Esterno notte (2022) : le test complet du DVD

Réalisé par Marco Bellocchio
Avec Fabrizio Gifuni, Margherita Buy et Fausto Russo Alesi

Édité par ARTE ÉDITIONS

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Le 25/04/2023
Critique

Marco Bellocchio, dans sa deuxième relation de l’assassinat d’Aldo Moro, nous révèle ce qui aurait pu passer par la tête des protagonistes.

Esterno notte

Le 16 mars 1978, Aldo Moro, alors président de la Démocratie Chrétienne, est enlevé par les Brigades Rouges. En état de choc, le gouvernement italien se retrouve face à un dilemme : mettre en péril la démocratie en acceptant de négocier avec le groupe terroriste ou mettre en jeu la survie de l’homme politique.

Extérieur nuit

Esterno notte, d’abord sorti en salles en deux parties avant d’être remonté en une minisérie de six épisodes pour une diffusion par la RAI, est une création personnelle de Marco Bellocchio, réalisateur et à la tête d’une équipe de scénaristes. Chacun des épisodes met en avant un des protagonistes de l’affaire, avec une insistance particulière sur Aldo Moro, sur Francesco Cossiga, alors ministre de l’intérieur, présenté comme un homme très torturé, sur Eleonora Moro, l’épouse, sur le Pape Paul VI et sur Adriana Faranda, une brigadiste.

Moro pazzo ?

Cette interrogation, affichée à la une du Corriere della Sera et d’autres journaux italiens, est rappelée à plusieurs reprises dans le récit qui égratigne certains responsables de la Démocratie Chrétienne, particulièrement Giulio Andreotti, président du conseil, fortement suspecté d’avoir agi, ou refusé d’agir, pour se débarrasser d’un rival, d’avoir mis sur le compte de la folie des passages de lettres écrites par Moro pendant sa captivité. Il ne ménage pas non plus Valerio Morucci, le compagnon d’Adriana Faranda, dont le prétendu idéal révolutionnaire ne cache en réalité qu’une pulsion destructive.

Esterno notte

La tragédie de l’assassinat d’Aldo Moro tient à coeur à Marco Bellocchio qui l’avait choisie comme thème de son film Buongiorno, notte, sélectionné pour le Lion d’or et salué par plusieurs prix à Venise en 2003. Le personnage réel d’Adriana Faranda dans la série rappelle celui, fictif, de Chiara dans le film.

Esterno notte relate fidèlement les faits, les noms et les dates d’une affaire qui a gardé une grande part de mystère, notamment sur Aldo Moro, retenu dans un complet isolement pendant 55 jours, de son enlèvement, le 16 mars 1978, jusqu’à son exécution, le 9 mai. Qui sait, d’autre part, quelles ont été les positions des responsables de la Démocratie Chrétienne, dont certains étaient très fermement opposés au « compromis historique » avec les communistes suscité par Aldo Moro pour faciliter le gouvernement d’un pays très divisé ?

Esterno notte tente de remplir les passages restés en blanc. Les agissements et propos imaginés par le scénario, en complétant l’histoire, invitent le spectateur à entrer dans l’intimité des personnages, rendus plus présents. Un choix scénaristique, discutable sur le plan de la vérité historique, mais efficace pour soutenir l’intérêt du public pendant près de six heures, ce qu’il réussit à faire avec l’appui d’une solide distribution.

Esterno notte

Présentation - 2,5 / 5

Esterno notte (en six épisodes d’une durée cumulée de 334 minutes) et son supplément (18 minutes) tiennent sur deux DVD-9 logés dans un boîtier non fourni pour le test, effectué sur check discs.

Le menu propose les épisodes dans sa langue originale, l’italien, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1, et dans un doublage en français en stéréo.

Piste d’audiodescription DD 2.0.

Sous-titres pour malentendants.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec Marco Bellocchio (18’, en italien, sous-titré). Des milliers de livres ont été publiés en Italie sur les mystères entourant l’enlèvement et l’assassinat d’Aldo Moro. La minisérie respecte les faits d’une tragédie, survenue il y a 45 ans, qui continue à susciter l’intérêt en Italie et à l’étranger. Les propos d’Aldo Moro furent repris de ses écrits, mais des doutes subsistent sur leur sincérité et sur la réalité de sa dernière confession. Les scénaristes ont tenté d’imaginer ce qui s’est dit ou tramé pendant les 55 jours de sa détention pour agrémenter le récit. Marco Bellocchio évoque la musique du film, un mélange de classique avec le Dies irae de Giuseppe Verdi, de chansons avec une composition originale de Fabio Massimo Capogrosso qui contribue à l’unité de l’oeuvre. La série n’est pas idéologique, ne porte pas de jugement, comme le faisait, vingt ans plus tôt, Buongiorno, notte.

Esterno notte

Image - 4,5 / 5

L’image au ratio 1.85:1 (choisi pour la sortie en salles en deux parties, avant le découpage en six épisodes pour une diffusion par la RAI), lumineuse, bien contrastée, propose des couleurs soigneusement étalonnées dans une palette assez froide.

Esterno notte

Son - 4,0 / 5

Le son Dolby Digital 5.1 restitue clairement les dialogues au timbre toutefois occasionnellement caverneux et un accompagnement musical bien aéré. La répartition du signal sur les cinq canaux crée une sensation un peu trop discrète d’immersion dans l’ambiance.

Le doublage en français en stéréo place des dialogues monotones un peu trop en avant, au détriment de l’ambiance.

Crédits images : © The Apartment, Kavac Film, ARTE France, Rai Fiction

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
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Philippe Gautreau
Le 26 avril 2023
Marco Bellocchio revient, 45 ans après, sur le tragique assassinat par les Brigades Rouges d’Aldo Moro, président du parti Démocratie Chrétienne, en tentant d’imaginer ce qui s’est tramé dans les coulisses. Un passionnant documentaire-fiction sélectionné à Cannes !

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