Les Contrebandiers de Santa Lucia (1979) : le test complet du Blu-ray

I contrabbandieri di Santa Lucia

Combo Blu-ray + DVD

Réalisé par Alfonso Brescia
Avec Mario Merola, Antonio Sabàto et Gianni Garko

Édité par Artus Films

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Le 16/09/2021
Critique

Film noir policier italien violent, en version intégrale inédite, appartenant à la fin de l’âge d’or du genre (1970-1980).

Les Contrebandiers de Santa Lucia

Iran, France, Italie, USA 1979 : pour faire échouer une énorme livraison d’héroïne vers New York en provenance d’Iran à la faveur de la désorganisation policière locale, un capitaine de la police italienne a l’idée de passer un accord avec les contrebandiers de Naples, port de transit qu’il juge probable. L’accord est scellé mais les deux parties ignorent que c’est précisément un Napolitain qui organise très secrètement l’opération de livraison vers les USA avec l’accord de familles puissantes des deux côtés de l’océan Atlantique : la guerre des gangs est alors déclarée ; ses répercussions se feront sentir jusqu’à New York.

Les Contrebandiers de Santa Lucia (I Contrabandieri di Santa Lucia, Ital. 1979) de Alfonso Brescia (1930-2001) est très inégal mais c’est un cas intéressant de l’histoire du cinéma, que sa version intégrale ici restituée pour la première fois en France, permet d’apprécier plus objectivement que l’ancienne version française très écourtée. Il appartient à la fin de l’âge d’or 1970-1980 du film noir policier violent italien : Antonio Sabato et Gianni Garko avaient été vedettes de westerns puis de films noirs policiers en Italie au tournant des années 1970 et, dix ans plus tard, on les retrouve ici une fois de plus dans des rôles similaires.

Ce qui est nouveau, c’est l’insistance de Brescia concernant Naples comme toile de fond d’une série brescienne (et un peu brechtienne aussi, parfois) peu connue car mal distribuée au cinéma en France, à savoir Napoli serenata calibro 9 (Ital. 1978), Napoli… la camorra sfide, la citta risponde (Ital. 1979), La Tua vita per mio figlio (Ital. 1980), Napoli-Palermo-New York : il triangolo della camorra (Ital. 1981). Elle est à la fois néo-réaliste (certains plans de la ville semblent relever du documentaire pris sur le vif, à l’arrachée) et anti-réaliste (le chanteur populaire Mario Merole reconverti en gangster, il est vrai chevaleresque et opposé à la drogue, mais que les Napolitaines reconnaissent de toute évidence dans la rue au détour de certains plans). Cette insistance ne se traduit pas forcément par l’innovation : l’amorce du personnage du petit garçon débrouillard (car devenu orphelin) se trouvait par exemple dans le dernier plan de SOS Jaguar : opération casseurs (Napoli violenta, Ital. 1976) d’Umberto Lenzi : Brescia aime ce personnage et le reprendra à plusieurs reprises. Les curieuses scènes iraniennes proviennent, pour leur part, en partie de stocks-shots bien réels de la révolution islamique chiite de 1979 mais aussi, concernant la fabrication de l’héroïne, de séquences plus anciennes prélevées par la société de production PAC dans un titre antérieur de son catalogue, à savoir La Filière (Afyion oppo, Ital. 1972) de Ferdinando Baldi. Plus incroyable encore : un fragment de la publicité italienne pour la petite voiture Fiat 127 est réutilisé dans une poursuite automobile. Il y a quelque chose de surréaliste dans un tel détournement d’autant plus provocateur qu’il était immédiatement reconnaissable et identifiable par le public italien de l’époque. Enfin, n’oublions pas un curieux et inattendu clin d’oeil auto-filmographique : Gianni Garko et le petit garçon jouant le rôle de l’orphelin commentent une affiche du film Lo Scugnizzo (Ital. 1979, inédit en France) de Brescia dans lequel ils jouent tous les deux puis Brescia lui-même fait irruption dans le plan (sans se nommer, jouant un simple passant anonyme) et se moque de lui-même.

Cette dérision parfois assumée, ce curieux mélange d’ultra-violence et d’humanité, de dénonciation sociale et de roublardise populiste, d’élégance stylistique occasionnelle et de vulgarité assumée, peuvent certes être considérés comme des symptômes de décadence, comme annonçant typiquement la fin du genre ― il survivra dans certaines séries TV mais renaîtra assez lentement au cinéma dans les années 1980 et 1990 avec de rares titres intéressants tels que, par exemple, Cent jours à Palerme (Ital. 1984) de Giuseppe Ferrara, L’Escorte (Ital. 1993) de Ricky Tognazzi ― mais ils constituent aussi l’originalité indéniable de ces derniers films noirs italiens signés Alfonso Brescia, cinéaste qui honora les genres les plus divers (péplum, giallo, érotisme, film noir policier violent, western) durant son âge d’or de 1965-1970, parfois sous le pseudonyme « Al Bradley ».

Les Contrebandiers de Santa Lucia

Présentation - 2,0 / 5

1 digipack Artus, édité le 07 septembre 2021, contenant 1 DVD-9 PAL zone 2 + 1 Blu-ray BD50 région B. Durée du film (version intégrale) : 93 min. 35 sec. environ (sur Blu-ray), 90 min. env. (sur DVD). Format 2.35 original respecté compatible 16/9, couleurs. Son Linear PCM VOSTF 2.0 mono + VF d’époque mono sur Blu-ray, Dolby Digital mono sur DVD. Suppléments (sur Blu-ray et sur DVD)  : présentation par Curt Riedel (30 min. env.) + diaporama affiches et photos (30 sec. env.) + bandes annonces Artus des autres titres de sa collection Polar.

Bonus - 3,0 / 5

Ces bonus sont visibles aussi bien sur le Blu-ray que sur le DVD.

Présentation par Curt Riedel (durée 30 min. environ) : elle permet de parfaitement situer le film et détaille très soigneusement la biographie et la filmographie de Brescia, son évolution thématique et générique, des années 1965 à sa fin. Riedel passe ensuite aux acteurs principaux Gianni Garko, Antonio Sabato, Mario Merole sans oublier un acteur comique et quelques précisions concernant le personnage du petit Napolitain orphelin et débrouillard. L’ensemble est illustré par des affiches soigneusement reproduites et parfois même savoureusement commentées (la bagarre évitée de justesse entre Klaus Kinski et Antonio Sabato évoquée à propos de l’affiche de Deux fois traître (Due volte Giuda, Ital. 1968) de Nando Cicero dans lequel ils tournaient tous les deux en vedette).

Diaporama (durée env. 30 sec.) : quatre ou cinq photos italiennes d’exploitation et une ou deux affiches. Elles sont, comme d’habitude, très bien reproduites mais j’attendais davantage de documents. Relative déception, donc.

Les Contrebandiers de Santa Lucia

Image - 3,0 / 5

Format original 2.35 respecté en couleurs, compatible 16/9 (Full HD 1080p AVC sur Blu-ray). Copie argentique en état inégal, à l’émulsion en état variable (du très bon au médiocre : toute la gamme est couverte), selon qu’il s’agit de la continuité de 1979 ou bien de certains stock-shots rapportés (révolution iranienne de 1979) ou bien encore de plans empruntés à d’autres films voire même à une publicité italienne pour une voiture Fiat 127. Bon transfert vidéo sur le plan numérique, cependant. Et surtout, version intégrale inédite auparavant en France, restituant toute sa dimension native matérielle à ce titre autrefois défiguré par ses distributeurs français au moment de sa sortie cinéma.

Son - 3,0 / 5

Linear PCM 2.0 mono (sur le Blu-ray) ou Dolby Digital mono (sur le DVD) en VOSTF et VF d’époque : offre complète pour le cinéphile francophone. La VF est en assez mauvais état technique : elle est heureusement complétée par de nombreuses séquences VOSTF qui restituent l’intégralité du film, autrefois sérieusement mutilé par ses distributeurs cinéma français de l’époque. La VO italienne est, pour sa part, en bon état. Quelques chansons napolitaines entrecoupent une musique standard à couleur parfois bien locale.

Crédits images : © Orsa Maggiore Cinematografica, Produzioni Atlas Consorziate

Configuration de test
  • Téléviseur 4K LG Oled C7T 65" Dolby Vision
  • Panasonic BD60
  • Ampli Sony
Note du disque
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francis moury
Le 17 septembre 2021
Film noir policier italien violent, en version intégrale inédite, appartenant à la fin de l’âge d’or du genre (1970-1980), à sa décadence : très inégal mais traversé de courants variés et parfois assez inattendus. Une curiosité intéressante historiquement, ici présentée en version intégrale beaucoup plus longue que la version cinéma mutilée autrefois exploitée chez nous.

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