Incitement (2019) : le test complet du DVD

Un étudiant israélien assassine en 1995 le premier ministre Yitzhak Rabin, réduisant à néant un espoir de paix entre Israël et la Palestine.

Un accord de paix fut signé le 13 septembre 1993, sous l’égide des USA, par le premier ministre d’Israël Yitzhak Rabin et, au nom de La Palestine, par Yasser Arafat, président du comité exécutif de l’OLP, complété par les accords d’Oslo des 4 mai 1994 et 28 septembre 1995, prévoyant la restitution des terres annexées pendant la Guerre des six jours. Ces accords, validés par la Knesset à la faible majorité de 61 voix contre 59, ont suscité l’hostilité d’une partie des Israéliens, notamment des colons, soutenus par les religieux, selon lesquels personne ne pouvait chasser un Israélien de la terre promise par Dieu à ses ancêtres. Yigal Amir, un Juif d’ascendance yéménite, placé à 13 ans par ses parents dans une yeshiva, une école où l’on enseigne la Torah et le Talmud, étudiant en droit à l’université de Bar-Ilan à Tel Aviv, projette d’assassiner Yitzhak Rabin.

Incitement (Yamim noraim, soit « les jours redoutables »), salué en 2019 par le Prix du meilleur film décerné par l’Académie israélienne du cinéma et de la télévision, sélectionné dans de nombreux festivals, nous arrive directement en vidéo.

Il a été réalisé par Yaron Zilberman et coécrit avec le scénariste Ron Leshem qui a, récemment, contribué à l’écriture de la minisérie franco-belgo-israélienne No Man’s Land. Yaron Zilberman avait réalisé en 2004 son premier film, Watermarks, un documentaire sur une équipe féminine de natation confrontée au nazisme, disponible dans le coffret 5 films israéliens : Jeunesses d’Israël, puis Le Quatuor (A Late Quartet, 2014), son premier long métrage de fiction, avec Christopher Walken et Philip Seymour Hoffman.

Incitement, documentaire-fiction, nous fait suivre le parcours de Yigal Amir, à partir du moment où il se détermine à éliminer Yitzhak Rabin quand il assiste à l’enterrement du docteur Baruch Goldstein, auteur du massacre de la mosquée du Caveau des Patriarches à Hébron, où il tua, le 25 février 1994, au moment de la prière du matin, 29 musulmans et en blessa 125, avant d’être battu à mort quand il rechargeait son arme.

Incitement se caractérise par l a fidélité de sa relation des faits, renforcée par l’insertion de nombreuses archives filmées. Le choix du ratio 1.33:1, le même que celui des inserts, fait qu’il est parfois difficile, avec des archives d’une bonne qualité technique, de démêler la fiction de la réalité.

Au cours de son procès, Yigal Amir, a dit avoir agi selon « la loi juive », en exécutant, avec la bénédiction de plusieurs rabbins, un din rodef (l’équivalent d’une fatwa). Il a été condamné à la prison à vie. Aucun des rabbins n’a été inquiété.

Incitement soulève nécessairement une question : l’acte de Yigal Amir a-t-il changé le cours de l’histoire ? Le film, par des références factuelles, illustrées par l’image, rappelle l’engrenage de la violence entre Israéliens et Palestiniens, chaque agression d’un camp entraînant la réplique vengeresse de l’autre. Cette profonde opposition, vieille d’un siècle, est attisée par l’intégrisme religieux qui incite, dans chacun des deux camps, à rejeter les lois, ces règles que les hommes choisissent pour vivre ensemble, parce qu’elles seraient surpassées par une « loi divine », dont les préceptes sont déduits d’une lecture littérale et orientée des textes anciens, fondateurs des « religions du livre ».

Incitement (123 minutes) tient sur un DVD-9, logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en hébreu, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, les deux au format audio Dolby Digital 5.1.

À l’intérieur du boîtier, un livret de 12 pages rappelle les polémiques suscitées en Israël par le film qui, au-delà de la reconstitution du parcours d’Yigal Amir, dénonce « la nature cyclique de la violence (…) avec une résonnance contemporaine très puissante (…), une immersion au coeur des maux de la société israélienne, de ses clivages et de ses paradoxes. » Suit un entretien avec le réalisateur qui souhaitait, après quatre ans de recherche, exposer « les forces personnelles, interpersonnelles et publiques qui ont agi sur le meurtrier (…) sans susciter d’empathie pour lui ». Le livret se referme sur un entretien avec le coscénariste Ron Leshem qui dit avoir voulu « se tourner courageusement vers le tueur, visiter les étapes de son lavage de cerveau, les idées sombres et terrifiantes inculquées par certains « rêvant de remplacer la démocratie par un État religieux, une théocratie. »

Aucun supplément, seulement les bandes-annonces d’Incitement, d’American Assassin (Michael Cuesta, 2017), de Big Bad Wolves (Mi mefahed mezeev hara, Aharon Keshales, Navot Papushado, 2013), de Killing Gunther (Taran Killam, 2017) et de Parkland (Peter Landesman, 2013).

L’image numérique, précise, lumineuse, agréablement contrastée, avec des couleurs naturelles. Les nombreuses archives filmées, insérées par un habile montage, se fondent naturellement dans le cadre au ratio 1.33:1, au point qu’il est parfois difficile de distinguer la fiction de la réalité.

Le son Dolby Digital 5.1 de la version originale assure la clarté des dialogues, dans un bon équilibre avec l’accompagnement musical et l’ambiance qu’une très faible sollicitation des canaux latéraux centre sur le plan frontal.

Ces observations valent pour le doublage.

Crédits images : © Metro Communications, Opening Night Productions, Mountaintop Productions, WestEnd Films