux. Après un temps de recherche, l’écriture du scénario s’est faite en trois semaines. Il évoque le choix des acteurs, tous deux analphabètes, les quatre mois de travail pour les préparer au tournage, les difficultés de financement, l’éloignement des lieux de tournage qui dura quatre mois, la postproduction étalée sur un an. L’accompagnement musical a été confié à Omar Fadel, un Égypto-américain. Il a connu Federico Cesca, le chef-opérateur, à la New York University. Pour faire oublier aux acteurs l’existence de la caméra, elle a été portée à l’épaule ou avec un easyrig, un système de stabilisation plus léger que le steadicam. Des films comme Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning ou Elephant Man, de David Lynch, emblématiques de la marginalité, lui ont servi de référence.
Bande-annonce.L’image (1.85:1), finement résolue, propose une palette agréablement saturée et de fermes contrastes.
Le son Dolby Digital 3.1 (ou stéréo, au choix) est propre, avec une bonne dynamique. La séparation des voies, très faible dans les deux formats, profite essentiellement à l’accompagnement musical associant instruments du Moyen-Orient à un orchestre symphonique.
Crédits images : © Desert Highway Pictures