Un beau matin (2022) : le test complet du DVD

Réalisé par Mia Hansen-Løve
Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory et Melvil Poupaud

Édité par Blaq Out

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Le 18/04/2023
Critique

Un récit, en partie autobiographique, sur la fin de vie et le bouleversement entraîné par le hasard d’une rencontre. Émouvant !

Un beau matin

Sandra, la quarantaine, vit seule avec sa fille de huit ans. Elle rend visite tous les jours à son père souffrant d’une maladie neuro-dégénérative dont la progression inexorable impose son placement dans un EHPAD. Au cours de sa recherche d’un établissement, Sandra croise un ami perdu de vue depuis longtemps. Clément va entrer dans sa vie…

Un beau matin, le huitième long métrage de Mia Hansen-Løve, retenu dans la sélection de La Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2022, a été distingué par le Label Europa Cinemas.

Mia Hansen-Løve, venue au cinéma en tenant un rôle dans deux films d’Olivier Assayas (dont elle partagea la vie pendant quinze ans), Fin août, début septembre (1998) et Les Destinées sentimentales (2000), s’inscrivit au Conservatoire d’art dramatique du Xème arrondissement en 2001, avant de se lancer dans la réalisation, sans formation cinématographique.

Son talent fut remarqué dès son premier film, Tout est pardonné, récompensé par le Prix Louis Delluc en 2007 et sélectionné pour la Caméra d’or. Elle sera ensuite saluée en 2009 par le Prix spécial du jury à Cannes dans la sélection Un Certain Regard et par le Prix Lumière pour Le Père de mes enfants, puis par une Mention spéciale à Locarno en 2011 pour Un Amour de jeunesse et à Berlin par l’Ours d’argent en 2016 pour L’Avenir, son plus grand succès commercial avec 280 000 entrées en France.

Mia Hansen-Løve avoue volontiers son admiration pour Éric Rohmer. Son cinéma s’en distingue pourtant en ce qu’il économise les dialogues et donne une large place aux silences et aux non-dits. Il constitue une oeuvre personnelle et intime puisant son inspiration dans sa propre expérience de la vie.

Un beau matin en est un bon exemple. Comme Georg Kienzler, le père de Sandra, celui de Mia fut professeur de philosophie en prépa au lycée de Sèvres avant d’être atteint d’atrophie corticale postérieure, appelée syndrome de Benson, une forme atypique de la maladie d’Alzheimer entraînant, notamment, des troubles de la vision. Il était, comme celui de Sandra, séparé de la mère de Mia, également professeur de philo.

Un beau matin

Avec un style épuré, qu’elle dit vouloir rendre invisible, Mia Hansen-Løve suit Sandra, au fil des quatre saisons, dans les rues de Paris, joliment filmées par Denis Lenoir qui fut, notamment, le chef-opérateur du segment XIVème arrondissement du beau film collectif Paris je t’aime (2006). Il avait déjà contribué à trois autres films de la réalisatrice.

Dans le cinéma de Mia Hansen-Løve, il n’y a pas de musique originale, « mais de la musique qu’on écoute ». À laquelle Un beau matin lui accorde une belle place : le premier mouvement de la sonate n° 20 en la majeur de Franz Schubert accompagne une rencontre importante de Sandra avec son père et l’assez longue séquence où est seule dans un bus.

- Comment vas-tu, Papa ? - Ça va bien malgré mes petits problèmes

Un beau matin, particulièrement émouvant, sans sombrer dans le pathos, avec une alternance de moments graves et légers, doit beaucoup à sa distribution. En particulier à Léa Seydoux, touchante, naturelle, qui tient peut-être là son plus beau rôle, aux antipodes des compositions stéréotypées des James Bond girls de Spectre (Sam Mendes, 2015) et Mourir peut attendre (No Time to Die, Cary Joji Fukunaga, 2021). Pascal Greggory est étonnant dans son incarnation de Georg, l’intellectuel détruit par un combat perdu d’avance contre la maladie. Un homme que Sandra ne reconnaît plus que dans les livres qui s’alignaient sur les étagères de sa bibliothèque. Dans les deux rôles secondaires, la prestation de Nicole Garcia et de Melvil Poupaud est à la hauteur des attentes.

Un beau matin

Présentation - 2,5 / 5

Un beau matin (108 minutes) tient sur un DVD-9 logé dans un boîtier épis de 14 mm.

Le menu propose le film avec le choix entre deux formats audio, Dolby Digital 5.1 ou 2.0 stéréo.

Piste d’audiodescription DD 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 3,0 / 5

Mia Hansen-Løve par Mia Hansen-Løve, une leçon de cinéma (84’), un entretien animé par Frédéric Bonnaud, directeur général de la Cinémathèque française, et Bernard Benoliel, critique de cinéma et directeur de l’action culturelle et éducative à la Cinémathèque française, après la projection du film Un amour de jeunesse dans le cadre de la rétrospective Mia Hansen-Løve en septembre 2022. Mia Hansen-Løve estime que ses films sont « plus un autoportrait qu’une autobiographie ». À Frédéric Bonnaud, soulignant la place qu’elle donne aux silences, elle confirme, bien qu’admiratrice de Rohmer, cinéaste de la parole, vouloir éviter de tout dire, laisser des choses inexpliquées, « comme dans la vie ». Des liens existent entre ses films, particulièrement entre Un amour de jeunesse et Un beau matin, mais aussi avec Bergman Island : l’importance des mots, des dialogues, le choix et la description des lieux dans lesquels évoluent les personnages, pour avoir un « rapport organique avec la scène ». Le découpage du film, plan par plan, est « préconçu » avant le tournage, guidé par l’obsession de la clarté. Elle s’efforce de faire oublier la caméra, de rendre le style invisible, d’employer « des acteurs réservés, timides ».

Bien qu’il ne soit pas un complément propre au film, ce bonus donne un éclairage utile sur le cinéma de Mia Hansen-Løve.

Un beau matin

Image - 4,0 / 5

L’image, au ratio 1.85:1, capturée par une caméra Arricam LT sur film 35 mm, déploie une palette de couleurs délibérément peu saturées. Un choix esthétique, tout comme celui d’une relative douceur de l’image due à l’option Techniscope, qui s’accorde cependant très bien à la nature intimiste de l’oeuvre. Un lissage du grain n’altère pas trop la texture originelle.

Un beau matin

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 (avec une alternative stéréo) assure un bon équilibre entre l’ambiance, l’accompagnement musical et les dialogues dont l’intelligibilité est occasionnellement compromise par un défaut d’articulation, trop souvent relevé dans les films français. Une beaucoup trop timide sollicitation des canaux latéraux rend imperceptible la distinction entre les deux formats proposés. Ce que la nature du film fait aisément pardonner.

Crédits images : © Judicaël Perrin - Les Films Pelléas, Mubi, Razor Film Produktion, Dauphin Films, CN6 Productions

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
Avis

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Philippe Gautreau
Le 19 avril 2023
L’émotion suscitée par cette histoire en partie biographique, racontée en contournant les écueils du pathos, avec une alternance de moments graves et légers, doit beaucoup au talent de Léa Seydoux et de Pascal Greggory.

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