Réalisé par Ramon Zürcher
Avec
Henriette Confurius, Liliane Amuat et Ursina Lardi
Édité par Wayna Pitch
Lisa quitte l’appartement qu’elle partageait avec Mara pour aller vivre seule. Entre les cartons, les meubles et la dé-pendaison de crémaillère, son déménagement se transforme en un étrange champ magnétique où amis, amants, parents, voisins et inconnus s’attirent et se mélangent.
La Jeune fille et l’araignée (Das Mädchen und die Spinne), salué à Berlin en 2021 par un Encounter award du meilleur réalisateur et par le Prix FIPRESCI, est le premier long métrage du cinéaste suisse Silvan Zürcher et le deuxième de son frère jumeau Ramon Zürcher dont on avait pu voir L’Étrange petit chat (Das merkwürdige Kätzchen), sorti dans nos salles en 2014.
Tous deux formés à la Deutsche Film- und Fernsehakademie Berlin (DFFB), admirateurs du cinéma d’Éric Rohmer, dans un entretien d’octobre 2021 avec Télérama, disent voir « le cinéma comme moyen pour exprimer un point de vue personnel, artistique, innovant » et vouloir refuser « d’utiliser des images préconçues ».
La Jeune fille et l’araignée, sur un scénario minimaliste coécrit par les deux réalisateurs, fait s’entrecroiser une dizaine de personnages venus aider Lisa à quitter l’appartement qu’elle partageait avec Mara et à s’installer dans le nouveau.
Mara est le personnage central, souvent filmée dans des perspectives écrasées par une longue focale. On ne nous dit rien de ses liens avec Lisa, mais elle paraît visiblement très troublée par son départ. Elle semble attirée par l’un et l’autre des personnages au point d’être prête à céder au désir qu’il (ou elle) lui inspire, quand, à chaque fois, elle recule, sans qu’on sache pourquoi. Est-ce à cause de l’intrusion accidentelle d’une autre personne ? Est-ce à cause de ce bouton d’herpès sur sa lèvre supérieure ? Est-ce une réticence à s’engager dans une relation intime ?
Ressentir, à défaut de comprendre
La Jeune fille et l’araignée, se gardant de donner aucune réponse, continue d’observer le chassé-croisé des personnages. Le spectateur vole quelques instants d’intimité mais ne peut que ressentir la situation, sans qu’aucune explication lui soit donnée.
Cet étrange petit film qui ne devrait pas laisser indifférent. Il pourra, selon la personnalité du spectateur ou le moment choisi, l’agacer ou le charmer s’il peut se satisfaire de ressentir la sensualité qu’il diffuse subtilement, la poésie des dialogues, le mystère entretenu. Il découvrira l’actrice principale, Henriette Confurius, connue en Allemagne pour une soixantaine de rôles, principalement à la télévision. Il pourra aussi être séduit par la beauté des gros plans d’objets familiers reliant les séquences et la valse Gramofon d’Eugen Doga, leitmotiv du film.
La Jeune fille et l’araignée (94 minutes) et ses maigres suppléments (6 minutes) tiennent sur un DVD-9, logé dans un fin digipack.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, en allemand, avec sous-titres incrustés dans l’image, au format audio Dolby Digital 5.1.
Bande-annonce (1’48”).
Personnages (1’14”). Six personnages se succèdent dans de courts extraits du film, recadrés à 1.10:1.
Dessins (1’). Défilent, juxtaposés à leur photo, les portraits au crayon de six personnages, supposés avoir été dessinés par Mara.
L’image numérique, au ratio original de 1.66:1 (le dos du digipack indique 1.85:1), finement résolue, déploie une palette dominée par des couleurs primaires, bien étalonnées.
Le son Dolby Digital 5.1 restitue clairement les dialogues, dans un bon équilibre avec l’ambiance et l’illustration musicale. La répartition du signal sur les cinq canaux génère un effet immersif discret, mais cohérent.
Crédits images : © Beauvoir Films