Un Homme nommé Cheval (1970) : le test complet du DVD

A Man Called Horse

Réalisé par Elliot Silverstein
Avec Richard Harris, Judith Anderson et Jean Gascon

Édité par CBS

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Le 26/01/2004
Critique

L’année 1970 marque décidément un tournant dans la perspective hollywoodienne qu’ont les américains de leurs frères indiens-américains. L’indien n’est plus un empêcheur de s’installer en rond ni un « sauvage » dont le gentil cow-boy eut bien raison de se débarrasser mais un être humain doué d’esprit, capable de dompter le visible et l’invisible et dont la culture n’a malheureusement que très mal survécue aux assauts répétés de la colonisation. Subitement, les indiens deviennent à leur tour les gentils de l’Histoire, véritables héros, supérieurs en tous points (excepté militairement) à l’homme blanc que l’avidité, l’alcool et la violence rongent. Tardive reconnaissance des américains pour la culture indienne mais reconnaissance tout de même qui assoit les principes de respect et de tolérance au travers d’un poignant mea culpa cinématographique. 2 mea culpa pour être tout-à-fait exact car cette année-là l’industrie hollywoodienne sort deux joyaux du Western ; « Un Homme nommé Cheval » et Little Big Man. Si le premier a l’infini mérite d’exposer au monde ce que fut la culture indienne, le deuxième dénonce le génocide pratiqué par les blancs envers le peuple indiens.

Pourtant sorti en avril 1970, « Un Homme nommé Cheval » se verra éclipsé par Little Big Man, sorti en décembre de la même année, dont le ton radical (brossant un tableau d’une Amérique honteuse), la mise en scène efficace et l’interprétation mémorable signée Hoffman séduiront davantage les foules. « Un Homme nommé Cheval » est alors relégué au rang de simple documentaire sur les us et coutumes des Indiens puis, suite aux attaques répétés de nombre de détracteurs, à celui de curiosité abusivement qualifiée de malsaine. Pourquoi tant de mépris et de haine ? Tout d’abord parce que le film est le premier d’une longue série qui éclaire la culture indienne sous un jour nouveau : celui de l’intérêt et du respect. Pas question que le film prenne la forme d’un compromis. Mais « Un Homme nommé Cheval » manque de courage et choisit pour héros un blanc, un anglais, sorte de leader travesti en observateur qui mènera (diront les mauvaises langues) les bons petits indiens vers leur salut militaire. « Premier rang, un genou à terre, deuxième rang à mon commandement ». John Morgan outrepasse par cette simple phrase sa fonction, celle de reporter pour s’élever au rang de sauveur…cette promotion qu’obtient le personnage, maladroitement amenée, prête à confusion et trahit involontairement le sens du propos ; elle justifie à nouveau la domination du peuple indien.

Autre maladresse de style. Le parti pris voyeuriste qui montre jusque dans les moindres détails la violente rudesse et l’implacable sang-froid développés par les pratiques magico-religieuses des indiens. Le rite du dévouement au Soleil, interdit par le gouvernement américain, est une des scènes qui aura fait couler le plus d’encre. S’agit-il dans le film d’une reconstitution impartiale ou d’une forme plus sournoise de dénonciation ? Montre-t-on ici l’incroyable résistance qu’une telle pratique requérait ou expose-t-on la cruauté sadique d’une cérémonie barbare ? La scène est ambiguë et prête une fois encore à confusion. L’exactitude du rite est de surcroît contestée…bref, on ressent aujourd’hui plus qu’hier un malaise embarrassé face à la duplicité de la mise en scène. Duplicité que vient heureusement atténuer la plastique ciselée de la réalisation. Plans de ciels enflammés, peintures guerrières sur des peaux lisses qu’une lumière délicate vient baigner. Chaque scène ressemble à un tableau. Chaque tableau à un livre d’images richement décoré. Problème de ce type de réalisation stylisée, l’inévitable vernis aseptisé qui enlève aux séquences une part de chaleur pourtant nécessaire. Faut-il faire montre de passion pour oser ce virage à 180° qui affirme non seulement que l’indien a droit à la dignité mais aussi au plus parfait respect compte tenu de l’inestimable richesse et de l’ensorcelante complexité de sa culture.

L’oeuvre mérite davantage de passion ! On ne filme pas les indiens comme on filme une quelconque publicité. L’esthétisme de l’image est une tendance fort honorable. Mais poussé à son paroxysme, il peut conduire à une chirurgie déshumanisante du sujet. Ici le mieux a été l’ennemi du bien mais on ne peut en vouloir à Elliot Silverstein, le réalisateur, qui signait avec « Un Homme nommé Cheval » l’une de ses rares adaptations au cinéma. N’est pas Arthur Penn qui veut !!! Et Silverstein dépassionne à dessein son oeuvre de peur de prendre position. Il enracine alors très intelligemment son histoire dans le documentaire à grand spectacle, livrant ainsi un témoignage somme toute vibrant de ce que fût la culture indienne tout en évitant soigneusement d’évoquer le choc fracassant que la rencontre avec l’Occident devait lui faire subir. Scènes après scènes, il s’attache alors à déshabiller son héros pour lui tailler un vêtement d’indien composé des pièces chères à cette civilisation. La nudité de Harris dans le rôle de Morgane étale sa marginalité complète à l’arrivée dans le camp. Son pagne et son bandana, une farouche détermination à entrer dans le cercle. Symbolique la plume manifestera son intégration reconnue à la tribu comme membre à part entière. Simplifiant au maximum les ficelles du scénario, Silverstein se concentre sur le détail qui fera toute la différence. Rendre le film criant de sincérité ; tel est l’objectif avoué. Et ça fonctionne !

Personnages épais, rebondissements fournis (au traitement certes elliptique mais à la redoutable efficacité), interprétations justes au service d’une reconstitution qui ne manque ni de brio, ni de panache. Le tout agrémenté d’un montage psychédélique, très marqué 70, favorisant la rêverie romantico-religieuse célébrée par les Indiens. Au final, Silverstein signe une oeuvre anticonformiste dénuée de toute radicalité mais dont la liberté de style, de ton et d’idées (rappelons que la culture indienne est ici dominante) offre la réjouissante perspective d’un film résolument nouveau, à part et quoiqu’on en dise, loin du politiquement correct tant chéri par les studios.

Un film à découvrir…chef d’oeuvre de minutie dans la description détaillée d’une culture fort mal connue et qui gagne à l’être. Plus qu’un Western…un film fleuve !!!

Présentation - 2,0 / 5

Menus fixes, absence de transitions, inexistences des bonus, pas même une bande-annonce, l’éditeur livre avec le DVD de  » Un Homme nommé Cheval  » le minimorum. Le film et rien d’autre. Espérons que cela ne devienne pas une fâcheuse habitude d’autant que son catalogue regorge de titres très attendus qui méritent autre chose qu’une édition simple DVD.

Côté image et son, la qualité de la remasterisation est flagrante, réunissant pour le dévédéphiles des conditions d’écoute et de vision excellentes pour un film âgé de 34 ans. Un travail soigné que la pochette aura omis de mettre en valeur, étalant une sélection de photos bien pâlichonnes en comparaison de ce que vous verrez à l’écran.

L’éditeur s’est clairement muré dans son refus de bien empaqueter le film. Dommage !!! Il faudra vous fier au bouche-à-oreille et vous résoudre à aller plus loin que l’absence de bonus et un packaging raté.  » Un Homme nommé Cheval  » récompensera largement ces efforts.

Bonus - 0,0 / 5

C’est un véritable scandale qu’on sorte encore de telles éditions. Evitons la langue de bois et disons les choses franchement, c’est du travail bâclé qui dissimule on ne sait quelles fumeuses excuses. C’est à se demander si l’éditeur a bien compris l’enjeu du support. Un DVD doit offrir un minimum d’interactivité. Seule interactivité autorisée sur cette édition : le choix des langues. Merveilleux !!! Mais ne vous inquiétez pas ! Si vous êtes nombreux à l’acheter, l’éditeur en profitera pour orchestrer une ressortie labellisée « édition spéciale » ou « collector ». Démonstration est faite froidement que le DVD est aussi une industrie…ça se passe de tout autre commentaire !!!

Image - 4,0 / 5

Dès les premiers plans, on a du mal à croire que le film fût âgé de 34 ans. Tâches et bruits sur l’image ont été retirés, les contrastes subtilement appuyés, les contours précisés. Autant dire que Paramount livre ici un travail de toute beauté. Seul subsiste un léger grain qu’un retraitement coûteux aurait pu éliminer mais sa présence quasi imperceptible ne gênera en rien le visionnage de votre DVD. Pour faire court, on est loin, très loin de l’ignominieuse édition de Il était une fois la révolution.

L’éditeur a ici fort bien saisi l’importance quant à la nécessité d’offrir une excellente qualité d’image. « Un Homme nommé Cheval » en ressort transfiguré. Le coucher du Soleil, la danse autour du feu, l’amplitude du décor, la richesse des maquillages auraient eu à pâtir d’une image moyenne voire floutée ou bruitée. Ce nouveau transfert vous invitera à être attentif au moindre détail et à pleinement profiter du soin méticuleux apporté à cette gigantesque reconstitution. Hautement réjouissant !

Son - 4,0 / 5

Côté bande-son, le retravail est également d’un très haut niveau avec remasterisation complète et nuancée de la V.O. Dolby Digital 5.1 oblige, vous obtiendrez, grâce à une installation adéquate, la présence de basses propres à l’intensité dramatique et / ou héroïque de nombreux passages sans pour autant vous priver du spectre des aigus.

Hennissements des chevaux, chants rituels, cris d’enfants, crépitements du feu, craquements des pas, la bande-son de « Un Homme nommé Cheval » offre une large diversité d’ambiances parfaitement rendues par le mixage présent sur cette édition DVD. Seule ombre au tableau, les enceintes surrounds auront très rarement l’occasion d’être sollicitées. Une curiosité qui dessert notamment la scène de bataille qui aurait mérité une ampleur sonore autrement plus grande.

Français, italiens, espagnols et allemands devront se contenter d’une piste mono d’une honnête facture. Handicapées toutefois par un niveau de richesse considérablement moins important, la VF vous enlèvera une vaste partie du plaisir que vous pourrez prendre à regarder le film. L’omniprésence des voix étouffant complètement cette diversité sonore et la musicalité ample voulue par le réalisateur. A vous d’apprécier…


Bon DVD nommé Cheval à toutes et tous !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle
Note du disque
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emmanuel
Le 7 mars 2004
un film remarquable en tout point, je n ai pas vu les defauts cités dans la critique, en fait je ne les ai jamais cherchés!

un film superieur a little big man en ce qui me concerne...

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