Jeux d'influence (2018) : le test complet du DVD

Réalisé par Jean-Xavier de Lestrade
Avec Alix Poisson, Laurent Stocker et Jean-Francois Sivadier

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 26/07/2019
Critique

Un docu-fiction sur les effets pervers des pesticides sur la santé des agriculteurs. Une référence évidente au Glyphosate.

Jeux d'influence - Saison 1

Le directeur marketing d’une grande entreprise de l’agrochimie est découvert noyé dans la Seine. Un agriculteur porte plainte contre la multinationale qu’il accuse d’être à l’origine de la terrible maladie qui le frappe. Un député et son assistant parlementaire bataillent pour l’interdiction d’un pesticide toxique. Face à eux, les moyens d’un groupe industriel puissant et un redoutable cabinet d’avocats lobbyistes.

Jeux d’influence est une minisérie réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, cocréée avec Antoine Lacomblez, avec une contribution à l’écriture du scénario de Sophie Huet et Pierre Linhart, diffusée par ARTE France à partir du 13 juin 2019.

Scénariste et réalisateur indépendant, Jean-Xavier de Lestrade s’est fait connaître par des documentaires sociétaux, notamment sur le fonctionnement des institutions judiciaires, en particulier américaines, avec Un Coupable idéal, réalisé en 2001, sorti dans nos salles en février 2003 et salué aux USA, sous le titre Murder on a Sunday Morning, par l’Oscar du meilleur documentaire en 2002. Puis il y eut Soupçons - The Staircase, une série documentaire en 8 épisodes sur les démêlés judiciaires du romancier américain Michael Peterson, condamné en 2003 à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle, puis libéré sous caution en 2011, un premier volet qui sera suivi en 2013 du documentaire Soupçons : la dernière chance (The Staircase II: The Last Chance).

Jeux d'influence - Saison 1

Jean-Xavier de Lestrade viendra ensuite à la fiction en réalisant en 2015 Malaterra, une adaptation de [PROGRAM(broadchurch)] à la sauce corse, pas si goûteuse que l’originale, et, surtout, sur un scénario coécrit avec Antoine Lacomblez, les deux remarquables miniséries 3 X Manon, en 2014, (Prix de la meilleure série du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des Films de Télévision) et, en 2017, Manon 20 ans, sur la socialisation d’une jeune fille, observée à deux moments de sa vie, à 15 ans, puis à 20 ans.

Sur un sujet d’actualité, la toxicité des produits phytosanitaires, en particulier des pesticides, les auteurs se concentrent sur le lobbying, les interventions d’industriels, dans les couloirs de l’assemblée nationale, pour assurer la défense d’intérêts privés auprès du pouvoir, défenseur de l’intérêt public.

Jeux d’influence se réfère manifestement à l’affaire du Glyphosate, une molécule herbicide, fortement soupçonnée d’avoir des effets cancérigènes, le principe actif du Roundup, produit phare de Monsanto, racheté par le groupe Bayer, récemment condamné par la Cour d’Oakland à verser à un couple d’agriculteurs une indemnité de 2 milliards de dollars. Dans la fiction, le Glyphosate s’appelle Limithrol et le groupe industriel Saskia.

Les principaux protagonistes du drame sont le député Guillaume Delpierre (Laurent Stocker), rapporteur de la commission de l’agriculture, son assistant Romain Corso (Pierre Perrier), Andrew Percy (Thierry Hancisse), le PDG de Saskia, l’avocat Mathieu Bowman (Jean-François Sivadier), la journaliste d’investigation qu’il s’est adjointe, Claire Lansel (Alix Poisson) et Michel Villeneuve (Christophe Kourotchkine), le céréalier souffrant d’une leucémie attribuée au Limithrol. Sans oublier Didier Forrest (Marc Citti), le responsable marketing de Saskia, retrouvé noyé au cours du premier épisode.

Jeux d'influence - Saison 1

Le sujet du lobbying a souvent été traité à l’écran, récemment avec Miss Sloane (John Madden, 2016) et sur le ton de la comédie par Thank You for Smoking (Jason Reitman, 2006). Tout comme celui de l’affrontement, à armes inégales, d’un particulier contre un groupe puissant, avec Erin Brockovich (Steven Soderbergh, 2000) ou La Fille de Brest (Emmanuelle Bercot, 2016), sur l’affaire du Mediator fabriqué par les Laboratoires Servier. Un sujet intéressant sur les liens d’une nature qui peut devenir délicate entre les groupes industriels et le pouvoir exécutif, législatif et judiciaire.

Jeux d’influence pêche pourtant par les attitudes et le comportement caricaturaux des personnages, particulièrement ceux d’Andrew Percy, de Mathieu Bowman et de Claire Lansel. Nous nous limiterons, pour ne pas dévoiler l’intrigue, à citer l’exemple de l’invraisemblable traitement infligé par les « méchants » à Chloé, la fille de Didier Forrest. Noircir les personnages à l’excès, jusqu’au ridicule, n’aboutit qu’à saper la crédibilité du propos. La gravité du problème, malheureusement bien réel, aurait mérité une approche plus nuancée, comme celle, infiniment plus crédible, du film Miss Sloane.

Dommage ! Sans ce défaut majeur et en dépit de quelques petites baisses de tension, Jeux d’influence, bien photographiée par Isabelle Razavet, la chef-opératrice attitrée de Jean-Xavier de Lestrade, aurait pu être un nouveau fleuron dans une riche filmographie.

Jeux d'influence - Saison 1

Présentation - 4,0 / 5

Jeux d’influence (6 épisodes d’une durée cumulée de 382 minutes) et son supplément (23 minutes) tiennent sur deux DVD-9 logés dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un étui.

Le menu animé et musical propose la série au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo, avec sous-titres optionnels pour les passages en anglais.

Piste d’audiodescription DD 2.0 et sous-titres pour malentendants.

Bonus - 2,5 / 5

Entretien avec Jean-Xavier de Lestrade (23’). Il se souvient que son père, agriculteur, avait été interpelé en 2011par la démarche de Paul François, utilisateur du produit Lasso, le premier agriculteur français à porter plainte contre Monsanto. La série cherche à expliquer pourquoi et comment les intérêts privés peuvent l’emporter sur l’intérêt public. Il voit la série comme un produit de consommation : « il faut que ça ait beaucoup de goût (…) et que ce soit extrêmement dramatisé, voire spectaculaire. » Mais elle doit, aussi, montrer des personnages auxquels on s’attache, avec quelques « moments de grâce », comme dans la scène de Didier Forrest avec sa fille. La vraie différence entre la réalisation d’un documentaire et d’une fiction n’est pas dans l’écriture du scénario. Elle tient à la direction des acteurs : ils sont le précieux matériau de l’oeuvre et doivent s’écouter.

Jeux d'influence - Saison 1

Image - 4,5 / 5

L’image (2.10:1), bien définie dans les limites autorisées par le DVD, lumineuse et agréablement contrastée, avec des noirs denses et des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées, assure une bonne lisibilité de tous les plans quelles que soient les conditions d’éclairage.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 2.0 stéréo bénéficie d’une bonne dynamique et d’une assez large bande passante. On regrettera l’absence de son multicanal bien qu’une séparation satisfaisante des deux voies crée parfois une discrète sensation d’immersion dans l’ambiance. Les dialogues manquent occasionnellement de clarté, défaut tantôt imputable à la prise de son, tantôt à un manque d’articulation.

Crédits images : © What’s up Films

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 27 juillet 2019
Le portrait caricatural des personnages limite malheureusement la portée de cette dernière réalisation de Jean-Xavier de Lestrade. La dénonciation du préoccupant problème d’actualité, l’usage incontrôlé des pesticides, aurait été plus crédible avec une approche plus nuancée.

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