Parole de kamikaze (2014) : le test complet du DVD

I, Kamikaze

Réalisé par Masa Sawada
Avec et Fujio Hayashi

Édité par Luna Park Films

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Le 01/02/2022
Critique

L’émouvant témoignage, 70 ans après les faits, d’un aviateur japonais chargé d’assigner des missions suicides à de jeunes pilotes.

Parole de kamikaze

À 21 ans, Fujio Hayashi s’est porté volontaire pour la toute première opération kamikaze menée par l’armée impériale japonaise, en octobre 1944. Affecté à la base aérienne de Kônoike, sur l’île de Honshū, il est chargé de désigner les pilotes des ohkas, des avions-fusées sans moteur, armés d’une bombe, que des bombardiers larguaient dans le sillage des bâtiments de la US Navy. Toute sa vie, ces dix-huit mois de guerre continueront de le hanter…

Parole de kamikaze (I, Kamikaze), sorti dans nos salles en juin 2015, distingué à Locarno par une Mention spéciale du jury pour un premier film, est l’enregistrement d’un entretien avec Fujio Hayashi par le producteur japonais Masa Sawada et codirigé par Bertrand Bonello. Installé en France, Masa Sawada a produit ou coproduit une vingtaine de films, parmi lesquels des oeuvres de Naomi Kawase, dont l’attachant Still the Water (Futatsume no mado, 2014), Les Délices de Tokyo (An, 2015), ainsi que le dérangeant Harmonium (Fuchi ni tatsu, Koji Fukada), salué à Cannes en 2016 par le Prix du jury de la section Un certain regard.

Parole de kamikaze

L’ohka (« fleur de cerisier ») était arrimé sous les ailes d’un bombardier que le pilote quittait en plein vol pour prendre les commandes de l’engin, au dernier moment, juste avant le largage qui le faisait tomber en chute libre jusqu’à ce qu’il acquière la vitesse suffisante pour assurer sa portance. Il devenait alors très maniable et pouvait, malgré l’absence de moteur, être piloté en direction de sa cible, le point le plus vulnérable des bâtiments de la flotte américaine du Pacifique, au pied de la cheminée, juste au-dessus de la salle des machines.

Fujio Hayashi dit n’avoir jamais eu la « chance » de piloter un ohka : sa seule mission consistait à désigner les pilotes, signant ainsi leur arrêt de mort, ce qui lui laisse, à 91 ans, soixante-dix ans plus tard, un ineffaçable sentiment de culpabilité, notamment au souvenir de ce meilleur ami dont il a décidé d’interrompre la vie pour ne pas être suspecté de favoritisme. Il dit aussi n’avoir jamais pardonné à l’empereur Hirohito de n’avoir présenté ni excuses, ni aucune marque de gratitude pour le sacrifice de tant de Japonais à peine sortis de l’adolescence, comme en témoigne la seule photo du documentaire montrant quelques quatre-vingts recrues de la base à laquelle il avait été affecté.

Parole de kamikaze, témoignage rare et émouvant, valait largement d’être édité en vidéo. On ne pourra que louer l’initiative de Luna Park Films d’ajouter ce titre à son catalogue, tout en regrettant l’absence de bonus ou d’informations, par exemple sur le nombre de jeunes « volontaires au suicide » sacrifiés aux commandes de bombes volantes, les ohkas ou les chasseurs Zéros avec une quantité d’essence qui n’autorisait aucun retour à la base.

Parole de kamikaze

Présentation - 2,0 / 5

Parole de kamikaze (73 minutes) tient sur un DVD-5 logé dans un boîtier slim de 6 mm.

Un menu fixe et muet se limite à proposer le lien « film » pour lancer la lecture en japonais, au format audio Dolby Digital 5.1, avec sous-titres imposés, incrustés dans l’image.

Bonus - 0,0 / 5

Aucun bonus. Des archives filmées sur les avions à bord desquels les kamikazes partaient en mission auraient été un complément apprécié en illustration des précieux souvenirs de Fujio Hayashi.

Image - 5,0 / 5

L’image numérique, au ratio 1.85:1, sans le moindre grain, mais d’une agréable texture, déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées.

Son - 4,0 / 5

Le son dolby Digital 5.1, est cantonné autour de la voie centrale, pratiquement monophonique, ce qui n’est pas gênant pour un documentaire ne diffusant, presque exclusivement, que la voix de la personne interviewée, mais peut surprendre quand celle de l’interviewer assis près de la caméra, donc derrière le spectateur, se fait entendre. Même le seul passage musical, le Lied Die beiden Grenadiere composé par Robert Schumann sur un poème de Heinrich Heine, un enregistrement de 1952 (remasterisé en 2014) par Dietrich Fischer-Dieskau, accompagné au piano par Gerald Moore, ne sollicite que presque imperceptiblement les voies latérales.

Crédits images : © Comme des cinémas - 2014

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 1 février 2022
Encore chargé d’émotion, soixante-dix ans après, le témoignage d’un des rares survivants des missions suicides lancées par le Japon en octobre 1944 contre la flotte américaine du Pacifique, dans un sursaut nationaliste désespéré alors que la défaite s’avérait inéluctable.

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