Réalisé par Jean-Xavier de Lestrade
Édité par Éditions Montparnasse
Un meurtre stupide un dimanche matin de mai 2000 à
Jacksonville (Floride). Un garçon noir de 15 ans désigné comme
le coupable idéal par l’accusation, d’autant plus que le mari
de la victime l’a reconnu formellement. Mais une suite des
événements tous sauf banale, qui obligent le spectateur à
s’interroger sur les faiblesses du système judiciaire
américain.
Les documentaires choc tiennent parfois au plus pur des
hasards. Jean-Xavier de Lestrade et son équipe (française)
étaient en Floride pour réaliser un reportage sur les causes
civiles. On leur conseilla de rencontrer l’avocat public
Patrick McGuinness. Ils le rencontrèrent dans un tribunal,
pendant la mise en accusation d’un gosse à l’air perdu,
Brenton Butler, le malheureux protagoniste de l’histoire.
« Un coupable idéal » se déroule comme un thriller du réel, qui
ose faire ce que aucun documentaire avait réalisé avant : une
présence continue - en temps différé mais séquentiel - dans le
tribunal de Jacksonville, et aux cotés des avocats de Brenton.
En acceptant la présence des caméras, l’accusation espérait
sans doute immortaliser l’efficacité des forces de l’ordre et
du système judiciaire.
Erreur fatale. Car, en dépit des preuves accablantes,
McGuinness arrive à démonter un château de sable créé de
toutes pièces par la police - qui n’hésita pas à extorquer les
aveux du gosse avec la violence. On connaît la suite de
l’histoire (si on a vu CNN à l’époque), ou du moins on
l’imagine. Et pourtant, malgré son happy end et son
réalisme à bout portant, « Un coupable idéal » nous oblige à
réfléchir à tous les cas où des innocents pourrissent en
prison, à cause d’une justice à deux vitesses, dans un Pays où
les meilleurs avocats sont réservés à ceux qui pourront y
mettre le prix).
Justement récompensé par un Oscar du meilleur documentaire et
par un FIPA d’Argent, « Un coupable idéal » est un voyage
terrifiant dans un monde où la justice n’est plus aveugle..
Chronique d’un succès inattendu. Editions Montparnasse avait
« bouclé » l’essentiel du DVD avant que son programme gagne
l’Oscar du meilleur documentaire (le meilleur exploit d’un
Frenchie aux Academy Awards 2001). La médiatisation offre à
l’éditeur un petit hit en puissance, et focalise l’attention
sur une galette au contenu très riche, qui aurait risqué de
passer inaperçue.
« Un coupable idéal » exploite à merveille son format 16/9, et
ajoute au film une vaste panoplie de rushes et repères
complémentaires. Dommage juste pour les sous-titres imposés.
Séquences complémentaires (42’40” - VOST) :
9 rushes et séquences (tournées en 16/9 comme le film)
supprimées au montage pour des exigences de rythme. Et c’est
bien dommage, car les scènes captent des subtilités
périphériques autour du procès (la sélection du Jury, le choix
d’un costume, mais aussi les propos de deux jurés et du père
de Brenton). Des outils de compréhension efficaces, à des
années lumière des argumentaires marketing des « scènes
inédites » de bon nombre de longs-métrages..
Histoire d’un film (14’35”) :
Comment Lestrade et son équipe ont pu rentrer au coeur du
tribunal et des dysfonctionnements de la justice américaine ?
Cette interview explique partiellement le pourquoi. Un de ces
petits hasards qui viennent souvent au secours des grands
reportages..
Mécanique d’un procès :
Il s’agit dans les faits d’un commentaire audio (de 50
minutes environ) du réalisateur et de l’avocat Thomas Lemaire
- spécialiste dans le droit américain. Ce repérage - divisé en
10 chapitres - est un outil essentiel pour aller au delà de
l’histoire et du film. On y évoque notamment la peine de mort,
le rôle des avocats d’office, et les différentes spécificités
de la justice américaine, sans oublier un petit aparté sur le
désaveu du procureur, après qu’on fit la lumière sur le cas.
Exceptionnel.
Au fin fond de la deuxième page, on trouve également une
mini-biographie de maître Thomas Lemaire.
Pour finir en beauté, on retrouve les habituelles
Filmographies et les Crédits du DVD.
Une photo très nette et définie. Le choix de tourner le documentaire en 16/9 se révèle essentiel pour l’élargissement de la dramatisation. Un encodage et un confort de vision sans faille.
En VF comme en VO, la clarté et le dynamisme des pistes audio sont correctes, tout comme l’exploitation des voies surround. Mais avantage net à la piste audio originale pour l’omniprésence du « voice-over » de la piste doublée, qui finalement se révèle davantage un handicap qu’un atout.