Friday After Next (2002) : le test complet du DVD

Édition Prestige

Réalisé par Marcus Raboy
Avec Ice Cube, Mike Epps et John Witherspoon

Édité par Metropolitan Film & Video

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Le 19/09/2004
Critique

Enfin un concept nouveau ! Enfin une comédie qui rafraîchit grave ! Parce qu’en termes de comédies, les studios hollywoodiens ont ces derniers temps accumulés navets sur navets. Passés maîtres dans l’art du mélo-sentimentalo déjà vu, ils n’ont eu de cesse de nous bombarder de scénarii bêtifiants ; vous connaissez l’histoire du chat qui parle ou mieux celles d’ados dans un campus ou attendez j’ai mieux encore, celle du gars complexé qui rencontre la fille qui lui faut, on en passe et des pires. Dans ces comédies, produits habilement formatés puis marketés, on ose un gros mot, parfois deux mais attention rien de trop choquant ou de trop salé. On se bouscule, on se tape dessus même mais au fond on s’aime bien… « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Il suffit d’un rien, de peu de chose pour que tout s’arrange… Un vibrant monologue, une bonne vieille chorégraphie sur une musique façon années 80 et c’est le happy end. Clap de fin et au lit !

La série des « Friday » conjure le sort et nous invite à un divertissement radicalement différent. Direction les quartiers chauds pour une bonne vieille immersion dans le ghetto. Pour nous guider un Ice Cube survitaminé et une galerie de portraits tous complètement déjantés. « Friday » frappe fort et caricature à l’extrême pour mieux déclencher l’hilarité des spectateurs et familiariser ceux qui ne le seraient pas avec les us et coutumes du ghetto. La série des « Friday » reprend ainsi le flambeau d’une autre très fameuse saga ; celle des « House Party », série malheureusement encore inédite en France. Mais ne désespérons pas ! Pour mémoire, « House Party » avait créée un mini séisme en initiant avec succès le grand public à la comédie rap.

« Friday » reprend entièrement à son compte ce concept. Comme « House Party », l’intrigue se situe dans un laps de temps très limité ; 1 journée, celle du vendredi. Comme  » House Party », le scénario est prétexte à une avalanche de gag sur une musique rap et R & B. Comme « House Party », la caricature se veut satirique et taille dans le vif avec un cynisme et une décontraction achevé. Néanmoins, « Friday » va plus loin que « House Party ». « Friday » se moque de tout, ne respectant rien ni personne, pas même les personnes âgées. « Friday » est le portrait au vitriole de l’autre Amérique ; celle que les studios préfèrent ignorer. Derrière le rire, un douloureux constat. Celui des oubliés, des marginalisés, des « sacrifiés de la croissance ».

Mais pas de misérabilisme. « Friday » ne s’apitoie pas. Pas le temps ni l’envie. Pas d’ambiguïté cause d’erreur possible, « Friday » est une comédie. S’apitoyer serait dévoyer le genre, se lamenter équivaudrait à peser lourdement sur le rythme. Pour fuir les ennuis, les protagonistes courent. Une fuite en avant qu’ils soulignent par la constante recherche de l’âme soeur. On drague, on frime mais au fond, on veut ce que les autres ont, une copine pour fonder un foyer ! Même dans le ghetto, on a le droit de rêver ! Un rêve sans mièvrerie… pas le temps ni l’envie de cultiver la langue de bois. Ice Cube interprète, Ice Cube écrit et Ice Cube produit par conséquent Ice Cube fait ce qu’il veut.  » Friday » est son « Playground » (Terrain de jeu).

Ici c’est lui (non les studios) qui fixe les règles. Il ne montrera donc aucune pitié pour les historiettes à l’eau de roses qui ont tendance à ne mettre en scène que les jeunes et beaux WASP friqués censés représenter le fantasme masculin archétypal. Dans « Friday », le héros (si héros il y a) est plutôt bien enrobé… il est également gaffeur, délateur, fainéant, peureux et menteur. Le parfait monsieur tout le monde. Un héros sans héroïsme. Juste un survivant dans cette jungle urbaine qu’est le ghetto ! Ice Cube ne se fait aucun cadeau (si ce n’est sa partenaire). Et c’est peut-être ce qui rend si sympathique « Friday », c’est cette simplicité, cette franchise dans le propos qui ne cherche ni à enjoliver le quotidien du ghetto ni à le noircir pour faire d’Ice Cube un super-héros.

Le Meilleur des 3 épisode demeure sans aucun doute Friday qui, en 1995, lançait le concept et surfait sur l’indéniable talent comique de Chris Tucker (Le 5ème Elément, Rush Hour… ). Ajoutez à cela, la réalisation nerveuse de F. Gary Gray (Negociateur, Un homme à part… ), qui signait avec « Friday » sa toute première réalisation, et vous comprendrez pourquoi la série a immédiatement été mise sur orbite. Puis vient Next Friday ! Plus de Chris Tucker ni de F. Gary Gray remplacé au pied levé par un certain Steve Carr (Docteur Dolittle 2, École paternelle… ) qui signe également avec Next Friday sa première réalisation. Néanmoins, scénario et rythme ne s’en trouve que peu altérés. Logique ! Ice Cube garde le contrôle sur cette série qu’il considère comme son enfant. Next Friday pousse un peu plus loin la caricature et assure le show.

Sans être indigne de la série, « Friday after next » est l’épisode le moins bon. 3ème volet et 3ème scénariste, Marcus Raboy peine à marcher sur les traces de ses prédécesseurs. Trop lent mais aussi trop porté sur la caricature facile, il semble avoir enterré ce qui faisait le sel de la série : la satire. Résultat : on se retrouve avec un film à sketchs un peu décousu qui cherche à tout prix l’hilarité au prix d’une surenchère quelques fois indigeste. (Les oncles sont carrément insupportables). Néanmoins, Ice Cube sauve le show et l’emporte sur la réalisation somme toute simpliste un brin grotesque. Il livre une nouvelle fois dans ce 3ème et ultime (?) volet une version surexcitée du Buddy Movie que la vidéo n’est pas prête d’oublier.

Cette succession de vendredis pourris fait de nous des spectateurs heureux. Et s’il est vrai que le malheur des uns fait le bonheur des autres. « Friday » est un concentré de bonheur pur ! A tous ceux qui s’imaginait que rien de bon ni d’heureux ne pourrait un jour sortir du ghetto, la série des « Friday » est là pour les faire changer d’avis ! Une preuve par 3… de la bombe atomique en DVD !!!

Présentation - 5,0 / 5

L’éditeur a déployé des trésors d’inventivité pour rendre le DVD aussi captivant que possible. Pêle-mêle, vous aurez le droit aux repérages, à la visite des décors, à quantités d’interviews, de clips, de bandes-annonces, à un bêtisier et à des makings of comme s’il en pleuvait… .bref, la note maximale s’impose tout spécialement en ces temps qui poussent nombre d’autres éditeurs à la plus abjecte mesquinerie. Ici, nulle mesquinerie mais une rafraîchissante profusion qui montre l’intérêt particulier de l’éditeur pour « Friday after next ».

Quant à la qualité du son comme de l’image, le travail est tout simplement impressionnant. L’éditeur n’a lésiné sur aucun moyen pour faire de l’édition de « Friday » une édition d’exception (et je pèse mes mots). L’ensemble témoigne d’un soin extrême apporté par l’éditeur jusqu’aux menus que ce dernier a illustrés sous forme de dessins animés (rappelant les génériques de la série). Et fin du fin, le must, le hit : l’éditeur s’est même offert d’ajouter une piste DTS 5.1 en français, histoire de booster la dynamique du son. Seul mini regret, l’absence d’une piste DTS 5.1 en anglais. Le slang version originale sous-titrée en DTS 5.1, c’eût été le sans faute absolu !!! Néanmoins le Dolby Digital 5.1 vous permettra d’apprécier avec toute la profondeur et l’amplitude nécessaire « Friday after next ».

Par conséquent, ce 3ème et ultime (?) DVD de la série  » Friday » constitue une totale réussite. Véritable trésor d’interactivité, il comblera les fans de la série !

Bonus - 4,0 / 5

Point trop de louanges pour ce qui demeure (on le rappelle douloureusement) une heureuse exception dans cet océan de mesquinerie dont font de plus en plus preuve les éditeurs. Trop occupés à rentabiliser leur catalogue et à comprimer les prix, ces derniers oublient souvent le caractère interactif du support. Ca n’est heureusement pas le cas de Seven 7 qui livre (comme à son habitude) un DVD complet rempli de bonus en tous genres. De qui ravir fans de la série et dévédévores attirés par des titres portés par une avalanche de suppléments. Chaussez vos lunettes, nous plongeons tout schuss dans cette poudreuse de bonus :


Making of (16’58-VOST)

Compte tenu de la durée, il va falloir faire vite. Expliquer tout ce qu’il y a à expliquer en un minimum de temps. Peu de technique, beaucoup de généralités et c’est ce que ce making of tente de faire dans une première partie par ailleurs fort inintéressante. Les acteurs paraphrasent le film, expliquent leur rôle, se congratulent… bref, vous n’apprendrez rien que vous ne sachiez déjà sur « Friday after next ». Et puis vient le tour du scénario et de la réalisation. On y voit Ice Cube diriger les acteurs et le réalisateur prendre ses instructions auprès d’Ice Cube. « Friday after next » montre son vrai visage : une succession d’improvisations orchestrées par Ice Cube autour d’un scénario prétexte. Ni Ice Cube ni le réalisateur ne s’en cache. Leur franchise les honore et suscite grandement l’intérêt. Un making of inhabituel à voir !

Les Lieux de tournage (8’46-VOST)

Principal interviewé, le directeur artistique, Colin de Rouin, très prolixe sur son travail. La précision avec laquelle il décrit l’ouvrage force l’admiration. Par de nombreuses anecdotes, il fait vivre chacune de ses descriptions. Néanmoins, on aurait tout de même souhaité quelque chose de plus fouillé, croquis et images vidéo à l’appui. Savoir comment se sont passés les repérages, qui les a effectués, quels autres lieux ont été sélectionnés, quel a été le visage des commerces avant et après le passage de l’équipe. Malheureusement, le documentaire se contentera d’effleurer ces différents points. L’ensemble reste au niveau de la discussion sur tel ou tel choix artistique ce qui en fait de ce supplément un bonus sympathique mais pas transcendant.

Autour du film : 4 documentaires (38’ environ-VOST)

4 « mini » documentaires qui complètent le making of et développent un aspect essentiel à la fabrication de « Friday after next ». Voici le détail :

- « L’art de l’impro » : le plus passionnant
- « Le succès de la série Friday » : très intéressant
- « Les costumes du ghetto » : plutôt bien illustré
- « Le barbecue de l’Oncle Sam » : dispensable

Scènes coupées (16’05 - VOST)

Montées, bruitées et d’excellente qualité, ces scènes auraient pu figurer dans le film. Cependant, certaine aurait alourdies le propos et le réalisateur s’est donc abstenu de les intégrer, ce que l’on peut aisément comprendre. Certaines apportent quelques éclaircissements intéressants sur le mode de vie de nos deux compères ainsi que sur le personnage de Damon. Toutes sont accompagnées d’un commentaire audio qu’il vous est possible de retirer. Vous pourrez les visionner une par une ou toutes ensemble. Voici le détail :

- Après la visite de Mme Pearly
- Comment faire avec Damon ?
- Mr Johnson
- Damon s’éclate
- Donna se fait gronder
- La poursuite
- L’armure de Damon
- Chez Mme Pearly
- La fin alternative

Le Bêtisier (6’22-VOST)

Bonne ambiance avec beaucoup de fous rires et de dialogues oubliés. Un bêtisier qui ressemble à beaucoup d’autres mais qui a le mérite de montrer le talent de comédiens de certains acteurs. A voir !

Le vidéo clip + le making of du vidéo clip (7’30 environ-VO)

Réalisation soignée, bon son et surtout belle image pour une interprétation signée Ice Cube. Une section particulièrement bien réussie !

Bonus caché (2’50-VOST)

Deux bonus cachés : Le premier est la première de Friday after next avec les acteurs, le réalisateur et quelques personnalités invitées. Le second est la recherche vestimentaire pour le personnage de Mike le Mac. A vous de les trouver !

Les bandes-annonces

Bandes-annonces de tous les épisodes de la série ainsi que les teasers en VF et VOST. Malgré leur qualité plus que douteuse, leur visionnage est un pur régal !

Image - 5,0 / 5

« Friday » est un kaléidoscope de couleurs chamarrées. Essentiellement des couleurs chaudes. Pas facile de suivre pour une édition DVD puisque ce sont principalement ces couleurs qui posent problème quant à leur remplissage et leur délimitation. Tout simplement parce qu’elles ont une fâcheuse tendance à baver lorsqu’elles ne sont pas assez bien encodées.

Ici aucun risque, l’encodage est d’une précision diabolique avec tout ce qu’il faut de contraste pour que ces couleurs puissent sauter au visages du spectateur. L’intérieur de l’appartement de Ice Cube ou bien encore le magasin de vêtement de Mike le mac mettent en exergue le travail concernant contraste et lumière. La gestion des rouges, rouges clairs, rouges foncés ou bien du jaune et du bleu côte à côté est tout simplement éblouissante. L’image est vive et chaleureuse et sied particulièrement bien au ton de la comédie.

Exit les défauts de compression, les arrière-plans imprécis et les contours floutés. Difficile même de repérer certains défauts inhérents à l’absence de profondeur de champ d’une réalisation décidément trop plate. Marcus Raboy filme  » Friday after next » comme il filmerait un feuilleton TV. Néanmoins, le DVD offre une telle profusion de détails en arrière-plan qu’elle semble plusieurs fois rattraper une photo en 2 dimensions. C’en est troublant ! Quoi qu’il en soit, l’éditeur s’est attaché à offrir une qualité d’image vraiment exceptionnelle. Ca se voit, « Friday after next » est du très bel ouvrage !

Son - 5,0 / 5

Pas la peine d’ergoter non plus en matière de son, prévenez vos voisins « Friday after next » est une explosion sonore mélodieusement tonitruante. Surdynamisation des basses balançant régulièrement graves et infagraves mais aussi présence des aigus, la piste-son de « Friday after next » a tout pour vous séduire et attirer toute votre attention. D’autant qu’elle mixe effets sonores comiques et bon son de quelques uns des rappers les plus en vogue incluant bien évidemment la prestation d’Ice Cube en personne.

Dolby Digital 5.1 et DTS 5.1 en français. Dolby Digital 5.1 uniquement en anglais. Evitez tout de même la piste française qui n’offre qu’un doublage approximatif et privilégie les voix au détriment de l’ambiance. Préférez lui la piste VO qui fait un peu moins dans le clownesque et un peu plus dans la finesse. La comédie n’en sera que plus légère !

La BO de « Friday after next » fait le reste. Bien mise en valeur par l’éditeur, elle est le point d’orgue de la piste-son. Elle illustre avec punch des scènes d’actions rapides et donne au film une énergie dont bien peu de comédies peuvent se targuer. C’est dans ces moments là qu’on sent la différence entre la stéréo et le 5.1. Une différence que sentiront également vos voisins.


A toutes et tous, bon vendredi… en DVD !

Configuration de test
  • Téléviseur 16/9 Rétroprojecteur Toshiba 43PH14P
  • Toshiba SD-330ES
  • Onkyo TX-DS797
  • système d'enceinte 5.1 Triangle