Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul : le test complet du DVD

Pack

Réalisé par Jayro Bustamante
Avec María Mercedes Coroy, Sabrina De La Hoz et Margarita Kenéfic

Édité par ARP Sélection

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Le 21/10/2020
Critique

Deux longs métrages, sortis en salles, mais inédits en vidéo, du jeune cinéaste guatémaltèque Jayro Bustamante. Deux beaux films pour le prix d’un !

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Ixcanul. María, une Indienne maya de 17 ans, est promise en mariage à Ignacio, le contremaître qui vient surveiller la cueillette du café dans une plantation, au pied d’un volcan du Guatemala. Décidée à choisir un autre destin, María se donne à El Pepe, un saisonnier qui s’enfuit après avoir bu tout son salaire…

La Llorona. Le général Enrique Monteverde est jugé coupable de génocide pour le massacre d’Indiens mayas, puis blanchi par l’annulation du jugement. De la foule de manifestants amassés sous les fenêtres de sa résidence, sort une jeune femme en robe blanche, Alma, une nouvelle domestique. Alma serait-elle la Llorona, la pleureuse, le fantôme que seuls entendent les coupables ?

Deux visages du Guatemala propose deux des trois longs métrages écrits et réalisés par le cinéaste guatémaltèque Jayro Bustamante, venu au cinéma par les films publicitaires, Ixcanul (« volcan » en langue maya), sorti en 2015, et La Llorona (une femme du folklore mexicain, séduite et abandonnée par un homme, devient folle, noie ses enfants et est condamnée à errer en pleurs). Ses trois films sont sortis dans nos salles. L’autre, Tremblements (Tremblores), en 2019, était le seul à avoir été, jusqu’ici, édité en vidéo en France.

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Ixcanul et La Llorona, de genres différents, ont en commun d’être centrés sur les Mayas, au milieu desquels Jayro Bustamante, le fils d’une femme médecin, a passé toute son enfance sur un haut plateau du Guatemala, au milieu des plantations de caféiers. Deux actrices mayas tiennent les rôles principaux, María Mercedes Coroy, ceux de María et d’Alma, María Telón, ceux de Juana, la mère de María et de Valeriana, la servante (et fille adultérine) d’Enrique Monteverde.

Ixcanul, tourné sur les flancs du volcan Pacaya, toujours actif, est un mélodrame familial qui peut être vu comme le prétexte à un documentaire ethnologique, tourné au sein d’une communauté d’Indiens mayas, en langue maya, avec un aperçu des coutumes locales, par exemple des incantations de la mère de María aux esprits et aux forces de la nature, la terre, le vent, l’eau, le volcan, amalgamées aux prières catholiques, pour un mariage heureux de sa fille.

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Les deux films ont un autre trait commun, leur dimension politique. Ixcanul dénonce le dénuement des Mayas : María vit avec ses parents dans la seule pièce d’une cabane de planches disjointes ; une grande partie, voire la totalité, de la paie des saisonniers revient dans l’escarcelle du contremaître qui leur vend du rhum. La Llorona est accompagné par les accusations scandées par une foule brandissant la photo des morts et disparus. Dans le livret joint à l’édition, Jayro Bustamante rappelle que la guerre civile a fait, en 36 ans, 250 000 morts, plus de 40 000 disparus et déplacé 100 000 personnes. Le personnage étrange, quasi-mutique, d’Alma, dès son apparition, une demi-heure après le générique, donne au film un ton fantastique, entre rêve et réalité, que le réalisateur, dans le livret joint, qualifie de « réalisme magique » : « La Llorona hante les coupables (…) elle est l’étoffe de leurs cauchemars »… et les poussera jusqu’à la folie.

Deux visages du Guatemala permet d’apprécier une belle photographie, notamment de magnifiques clairs-obscurs, et une écriture filmique épurée, généralement une suite de plans fixes dans lesquels se déplacent les personnages et quelques lents mouvements de caméra, surtout des panoramiques. Jayro Bustamante donne une forme très soignée, sans afféteries, au contenu original de son oeuvre. Ce qui lui a valu d’être sélectionné par une quarantaine de festivals dans lesquels il a glané une trentaine de prix.

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Présentation - 4,0 / 5

Le coffret Deux visages du Guatemala contient deux DVD-9 supportant deux films, Ixcanul (88 minutes) et La Llorona (93’), logés dans un boîtier de 14 mm, glissé dans un fourreau.

Un menu animé et musical propose chaque film dans sa version originale (Ixcanul en maya, La Llorana en espagnol), avec sous-titres imposés, idéalement placés à cheval sur la bande noire, au format audio Dolby Digital 5.1.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 12 pages dans lequel Jayro Bustamante rappelle le contexte historique, les massacres perpétrés au cours des 18 mois au pouvoir d’Efraín Ríos Montt (C’est manifestement lui que représente le général Monteverde : il ne passera qu’un jour en prison à la suite de sa condamnation pour génocide qui sera cassée par la Cour constitutionnelle). Dans l’entretien qui suit, le réalisateur rappelle son enfance passée au milieu des Mayas, son goût pour les marionnettes, ses débuts dans la publicité, ses études de cinéma à Paris, puis à Rome, pour un master en écriture. Il évoque ensuite la genèse d’Ixcanul et de La Llorona, revendique l’intention politique de son cinéma et rend hommage à María Mercedes Coroy, « devenue une femme très importante au Guatemala. »

Deux visages du Guatemala : La Llorona + Ixcanul

Bonus - 0,5 / 5

Pour tout supplément, la bande-annonce des deux films.

Image - 4,5 / 5

L’image (2.35:1), bien définie, à la texture délicate, lumineuse, agréablement contrastée, avec des noirs denses propose des couleurs naturelles, dans une palette plus chaude pour Ixcanul, un peu plus froides pour La Llorona.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 assure la clarté des dialogues et donne une belle présence à l’accompagnement musical sud-amérindien pour Ixcanul, contemporain pour La Llorona, avec, en arrière-plan, les clameurs scandées par les manifestants, et, pendant les crédits, l’étrange mélopée de la pleureuse. Une répartition cohérente du signal sur les cinq voies crée une réelle sensation d’immersion dans l’action.

Crédits images : © Romeo López Aldana - La Casa de Production - Tu Vas Voir Productions - Les Films du Volcan

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 22 octobre 2020
Ces deux longs métrages, encore inédits en vidéo, d’un jeune cinéaste guatémaltèque rappellent les dures conditions de vie des Mayas et les cicatrices laissées par les massacres perpétrés par la dictature militaire, encore douloureuses après un tiers de siècle. Une édition bienvenue pour celles et ceux qui n’ont pas vu ces films exceptionnels lors de leur sortie en salles.

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