L'Affaire collective (2019) : le test complet du DVD

En Roumanie, où la presse reste muselée, un quotidien sportif ose dénoncer la corruption et ses effets délétères sur le système de santé.

À Bucarest, le 30 octobre 2015, 27 personnes meurent dans l’incendie de la discothèque Collectiv. Sur les 90 rescapés soignés pour leurs brûlures, 37 décèdent dans les quatre mois, la plupart des suites d’une infection bactérienne contractée dans les hôpitaux. Alerté par un médecin, Cătălin Tolontan, journaliste à la Gazeta Sporturilor (Gazette des Sports), mène son enquête…

L’Affaire Collective (Collectiv), présenté dans de nombreux festivals en 2019, sorti dans nos salles en septembre 2021, nommé aux Oscars du Meilleur film étranger et du Meilleur documentaire, est le sixième long métrage du documentariste roumain Alexander Nanau dont nous avions apprécié le premier film édité en vidéo en France, Toto et ses soeurs (Toto si surorile lui, 2014), un émouvant témoignage sur les âpres conditions de vie de trois enfants du ghetto rom de Bucarest.

Le constat dressé par le journaliste est accablant. Bien que les hôpitaux roumains ne fussent pas en mesure de traiter correctement plus de cinq ou six grands brûlés, des transferts vers des hôpitaux à l’étranger furent refusés. Les désinfectants vendus par Hexi Pharma, dilués jusqu’à dix fois, inefficaces pour protéger les patients des infections nosocomiales.

L’Affaire Collective oppose les témoignages des proches des victimes et des survivants aux dénégations du ministre de la santé. Ses tentatives de justification de l’injustifiable, alors que le scandale a éclaté, finiront par l’obliger à démissionner.

Son successeur, Vlad Voiculescu, longuement filmé dans L’Affaire Collective, révélera l’ampleur des dysfonctionnements : les principes actifs étaient vendus à Hexi Pharma à sept fois leur prix d’achat par une société offshore, médecins et directeurs des hôpitaux recevaient des pots-de-vin… La corruption érigée en système allait jusqu’à gangréner tout le ministère de la santé ! L’affaire prend une tournure de film policier avec la mort du p.d.g, de Hexi Pharma, Dan Alexandru Condrea dans le crash de sa voiture contre un arbre, classée comme suicide par le parquet. À moins que tous ceux qu’il avait soudoyés n’aient aidé le sort pour rester anonymes…

L’Affaire Collective, passionnant récit d’un scandale mis au grand jour par de courageux lanceurs d’alerte, se hausse au niveau d’intérêt du documentaire-fiction La Fille de Brest réalisé par Emmanuelle Bercot en 2016 sur le scandale du Mediator.

L’Affaire Collective (109’minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier glissé dans un fourreau, non fourni pour le test.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en roumain, au format audio Dolby Digital 5.1, avec sous-titres imposés, empiétant trop sur l’image.

Aucun supplément.

L’image numérique (1.85:1) précise, lumineuse, avec des couleurs naturelles bien contrastées, ne suscite aucune réserve.

Le son Dolby Digital 5.1, semblant provenir du centre de l’écran, pourrait passer pour monaural. Ce qui n’est pas gênant pour un film fait de déclarations et d’entretiens.

Crédits images : © Alexander Nanau Production