Heartstone : Un été islandais (2016) : le test complet du DVD

Dans le petit village de pêcheurs commence un nouvel été bien différent des autres pour Kristján et Thor, en pleine puberté. Le premier voit apparaître les premiers poils sous ses aisselles alors que le second, un peu plus jeune, encore totalement glabre, colle sur son pubis des cheveux prélevés sur la brosse de sa mère, comme pour hâter la destinée. Les filles, cet été-là, ont pris une place qu’elles n’avaient jamais occupée dans les pensées des garçons…

Heartstone, un été islandais (Hjartasteinn), le premier long métrage de Guðmundur Arnar Guðmundsson, a récolté une impressionnante moisson de prix, pas seulement en Islande, mais à Chicago, Prague, Milan, Dallas…, ainsi qu’à Angers, où il remporta au Festival du premier film européen trois prix, dont le Grand prix du jury et à la Mostra de Venise où lui fut décerné le Lion queer.

Bien que le thème du passage de l’enfance à l’âge adulte, avec l’éveil du désir charnel, ait été des milliers de fois traité au cinéma, Heartstone, un été islandais propose un récit original, tissé avec les souvenirs de l’adolescence du réalisateur, passée dans un petit village islandais, relatés sans intermédiaire par le scénario dont il est l’auteur.

Heartstone, un été islandais montre, avec délicatesse, mais sans pudibonderie, l’excitation créée par l’éveil du désir sexuel chez les deux garçons, angoissant pour Kristján. Si les jeux anodins ont pu, encore un temps, laisser une place au doute, la vérité finit par s’imposer à lui : son amitié pour Thor a glissé vers une attirance. Une transformation douloureusement ressentie par l’adolescent confronté à l’étroitesse d’esprit d’une petite communauté à laquelle on ne peut longtemps dissimuler sa différence, à un père alcoolique et brutal, aux moqueries d’un redoutable « rouquin ».

Tout paraît vrai dans ce que le film nous montre du monde des adultes, mais surtout du comportement des enfants, tous débutants ou avec une expérience limitée à un court métrage : jeux, bourrades, moments de tendresses échangées, accès de violence, moments de solitude… tout semble se dérouler comme si la caméra n’avait pas été là.

Heartstone, un été islandais, bien mis en scène, se hisse, parmi d’autres oeuvres sur le thème de la sexualité au moment du passage de l’enfance à l’âge adulte récemment sorties en vidéo, à la hauteur de Thelma (Joachim Trier, 2017), Ava (Léa Mysius, 2017), Rara (Pepa San Martin, 2016), Esteros (Papu Curotto, 2016), ou encore Summer (Sangailes vasara, d’Alanté Kavaïté, 2014).

Heartstone, un été islandais (124 minutes) et ses suppléments (27 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un digipack de 7 mm.

Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels bien placés à cheval sur la bande noire, dans deux formats, Dolby Digital 5.1 et 2.0 stéréo.

Sous-titres pour malentendants.

À l’intérieur, un livret illustré de 12 pages avec le synopsis, une biographie de Guðmundur Arnar Guðmundsson, une note d’intention, dans laquelle il dit avoir voulu raconter et mettre en images des souvenirs de son adolescence, un entretien avec le réalisateur dans lequel il souligne que certains personnages sont le reflet de ceux connus dans son enfance, notamment d’une de ses soeurs, alors que d’autres ont développé leur individualité propre au cours de l’écriture du scénario qui a, peu à peu, donné au récit une dimension fictionnelle ; le choix d’un petit village s’est imposé comme un lieu où il est difficile d’afficher sa différence et impossible de la cacher… Le livret se termine sur les fiches technique et artistique.

Présentation du réalisateur (2’) sur la scène du Festival de Ghent, en anglais, il révèle que le scénario a été largement nourri par des souvenirs de son enfance dans un petit village d’Islande.

Réactions des spectateurs (2’), recueillies, à Paris, à la sortie d’une projection.

Ártún, court métrage de Guðmundur Arnar Guðmundsson (2014, couleurs, 2.0:1, 21’) Arnar et ses deux copains Siggi et Jaffi fument en cachette et disent que la nicotine… ça excite des filles ! Après avoir piqué des cigarettes, ils invitent Anna et Birna à faire un tour. Après quelques cigarettes, c’est Arnar que les filles invitent à un petit moment d’intimité… Une sorte d’esquisse de Heartstone, un été islandais.

Pour finir, une galerie de photos et la bande-annonce.

L’image (2.35:1), d’une texture délicate, un peu trop douce parfois, déploie une palette de couleurs naturelles, très légèrement saturées, en alternance sous la lumière douce du soleil ou sous celle, parcimonieuse, de ciels plombés, avec une belle profondeur de champ révélant les détails d’étranges paysages.

Le son Dolby Digital 5.1 (ou 2.0 stéréo, au choix) bénéficie d’une large bande passante et d’une forte dynamique (révélée dès le début du film quand les deux adolescents défoncent des pare-brise dans une casse de voitures). Dialogues et musique sont clairement rendus et la version multicanal crée une discrète sensation d’immersion dans l’ambiance (le vent souffle apparemment sans discontinuer en Islande) sensiblement plus nette que ne le fait le format stéréo.

Crédits images : © SF Studios, Join Motion Pictures