Las niñas (2020) : le test complet du DVD

La réalisatrice s’est souvenue, en feuilletant un vieux cahier, de l’année 1992 au collège dirigé par des nonnes. Elle avait alors 12 ans…

1992. Celia est une jeune fille de 12 ans qui vit avec sa mère à Saragosse et étudie dans un collège pour filles dirigé par des bonnes soeurs. Brisa, une nouvelle camarade arrivant de Barcelone, l’entraîne vers une nouvelle étape de sa vie : l’adolescence.

Las Niñas, premier long métrage de Pilar Palomero, née en 1980 à Saragosse, là où se tient l’action et où elle a été filmée. Sorti en Espagne en septembre 2020 (dans nos salles un an plus tard), le film fut un coup d’essai réussi. Sélectionné dans une quinzaine de festivals, il a remporté quatre Goyas, du Meilleur film, du Meilleur réalisateur, du Meilleur scénario et de la Meilleure photo.

Las Niñas, évitant les clichés, apparaît authentique, les jeunes actrices semblant oublier la caméra. On est, en particulier, frappé par le naturel d’Andrea Fandós, du même âge que Celia, présente dans tous les plans, alors que son expérience se limitait à un court métrage de 20 minutes tourné deux ans plus tôt, La Comulgante / La Communiante (Ignacio Lasierra, 2018).

Le propos de la réalisatrice-scénariste, souligner l’ancrage profondément patriarcal de la société espagnole du début des années 90 et de l’enseignement qu’elle dispensait aux jeunes filles dans les collèges catholiques, est utilement servi par une suite de petites touches discrètes donnant une image d’ensemble suffisamment nette, sans recours à des traits trop appuyés.

Las Niñas permet de mesurer le chemin parcouru, au cours des dernières décennies, pour permettre aux filles de recevoir une éducation qui ne les conditionne pas à tenir un rôle assigné par la société. Un constat utile au moment où, en Afghanistan, on leur interdit, une fois encore, d’aller à l’école pour les enfermer dans un statut d’infériorité. Celles et ceux que le sujet intéresse pourront voir Secret de famille (A Primeira morte de Joana, Cristiane Oliveira, 2021), également édité par Épicentre Films et, dans un registre plus grave, Osama (Siddiq Barmak, 2003) et Mustang (Deniz Gamze Ergüven, 2015).

Las Niñas (100 minutes) et ses suppléments (35 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un fin digipack.

Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en castillan, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.

Sous-titres anglais disponibles.

Interview de Pilar Palomero, réalisatrice, et de Valérie Delpierre, productrice (9’). Après avoir relu le cahier de catéchisme qu’elle tenait à 12 ans, en 1992, louant la virginité, mettant « la sexualité au service de l’amour », l’idée lui est venue de faire ressentir le poids d’une éducation patriarcale reçue à l’école, un microcosme dans lequel le seul homme autorisé à entrer était le curé, de dire comment était vécue la puberté par les filles, alors poussées à prendre pour modèle la Vierge Marie. Valérie Delpierre, après avoir produit le court métrage de Pilar Malomero, La Noche de todas las cosas, a été intéressée par le sujet de son premier long métrage. Elle se souvient de l’accueil chaleureux du film dans les festivals en Espagne et regrette encore que le contact avec le public à l’étranger ait été limité par la pandémie du covid-19.

La Noche de todas las cosas, court métrage de Pilar Palomero (2016, 18’). Une fillette est le témoin muet de la vie autour d’elle, dans une maison silencieuse et dans la campagne avoisinante. Tourné à Horta de Sant Joan, dans la province de Tarragone.

Making of Las Niñas (4’) Entre quelques prises, Pilar Palomero rappelle ce qui l’a incitée à montrer le passage de l’enfance à l’adolescence en 1992, quand l’Espagne s’ouvrait au monde moderne en accueillant les Jeux olympiques et en organisant l’Exposition universelle. Elle s’est attachée à tout faire pour que les jeunes actrices se sentent libres et espère que le film aidera le spectateur à se souvenir de son adolescence.

Diaporama (2’) : onze photos.

Biofilmographie de Pilar Palomero en 10 lignes. Diplômée en philologie hispanique, elle a suivi en 2013 à la Film Factory un master de réalisation sous la direction de Béla Tarr. Son expérience du cinéma englobe la photographie, l’écriture de scénarios et la réalisation.

Bande-annonce (1’32”), ainsi que celles de Une vie secrète (La Trinchera infinita, Aitor Arregi, Jon Garaño, Jose Mari Goenaga, 2019), Secret de famille (A Primeira morte de Joana, Cristiane Oliveira, 2021) et Les Meilleures intentions (Las Buenas intenciones, Ana García Blaya, 2019).

L’image numérique (caméra Arri Alexa Mini) au ratio 1.37:1, en accord avec la nature intimiste du film, bien définie, finement résolue, agréablement contrastée, déploie des couleurs soigneusement étalonnées dans une délicate palette de couleurs assez peu saturées. La lisibilité de tous les plans est assurée, y compris pour les prises en basse lumière, apparemment sous éclairage naturel.

Le son Dolby Digital 5.1 restitue clairement et dans un bon équilibre les dialogues et l’ambiance dans laquelle une répartition cohérente du signal sur les cinq canaux immerge discrètement le spectateur. Pas d’accompagnement musical : les passages musicaux sont intégrés au récit, comme la chanson de Carlos Naya interprétée par un choeur de jeunes filles, Lunas de papel, qui risque fort de vous trotter longtemps dans la tête.

Crédits images : © Aragón Televisión, Ayuntamiento de Zaragoza, BTeam Pictures, Generalitat de Catalunya - Departament de Cultura, Gobierno de Aragón, Inicia Films, Instituto de la Cinematografía y de las Artes Audiovisuales, Las Niñas Majicas, Movistar+, Programa Ibermedia, Radio Televisión Española, Televisió de Catalunya