Réalisé par Max Pécas
Avec
Luq Hamet, Philippe Caroit et Olivia Dutron
Édité par Studiocanal
L’école Max Pecas a fait ses preuves. Seul et unique
enseignement : faire un maximum de fric avec un minimum
d’investissement. La méthode : utiliser un paquet d’acteurs
et d’actrices inconnus dans des productions cadrées pour la
télé, tournées à la va vite avec tous les ingrédients qu’il
faut pour faire saliver le téléspectateur type. Pas la peine
de tourner autour du pot, Max Pecas est synonyme d’érotisme
tout public avec blagues potaches à faire pâlir un régiment
de soldats et humour déraisonnablement racoleur. Et le pire
est que ça marche !!!
Si Pecas fait aujourd’hui l’objet de tous les honneurs en
DVD, c’est qu’il a battu durant des années (et continue de le
faire) des records d’audience sur les chaînes télé. Un Max
Pecas peut atteindre les 8 à 9 millions de téléspectateurs en
une soirée. Hé oui c’est un poil en dessous de la ferme des
célébrités mais ça laisse rêveur tout de même. Face à une
telle révélation, 2 attitudes possibles. Soit vous tombez
immédiatement dans le « tous débiles » et rideau… fin de la
réflexion ! Soit vous cherchez à comprendre le phénomène.
Quelques explications plausibles peuvent être avancées. La
première est de se rappeler qu’aux Etats-Unis réside un
obscur réalisateur-producteur-acteur dont le talent de
dénicheur de talents a pris le pas sur la qualité des films
qu’il a produit et réalisé. Son nom : Roger Corman. Son
hobby : les productions à petits budgets tournées à la va
vite avec une pléiade d’acteurs inconnus qui le sont devenus
un peu beaucoup grâce à lui. Ron Howard, Francis Ford
Coppola, jack Nicholson lui doivent si ce n’est leur
carrières leurs débuts.
Sans pousser excessivement la comparaison, Max Pécas a eu ce
même don de dénicher les talents et de les exploiter à des
fins commerçantes, propulsant ainsi à l’écran des acteurs et
actrices tels que Victoria Abril, Ticky Holgado, Bernadette
Laffont, George Beller,… Non pas que leur participation
dans un Max Pécas ait été une entreprise déterminante.
Certains paieraient même des fortunes pour effacer ce passé
encombrant. Mais l’appétit des télévisions pour ce genre de
productions (prodigieusement rentables), les nombreuses
rediffusions et l’opportunité de rôles de composition à
rallonge ont aidé nombres de ses talents prometteurs à se
faire connaître puis aimer du public pour ensuite enchaîner
de solides productions.
Après avoir dynamisé la carrière de jeunes acteurs, ceux-ci
ont à leur tour aidé ces productions de jeunesse à prendre de
la valeur. « Mieux vaut être riche et bien portant que fauché
et mal foutu » reste célèbre comme le film qui a accueilli
l’un des premiers grands rôles de Victoria Abril. Et tant pis
si cette première apparition est noyée sous un fatras de
scènes tartes complètement improvisées. Victoria Abril crève
l’écran ! Idem pour Bernadette Laffont dans « On n’est pas
sorti de l’Auberge »
Des titres abracadabrants pour des histoires qui ne le sont
pas moins mais qui ont on eu leur heure de gloire dès la
sortie cinéma. De quoi leur assurer une brillante carrière
télé et labelliser Pécas sous l’appellation de classique.
Délirant me direz-vous ? Pas vraiment lorsqu’on sait que dans
le même registre, les « Charlots » ont eux aussi cartonné
avec « Les Charlots font l’Espagne » : 4,2 millions d’entrées
cinéma. Que « La 7ème Compagnie » avec
Mais où est donc passée la 7ème compagnie ? rafflait 4,2 millions d’entrées
tandis que Le Gendarme de Saint-Tropez explosait les scores en 1964,
terminant 1er du Box Office avec 7,8 millions d’entrées au
nez et à la barbe de « 100 000 Dollars au Soleil »,
La Chute de l’empire romain et même du célèbrissime agent
british et ses Bons Baisers de
Russie.
Y a pas photo ! Le Rire a toujours été la priorité des
français. Que ce soit au cinéma ou à la télévision. Et dans
cette quête primordiale de la comédie détendante ou pas une
once de réflexion n’intervient, Max Pecas s’y connaît. Il en
est même le Prince. Sujets simplistes, personnages
caricaturaux, scènes improvisées tapant systématiquement en
dessous de la ceinteure et par dessus tout gags en série.
Tous les ingrédients qui ont fait de Pécas un hommme riche et
de ses afficionados des spectateurs heureux. Difficile de
défendre cinématographiquement la chose mais qu’importe ! Ici
ce qui prime est l’efficacité.
Max Pécas, là encore, fait preuve d’un certain talent
puisqu’il transpose ses historiettes à Saint-Tropez (son lieu
de prédilection), tire ses textes de livres de BD et noie le
tout dans une réalisation potache qui joue à fond la carte de
l’identification. L’invitation est claire : se remémorer nos
bêtises, nos fantasmes et nos jeux tout droit issus de
l’adolescence pour les caricaturer afin d’en rire. Avant
American Pie, les spectateurs français se gavaient
de « Pécas Pie » intarissables de cochonneries en tous genres
et de gros gags montés sur ressort. Max Pécas fait
aujourd’hui office de pionnier. Héritage assumé pour
certains, encore honteux pour d’autres. Néanmoins, Max Pecas
fait toujours autant d’émules. Que ce soit à travers les
rediffusions télé de ses films ou à travers les oeuvres
contemporaines que sa méthode a inspirées.
Les 5 titres a succès vous plongeront à nouveau dans
l’ambiance. Gare aux imitations, cette ressortie pourrait
bien les pointer du doigt en exhibant les considérables
emprunts dont Max Pécas a fait l’objet. Ce qui nous rappelle
que le has been ringard peut très souvent, au fil des ans,
muter en has been culte. Certains des films de Max Pécas
prétendent à cette dernière catégorie…
Edition triple DVD qui joue la carte de la dérision et de la
qualité de transfert. Chaque menu fait l’objet d’une
sympathique animation. L’ensemble est d’excellente facture et
de bon ton à défaut d’être de bon goût (Max Pecas oblige !).
Et derrière cette édition bien empaquetée, on perçoit
l’esprit Studio Canal Vidéo… à la fois délirant et
sérieux.
Idem en terme de packaging avec l’utilsation de couleurs
flashies marquant à la fois le côté série Z et la volonté de
transformer cette collection en anthologie. Toutefois, pas de
surrenchère déplacée. Cela est et reste du Max Pécas avec
tout ce que cette appartenance implique d’humilité. Rire sans
se prendre le cerveau est le leitmotiv de cette édition.
Quant à la qualité d’image, la collection frise
l’excellence !!! Demeure à aborder le sujet qui fâche : les
suppléments. Niente ! Pas l’ombre d’un bonus consistant si ce
n’est les sempiternelles et initéressantes biographies et
filmographies ainsi qu’un diaporama pour se donner bonne
conscience… bref, on peut dire que cette édition a été
déshabillée pour l’occasion !
Pas la peine de traîner, c’est minable !!! C’est genre, on
vous file 2 ou 3 bonus histoire de vous faire oublier qu’on
n’a rien à vous montrer… Filmo, bio et diapo. Point final !
Où sont les makings of, interviews, comparaisons avec
d’autres oeuvres existantes ??? Où sont passés les
assistants, les techniciens, les images d’archives… enfin,
on ne va pas se faire de mal… il n’y a rien… en tous les
cas pas assez pour remplir le creux d’une dent de cinéphile.
On vous file le détail, on vous prévient que c’est du vite
fait mal fait et puis on passe à la prochaine section…
Bandes-annonces du film
Filmographie de Max Pécas
Biographie de Max Pécas (9’00)
Diaporama (2’57)
Ce qui serait vraiment tordant, c’est que Studio Canal Vidéo
ait l’idée de sortir une édition collector.
L’image est très clairement le point fort de la collection
DVD. Piqué exceptionnelle et couleurs merveilleusement bien
gérées, l’éditeur a parfaitement compris l’enjeu de cette
collection. Faire profiter leurs heureux possesseurs d’une
image encore meilleure qu’à la télévision.
Réduction du bruit, fluidité de la compression, élimination
des rayures et affinement du grain pour une remarquable
netteté des plans. Bref..la panoplie complète d’une sortie
DVD en grandes pompes. La chaleur qui se dégage de certaines
séquences (notamment celles sur la plage dans « Les Deux
Enfoirés à Saint-Tropez » ou celles sur le port dans « On se
calme et on boit frais à Saint-Tropez ») parvient même à
pallier l’absence de dialogue, de travail et de mise en
scène.
Les 5 films bénéficient tous sans exception aucune du même
haut niveau de qualité dans le transfert. Un pari qui se
révèlera très certainement payant puisque les acheteurs de la
collection Max Pécas en DVD apprécieront très certainement
cette marque de respect. Ce qui pousse à acheter un Max Pecas
en DVD plutôt que de l’enregistrer sur une cassette VHS est
la possession de l’oeuvre dans une qualité sérieusement
remasterisée. Une logique implaccable qui n’a pas échappé à
l’éditeur.
Côté son, c’est une autre histoire puisque l’éditeur parie sur
un simple mono. Certes, mieux vaut un mono de qualité qu’un
dolby stéréo ou surround quelque peu faiblard mais il y avait
tout de même matière à monter en gamme. Le Gendarme de Saint-Tropez et
son système arkamys s’y était essayé avec succès.
Ici, c’est mono sinon rien, privilégiant les voix bien
claires aux ambiances sonores et musicales. Certainement très
conscient que la collection max Pécas ne rencontrera pas
beaucoup d’installation Home Cinnema, l’éditeur ne s’est pas
attardé sur des prouesses techniques.
Il s’est contenté du minimum syndical toujours de bonne
facture. De toutes les manières, sur cette collection de 5
chefs d’oeuvres, aucun miracle n’était attendu. Juste ce
qu’il faut de qualité pour apprécier ses Max Pécas en toute
tranquilité.
Excellent avant-goût de ce que sera l’été ! ! !