Le Désert de la peur (1958) : le test complet du DVD

Ice Cold in Alex

Réalisé par J. Lee Thompson
Avec John Mills, Sylvia Syms et Anthony Quayle

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 08/07/2020
Critique

Pourchassés par l’armée allemande, trois hommes et une femme n’ont qu’un moyen d’échapper à la mort : tenter une impossible traversée du désert à bord d’une ambulance.

Le Désert de la peurS’échappent à bord d’une ambulance de l’enfer de Tobrouk, en Libye, lourdement bombardé par la Luftwaffe, quatre Britanniques : le capitaine Paul Anson, le sergent-chef Tom Pugh et deux infirmières, Diana Murdoch et Denise Norton. Ils ont reçu l’ordre de rejoindre le gros de leur armée, à Alexandrie. Au début d’une expédition de 600 miles à travers le désert, ils rencontrent un officier sud-africain, le capitaine Van der Poel, qu’ils acceptent de prendre à leur bord…

Le Désert de la peur (Ice Cold in Alex. On aurait pu trouver un titre en français plus fidèle à l’original, par exemple, « une bien glacée à Alexandrie »), salué par le Prix FIPRESCI décerné à l’unanimité à la Berlinale de 1958, est le dixième de la cinquantaine de films du réalisateur britannique J. Lee Thompson, sortis de 1950 à 1989. Il s’est surtout fait connaître par Les Canons de Navarone (The Guns of Navarone, 1961) et par deux épisodes de la franchise de La Planète des singes, La Conquête de la planète des singes (Conquest of the Planet of the Apes, 1972) et La Bataille de la planète des singes (Battle of the Planet of the Apes, 1973). Mais son chef-d’oeuvre, pour moi, reste Les Nerfs à vif (Cape Fear, 1962) qui inspirera Martin Scorsese pour un remake à la hauteur de l’original, sorti en 1991 sous le même titre, Les Nerfs à vif.

Après avoir suivi des cours d’art dramatique et écrit quelques pièces de théâtre, J. Lee Thompson est venu au cinéma en rejoignant l’équipe de scénaristes des Elstree Studios où il a aussi été formé au montage aux côtés de David Lean et Alfred Hitchcock. Une bonne école !

Just one for the road

« Juste un pour la route », c’est la seule excuse qui vient à l’esprit du capitaine Anson quand Diana le surprend en train de s’enivrer avec Van der Poel, qu’il avait accueilli dans le petit groupe simplement parce qu’il avait… plus d’une bouteille de gin dans son sac ! Anson, le personnage principal, est un alcoolique, secoué par des tremblements dès qu’il est en manque, sujet à des crises d’angoisse. S’il n’est pas un héros, ses compagnons de route non plus. Des gens ordinaires qui n’ont pas d’autre choix qu’essayer de sauver leur peau. Le seul qui garde longtemps une part de mystère, c’est Van der Poel.

Le Désert de la peurAll against the desert, the greater enemy!

Le Désert de la peur est l’adaptation d’un roman quasi-autobiographique de Christopher Landon qui servit en Libye pendant la seconde guerre mondiale, avec le rang de capitaine dans le 51ème bataillon d’ambulanciers. Plutôt qu’un film de guerre, c’est avant tout un film d’aventure, racontant une lutte pour la survie. Un sujet qui tient manifestement à coeur de J. Lee Thompson. Il accommodera la même recette, accommodée à une autre sauce, l’année suivante pour Aux frontières des Indes (North West Frontier, 1959), dans lequel un autre capitaine et ses protégés fuient pour leur vie à bord d’un train tiré par une locomotive au bout du rouleau, en terrain hostile, là où les Allemands sont remplacés par des Indiens musulmans rebelles. Mais en Libye, l’ennemi le plus redoutable n’est pas tant l’Afrika Korps que le désert !

J. Lee Thompson a fait équipe, pour près d’une dizaine de ses films, avec le chef opérateur Gilbert Taylor (qui allait acquérir une réputation internationale avec Star Wars - Episode IV : Un nouvel espoir (Star Wars, 1977, le premier volet de la saga), et avec Richard Best, pour le montage.

Le suspense est soutenu par une succession d’incidents dramatiques, tirs et bombardements ennemis, traversée d’un champ de mines, sables mouvants, sans compter les pannes (réservoir d’eau percé, rupture d’un essieu), l’ensablement de l’ambulance… mis en scène et montés avec efficacité.

La distribution est une autre force du film avec, dans le rôle du capitaine Anson, John Mills, abonné aux rôles d’officier, un emploi qui lui vaudra un Oscar du meilleur second rôle pour La Fille de Ryan (Ryan’s Daughter, David Lean, 1970). On l’a aussi vu dans des comédies, telle Chaussure à son pied (Hobsons’s Choice, David Lean, 1954), récemment édité par Tamasa Diffusion.

Lui donnent la réplique, Anthony Quayle, un autre acteur britannique réputé, à l’affiche d’oeuvres remarquables comme Anne des 1000 jours (Anne of the Thousand Days, Charles Jarrott, 1969) ou la série Masada (Boris Segal, 1981), Harry Andrews, une des gueules du cinéma britannique qui incarne le sergent, grade qu’il conservera dans La Colline des hommes perdus (The Hill, Sidney Lumet, 1961). L’infirmière, c’est Sylvia Syms, encore à ses débuts, avant qu’elle n’attire l’attention des producteurs dans La Victime (The Victim, Basil Dearden, 1961). On la reverra, beaucoup plus tard, dans le rôle de la reine-mère de The Queen réalisé par Stephen Frears en 2008.

Il manque, dans la version qui nous est aujourd’hui présentée, environ sept minutes que J. Lee Thompson a accepté de retirer pour que le British Board of Film Classification, alors très strict, autorise le film aux enfants accompagnés par des adultes (PG). Le film a subi, certainement pour d’autres raisons, une amputation beaucoup plus sévère pour sa distribution aux USA sous le titre Desert Attack, réduisant sa durée à… 70 minutes !

Le Désert de la peur, un des bons films de J. Lee Thompson, encore inédit en vidéo en France, enrichit le catalogue de Tamasa Diffusion qui accorde une large place au cinéma européen de patrimoine.

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Présentation - 4,0 / 5

Le Désert de la peur (125 minutes) et ses suppléments (42 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack.

Le menu fixe et sonorisé propose le film dans sa version originale, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 1.0.

À l’intérieur du digipack, un livret de 12 pages rédigé par Charlotte Garson, spécialiste du cinéma britannique qui a déjà accompagné d’autres éditions de Tamasa Diffusion, récemment celles de The Green Man et The Family Way. Centré sur un enjeu, « rester suffisamment vivant pour déguster une bière », Le Désert de la peur, avec une « vision bon enfant du patriotisme et de l’héroïsme », réussit à entretenir le suspense sur toute sa durée. Charlotte Garson fait ressortir la complexité des passagers de « ce convoi des braves brinquebalant ». Une fine analyse, bien écrite, d’un film qui s’avère être « une réussite dans sa modestie même. »

Cette édition reprend le matériau de celle, dite du 60ème anniversaire, sortie en février 2018 au Royaume Uni par Studiocanal, mais sans nous proposer la version Blu-ray disponible outre-Manche.

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Bonus - 3,5 / 5

Tamasa a repris l’essentiel des suppléments de l’édition Studiocanal.

Entretien avec Steve Chibnall (13’), auteur de plusieurs ouvrages sur le cinéma, dont J. Lee Thompson, édité en 2001 par Manchester University Press. Un thème récurrent du cinéma de J. Lee Thompson est celui de « l’anti-héros (…) cherchant à échapper à une situation oppressante ». Ice Cold in Alex, un film de guerre atypique, avec une forte tension dramatique, est son premier film tourné hors du Royaume Uni, dans le rude environnement du désert libyen où l’équipe fut transportée par l’armée italienne.

Slyvia Syms : souvenirs d’un tournage hors normes (13’). « Pas besoin de jouer : nous étions nos personnages » dans un milieu hostile, à deux heures de voiture de Tripoli, avec des graviers soufflés par le vent et des mouches que les aspersions au DDT ne suffisaient pas à chasser, sans compter les scorpions et autres énormes araignées. J. Lee Thompson dirigeait les acteurs sans jamais hausser le ton. La scène finale où Anson engloutit le verre de bière tant désiré a été si souvent reprise que John Mille avait du mal à marcher droit. Son cachet d’actrice encore débutante n’était que de 30 livres par semaine, mais elle s’est fait un peu plus d’argent avec les publicités pour Carlsberg !

Entretien avec Melanie Williams, professeur à l’université d’East Anglia (16’). Ice Cold in Alex, un quasi-documentaire, tourné après la crise du Canal de Suez, est un des nombreux films de guerre sortis au Royaume Uni dans les années 50. Avec ses trois personnages masculins contrastés et l’importance qu’il donne au personnage féminin, le film reste loin des clichés du film de guerre, le substitut européen du western. J. Lee Thompson a souvent eu maille à partir avec la censure et il a dû faire des coupes, notamment dans la scène d’amour entre Anson et Diana dont le chemisier était trop généreusement déboutonné. Populaire en Grande Bretagne, bien accueilli en Europe, Ice Cold in Alex est un des meilleurs films de guerre des années 50.

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Image - 4,0 / 5

L’image (1.66:1) a été débarrassée de toute trace de dégradation de la pellicule par une restauration qui a été un peu trop loin dans la réduction du grain en altérant légèrement la texture argentique. Ceci dit, le dégradé de gris est rendu avec finesse, avec quelques plans faiblement contrastés.

Son - 4,5 / 5

Le son Dolby Digital 1.0 est étonnamment propre, sans aucun bruit parasite dus à l’usure de la piste, ni même de souffle. Les dialogues sont parfaitement clairs et l’accompagnement musical assez finement restitué dans une bande passante nécessairement concentrée dans le medium, avec peu de saturations.

Crédits images : © Tamasa Diffusion

Configuration de test
  • Vidéo projecteur JVC DLA-X70BRE
  • OPPO BDP-93EU
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • TEST EN RÉSOLUTION 1080p - Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 9 juillet 2020
Des gens ordinaires, pas vraiment des héros, doivent relever un incroyabble défi pour sauver leur peau. Encore inédit en vidéo, un grand film, pourtant peu connu, de J. Lee Thompson. Suspense garanti !

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