Entre deux trains (2019) : le test complet du DVD

Réalisé par Pierre Filmon
Avec Laëtitia Eïdo, Pierre Rochefort et Ronald Guttman

Édité par Tamasa Diffusion

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Le 04/07/2022
Critique

80 minutes, c’est le temps que pourront partager Marion et Grégoire, neuf ans après une brève histoire d’amour. Se reverront-ils un jour ?

Entre deux trains

Il y a neuf ans, Marion et Grégoire ont vécu une brève histoire d’amour. Aujourd’hui, ils se croisent par hasard sur un quai de gare, entre deux trains. Lui arrive, elle repart. Ils ont quatre-vingt minutes pour faire le point sur leur vie, face à face avec leurs vérités et leurs souvenirs. C’est leur dernière chance.

Entre deux trains, tourné dans la première semaine d’octobre 2018, sorti en salles en novembre 2021, sélectionné par 35 festivals, est le deuxième long métrage de Pierre Filmon, réalisateur et auteur du scénario et des dialogues et producteur via la société Almano Films, fondée pour l’occasion. Sélectionné en 2016 à Cannes pour la Caméra d’or, son film Close Encounters with Vilmos Zsigmond était un chaleureux hommage à « son père au cinéma », le célèbre directeur de la photographie de John McCabe (McCabe & Mrs. Miller, Robert Altman, 1971), de Délivrance (Deliveranve, John Boorman, 1972), de Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, Michael Cimino, 1978)…

La rencontre fortuite de deux anciens amants qui se sont perdus de vue depuis neuf ans est racontée en temps réel, dans l’espace de moins d’une heure et demie séparant l’arrivée du train ramenant Grégoire de Bordeaux et le départ de celui que doit prendre Marion pour rejoindre Blois.

Entre deux trains tire sa tension dramatique de l’enjeu attaché à ce bref moment : Marion et Grégoire saisiront-ils la perche que leur tend le hasard pour céder à leur attirance mutuelle et décider de vivre ensemble ? Ou continueront-ils à se satisfaire du vide sentimental dans lequel ils se trouvent ? L’intrigue, malgré son apparente simplicité, est rythmée par les ultimes et soudains mouvements d’arrêt ou de fuite de Grégoire, parfois provoqués par l’intrusion d’un tiers, au moment précis où il est sur le point d’embrasser, de caresser Marion ou d’avoir une relation sexuelle avec elle.

On croit à cette histoire, filmée en décors naturels, dans la gare d’Austerlitz et dans l’enceinte du Jardin des Plantes : dans la Galerie de la paléontologie, sous le presque centenaire cerisier du Japon (un des deux survivants de la tempête du 26 décembre 1999), dans la ménagerie et la volière, dans la serre tropicale, avec une incursion, de l’autre côté de la rue Geoffroy St-Hilaire, dans le café maure de la Grande mosquée. Cette crédibilité tient aussi à la qualité des dialogues et au jeu naturel des deux acteurs.

Pierre Rochefort, le fils de Jean Rochefort et Nicole Garcia, après des emplois secondaires dans Un balcon sur la mer et Un beau dimanche (Nicole Garcia, 2012 et 2014), 38 témoins (Lucas Belvaux, 2012) et Les Adieux à la Reine (Benoît Jacquot, 2012), tient dans Entre deux trains son premier grand rôle. Marion est interprétée par Laëtitia Eïdo qu’on avait découverte dans 24 des 46 épisodes de la mémorable série israélienne Fauda (2015-2018). On remarque surtout, dans les rôles secondaires, Ronald Guttman, avec une solide expérience d’acteur des deux côtés de l’Atlantique, le Denis de l’étonnante série Preacher, curieusement inédite en vidéo physique en France.

À la composition originale de David Hadjadj pour piano, violon et violoncelle s’ajoutent des extraits de quatuors pour cordes d’Edvard Grieg, de Béla Bartók, de l’andante de Der Tod und das Mädchen de Franz Schubert, de la Große Fuge op. 133 de Ludwig van Beethoven. Une place importante allouée à un des plus beaux et plus riches domaines de la musique classique et romantique.

Entre deux trains, fait d’une douzaine de plans séquences insérés en boucle, entre deux travellings des voies ferrées filmées depuis l’arrière du train en marche, confirme le talent de Pierre Filmon. Il termine actuellement un moyen métrage, Jerry Schatzberg, portrait paysage, sur l’univers photographique du réalisateur de Portrait d’une enfant déchue (Puzzle of a Downfall Child, 1970), Panique à Needle Park (The Panic in Needle Park, 1971) et L’Épouvantail (Scarecrow, 1973).

Entre deux trains

Présentation - 3,0 / 5

Entre deux trains (71 minutes) et ses suppléments (59 minutes, sans compter le commentaire audio du film) tiennent sur un DVD-9, logé dans digipack.

Le menu fixe et musical propose le film au format audio Dolby Digital 2.0 stéréo.

Un livret de 20 pages propose une suite d’entretiens recueillis par Yves Alion. Dans le premier, Pierre Filmon évoque sa formation musicale, les difficiles débuts de réalisateur jusqu’au succès de Close Encounters with Vilmos Zsigmond, la longue gestation d’Entre deux trains commencée en 1997 avec une ébauche du scénario, les non-dits sur le passé des personnages formant la « première partie fantôme du film (…), le sentiment du temps compté ». Dans le second entretien, Laëtitia Eïdo et Pierre Rochefort livrent leurs impressions sur le tournage, au milieu des passants. Dans le dernier, Olivier Chambon, directeur de la photographie, confirme l’impossibilité de réaliser un tel film en un seul plan séquence, sans aucune maîtrise de la circulation, et rappelle que le passage de nuages a entraîné un sérieux travail d’étalonnage en postproduction.

En guise d’illustration, sept photos du film ou de tournage et un plan du parcours de Marion et Grégoire dans le Jardin des plantes.

Bonus - 4,0 / 5

Commentaire audio du film par Pierre Filmon. Il souligne la petite taille de l’équipe, l’éclairage naturel, la caméra portée facilitant l’obtention des autorisations de tournage, dans la gare d’Austerlitz en pleins travaux, la bonne entente des deux acteurs. Le film, initialement tourné en un seul plan, a dû être coupé au montage pour des raisons techniques. Aucune reprise des dialogues n’a été nécessaire en postsynchronisation. Le lieu de tournage concentre des décors assez variés pour « faire voyager le spectateur ». Le réalisateur surveillait le jeu des acteurs avec les prises avec le retour-son des micros-cravates qu’ils portaient, en se fiant aux dires d’Ingmar Bergman, « justes au son, justes à l’image ». Un utile complément au film.

Entre deux trains, le tournage (56’, Almano Films, 2019). L’intention première, filmer tout le métrage en un seul plan séquence, fut abandonnée pour la complexité et les coûts qu’elle aurait entraînés, au profit de quelques coupes. Le chef-opérateur Olivier Chambon, spécialisé dans les documentaires, justifie le choix de l’appareil photo Panasonic Lumix GH5. On assiste à la lecture des dialogues sous la supervision du réalisateur, aux répétitions, aux réactions des acteurs. Défilent devant la caméra la monteuse, le preneur de son, le perchiste, les figurants, la scripte, l’assistant-réalisateur, les éclairagistes, l’assistant-caméra dans ce raccourci étonnamment détaillé de la réalisation d’un film.

Effets spéciaux (3’) montre la réparation d’accidents de tournage, l’effacement de passants qui regardent la caméra ou le repositionnement d’une tête trop curieuse !

Entre deux trains

Image - 4,0 / 5

L’image numérique (2.35:1), avec une bonne résolution, agréablement contrastée, déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Quelques artéfacts de compression, par exemple à 15’35” quand le couple entre dans le Jardin des plantes.

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital stéréo restitue clairement les dialogues et avec finesse l’accompagnement musical. Une faible séparation des deux voies limite l’effet immersif.

Crédits images : © Almano Films, Prodigima Films, Le Studio Orlando

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 5 juillet 2022
On croit à cette histoire toute simple filmée en temps réel et en décors naturels autour du Jardin des Plantes par Pierre Filmon. Il s’essaie avec bonheur à la fiction après s’être fait connaître le documentaire Close Encounters with Vilmos Zsigmond, un hommage à un des plus grands directeurs de la photographie.

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Entre deux trains
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