Ghost Therapy (2022) : le test complet du DVD

Un fantôme dépressif colle aux baskets d’un photographe sans talent. Voilà l’histoire choisie par une paire d’amis pour leur premier film.

Clay, un photographe ni doué, ni inspiré, au chômage, fauché et paresseux, partage un appartement avec son chat Lenny et sa compagne Whitney qui lui rappelle, avant de quitter Los Angeles pour le weekend, de ne pas oublier de régler le loyer. Problème : l’ami qu’il appelle pour lui emprunter 200 dollars s’est inscrit aux Joueurs Anonymes après avoir misé et perdu la voiture de sa petite amie. L’idée lui vient alors de se faire passer pour un agent immobilier, de prétendre que l’appartement est à louer pour encaisser les 50 dollars de frais de dossier des visiteurs intéressés. Alors qu’il va prendre dans un cimetière la photo d’un matelas sur lequel il a écrit « 5 g killed my dog », un homme apparaît dans le cadre : c’est Whit, un ami de longue date, perdu de vue depuis longtemps, qui lui annonce qu’il est mort, qu’il n’existe plus… qu’il est un fantôme !

Ghost Therapy (The Civil Dead), le premier long métrage de l’acteur et scénariste indépendant Clay Tatum, coécrit avec l’acteur Whitmer Thomas, sorti dans nos salles en février 2023, réalisé avec une poignée de dollars (30 000, apparemment), a remporté le Prix du public du festival du film indépendant de Slamdance.

Ghost Therapy, avec son allure décontractée, s’inscrit dans le courant étiqueté « mumblecore » en 2005, caractérisé par un petit budget, un scénario assez mince, des dialogues parfois improvisés par les acteurs, le plus souvent non professionnels, des éclairages naturels, des moyens techniques légers… dont Andrew Bujalski avait repris l’étendard en réalisant Funny Ha Ha (2002), Mutual Appreciation (2005), Beeswax (2009)…

Sors du cadre !

Alors que Clay lui dit qu’il peut faire tout ce qu’il avait envie de faire quand il était vivant, prendre le bus, rester une semaine entière à Disneyland, Whit déprime, se désespère de ne plus transpirer, de n’avoir plus ni faim ni soif, de ne plus roter ni péter… Il s’incruste dans la vie de Clay dont il finit par user la patience. Clay Tatum ‘et Whitmer Thomas donnent une réelle présence à ces deux personnages un peu paumés, Clay et Whit.

Clay Tatum a tiré le meilleur parti possible des moyens dérisoires alloués à la production du film : une photographie soignée, un montage efficace et une bande-son bien en adéquation avec l’image sont d’indéniables atouts.

Ghost Therapy, après Rimini (Ulrich Seidl, 2022), est le deuxième long métrage à s’ajouter, depuis le début de l’année, au catalogue vidéo de Damned Films, riche de films indépendants. Le visionnage de cette comédie, un buddy movie à la sauce surnaturelle, n’exige aucun effort particulier, mais fait passer un assez bon moment, à défaut d’être inoubliable. Ce petit film sympathique et inventif mérite beaucoup plus que les quelques 1 700 spectateurs qu’il a attirés en France. Une chance que lui offre cette édition vidéo.

Ghost Therapy (99 minutes) et ses suppléments (8 minutes) tiennent sur un DVD-9 logé dans un boîtier épais de 14 mm.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’anglais, avec sous-titres optionnels, au format audio Dolby Digital 5.1.

Une édition Blu-ray est sortie aux USA avec, en bonus, un commentaire du film par Clay Tatum et Whitmer Thomas.

Entretien avec le réalisateur Clay Tatum (4’). Le réalisateur et Whitmer Thomas, coscénariste et l’interprète de Whit, répondent à des questions posées par le distributeur en France, Damned Films : les deux sont amis depuis la cinquième, leur film est un mix de plusieurs genres : buddy movie, fantômes, comédie, inspiré par Le Loup-garou de Londres (John Landis, 1981), Mikey & Nicky (Elaine May, 1976). Le film, sur l’amitié et l’insatisfaction d’un artiste, ajoute à la légèreté de son sujet « une note sombre et cynique (…) et une fin un peu spéciale ».

Deux scènes coupées (4’).

L’image, au ratio original de 2.35:1, avec une bonne définition sur toute la profondeur du champ, déploie une palette de couleurs délicatement saturées. Un résultat très satisfaisant pour une production à micro-budget.

Le son Dolby Digital 5.1 assure l’essentiel en garantissant la clarté des dialogues. Une bonne dynamique donne à l’ambiance une présence réaliste, avec un effet immersif limité par une utilisation timide des canaux latéraux profitant surtout à l’accompagnement musical.

Crédits images : © Utopia, Raw Media House, Lunar Studios, Jouse