Réalisé par Joachim Lafosse
Avec
Leïla Bekhti, Damien Bonnard et Gabriel Merz Chammah
Édité par Blaq Out
Leila, restauratrice de meubles et Damien, artiste peintre, et leur fils, Amin habitent une grande villa isolée. L’unité de la famille soudée est menacée par l’état de santé de Damien, bipolaire.
Les Intranquilles, en compétition à Cannes pour la Palme d’or, sorti en salles fin septembre 2021, est le neuvième long métrage du cinéaste belge Joachim Lafosse, son neuvième film situé dans le cadre familial et le troisième sur le délitement d’un couple, après À perdre la raison (2012) et L’Économie du couple (2016).
La vraisemblance du scénario a été attestée par Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’Hôpital Saint-Antoine, dans un entretien accordé à Télérama, tant dans la description des symptômes de Damien que dans les réactions de son entourage. Joachim Lafosse confie dans le dossier de presse avoir rencontré plusieurs patients hospitalisés à Sainte-Anne, avoir vécu aux côtés de son père, bipolaire, et s’être inspiré de plusieurs lectures, notamment du récit autobiographique L’Intranquille (2009) de l’artiste peintre, graveur et sculpteur Gérard Garouste.
Les Intranquilles nous laisse découvrir l’étrangeté du comportement de Damien dès la première scène quand, au cours d’une sortie en mer, il plonge pour regagner la côte à la nage et charge son fils, âgé de six ou sept ans, de ramener seul le bateau à son mouillage. Peu après, il se lève à deux heures du matin pour réparer un solex. Ce n’est que plus avant dans le film qu’on saura qu’il souffre de troubles bipolaires. Il ne faut pourtant pas s’attendre à une approche clinique de la maladie : la seule scène à l’hôpital dure moins d’une minute. Tout se joue dans le cocon familial.
Les Intranquilles montre, avec un réalisme parfois inquiétant, les hauts et les bas de l’humeur de Damien, les phases d’exaltation qui nourrissent son inspiration mais le rendent insupportable et dangereux, suivies, après hospitalisation et traitement, par un état dépressif et végétatif incompatible avec la composition de ses toiles (des tableaux de Piet Raemdonck). Les furtives lueurs d’espoir données par des moments d’apaisement et de tendresse tendent à vaciller dans une fin qui reste cependant ouverte.
Les Intranquilles doit beaucoup à l’interprétation de Leïla Bekhti, remarquée dès 2006 dans le téléfilm Harkis d’Alain Tasma, Meilleur espoir féminin aux Césars 2010 pour Tout ce qui brille (Hervé Mimran, Géraldine Nakache), distinguée aussi dans La Source des femmes (Radu Mihaileanu, 2011). Mais on est surtout frappé par la performance de Damien Bonnard, révélé en 2016 par son premier grand rôle dans Rester vertical d’Alain Guiraudie et revu récemment en tête de distribution de Les Misérables de Ladj Ly.
Les Intranquilles, bien qu’un resserrement du récit eût dissipé quelques impressions de longueur, laissera probablement une empreinte durable dans la mémoire du spectateur.
Les Intranquilles (114 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check disc.
Le menu fixe et musical offre le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou stéréo.
Piste d’audiodescription DD 2.0.
Sous-titres pour malentendants.
Aucun supplément.
L’image numérique au ratio 2.35:1 propose des couleurs naturelles, bien contrastées et étalonnées, mais est affectée par un grain occasionnellement gênant sur certaines parties du cadre.
Le son Dolby Digital 5.1 restitue clairement les dialogues et avec finesse la musique accompagnant quelques scènes. L’utilisation timide des canaux latéraux place l’image sonore dans le plan frontal, limitant son effet immersif, y compris dans les prises en extérieur. Ce qui réduit la distinction avec le format stéréo proposé pour les installations basiques.
Crédits images : © Fabrizio Maltese