Réalisé par Svetla Tsotsorkova
Avec
Monika Naydenova, Svetlana Yancheva et Assen Blatechky
Édité par Tamasa Diffusion
Rayna, sa soeur aînée, Kamelia, et sa mère, à l’étroit dans une masure au bord d’une route, vivotent en extrayant de l’argile avec laquelle elles fabriquent de la vaisselle et des statuettes. Rayna aime apitoyer les acheteurs en leur racontant des histoires tragiques, un jeu qui finira par ébranler le petit noyau familial.
Sister (Sestra, Сестра), sorti dans nos salles en octobre 2020, tourné de petits moyens, est le deuxième long métrage Svetla Tsotsorkova, après Thirst (Jajda, 2015). Les deux scénarios, coécrits par la réalisatrice et Svetoslav Ovtcharov, ont en commun le thème de la rupture de l’équilibre des relations entre les membres d’une petite cellule familiale.
La sortie d’un film bulgare en France est un événement rare : ce pays, sur une superficie un peu plus grande, abrite la population de la Nouvelle Aquitaine, 8 millions d’habitants et ne produit que quatre à cinq films par an. On peut citer, parmi les sorties des dernières années, Eastern Plays et Tête baissée réalisés par Kamen Kalev en 2009 et 2015, Avé (Konstantin Bojanov, 2011), sélectionné à la Semaine de la Critique, The Lesson (Urok, 2014), Taxi Sofia (Posoki, Stephan Komandarev, 2015), Glory (Slava, 2016), réalisés par Kristina Grozeva et Petar Valchanov…
Sister est centré sur Rayna, présente dans toutes les scènes, jouant les Cassandre avec une pointe d’insolence illustrée par un doigt d’honneur sur le plan choisi pour l’affiche du film. Aux clients médusés, elle raconte que sa mère l’avait oubliée en plein été dans une poussette. C’est pourquoi, elle est allergique au soleil et on la prend pour un garçon (la poussette était bleue). Ces histoires, probablement une échappatoire à la monotonie de sa vie, sans conséquence tant elles sont invraisemblables, sapent les fragiles fondations de la famille quand elles deviennent crédibles et impliquent les proches.
Sister souligne la précarité des conditions de vie en Bulgarie : Rayna partage avec sa soeur une chambre exiguë, secouée par le souffle des camions qui défilent sur la route. Le film, comme le faisait, deux ans plus tôt, Taxi Sofia, égratigne aussi les institutions bulgares, les déficiences du système de santé et la corruption de la police.
Avec une mise en scène conventionnelle, surtout faite d’une suite de plans fixes, Sister tire son atout majeur de la performance de la jeune Monika Naydenova, 17 ans, que Svetla Tsotsorkova avait déjà employée dans son premier long métrage. Elle réussit, sans laisser paraître la moindre émotion, comme le dicte son personnage, à irradier d’une délicate lumière un sombre drame.
Sister (94 minutes) et ses suppléments (22 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé un fin digipack.
Le menu fixe et musical propose le film dans sa version originale, en bulgare, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo.
Dans la couverture du digipack, un livret de 16 pages s’ouvre sur un entretien avec Svetla Tsotsorkova. Le film a été tourné dans un village qu’elle a habité, où les gens vivent de l’argile. Monika Naydenova, déjà en tête de distribution de Thirst, et Assen Blatechki, l’interprète de Miro, ont su montrer l’évolution de leurs personnages. Le livret se poursuit par une interview de Monika Naydenova : « Quand j’ai joué dans Thirst, je n’avais pas la moindre idée de ce que je faisais ». Elle avait alors 13 ans, 17 ans dans Sister. Si Svetla Tsotsorkova veut toujours d’elle (elle a maintenant quelques tatouages), elle est prête à jouer dans un troisième film. Le livret se referme sur le générique.
Ma vie avec Sophia, court métrage de Svetla Tsotsorkova (Zhivot sas Sofia, 2004, 20’, 1.66:1, DD 2.0 mono). Vachko se souvient avoir demandé la main de Sofia, sa voisine, en lui offrant une paire de boucles d’oreilles. Elle les a prises… et a épousé Marin. Celui-là a disparu depuis des lustres. Mais Sofia continue de rejeter les avances de Vachko : tant qu’elle n’a pas vu le cadavre de Marin, elle sait qu’il va revenir. Dans le rôle-titre, Svletana Yancheva, la mère de Sister.
Bande-annonce (1’41”).
L’image numérique, au ratio 2.35:1, saisie sous éclairage naturel, bien résolue, propose des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées, et des contrastes fermes garantissant une parfaite lisibilité de tous les plans.
Le son Dolby Digital 2.0 stéréo restitue clairement les dialogues dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical (avec un arrangement de la cavatine L’ho perduta des Noces de Figaro de Mozart) et l’ambiance, dans laquelle une bonne séparation des deux canaux parvient à immerger le spectateur.
Crédits images : © Doha Film Institute, Omega Films