Black Swan (2010) : le test complet du Blu-ray

Au beau milieu des blockbusters biberonnés par Hollywood, il reste une terre d’accueil pour les films indépendants.

enfin… accueil, c’est vite dit… il vaut mieux avoir quelques économies personnelles…

Mais affranchies de la main mise d’un gros studio, certaines oeuvres peuvent déployer leurs ailes et donner tout leur potentiel, même si il faut pour cela travailler dans l’urgence et dans la douleur.

C’est bien évidemment le cas de Black Swan, nouvelle merveille visionnaire, inspirée et habitée, issue de l’esprit de Darren Aronofsky qu’il n’est heureusement plus besoin de présenter désormais.

Sur un thème vieux comme la littérature et la psychanalyse (le dédoublement de personnalité), Aronofsky met en scène une fusion de Jekyll/Hyde dans le monde du ballet, connu également pour son niveau d’exigence hors normes et prompt à faire péter les plombs à la moindre faiblesse de caractère.

Du romantisme ? Des tutus roses ? De la grâce magnifiée ?… oui un peu, mais surtout de l’angoisse. Une angoisse intérieure. Celle de réussir, celle de plaire, celle d’être parfaite. Une angoisse vécue à l’écran par une Natalie Portman qui décidément n’a pas fini de nous asseoir à la vue d’une carrière déjà aussi remplie. Une angoisse qui va transformer une jeune femme fragile en monstre de perfection et de séduction.

Darren Aronofsky réussit encore à nous amener là où l’on n’avait pas forcément prévu d’aller et pas moyen de lui lâcher la main…

Même avec un succès public et critique, même avec un Oscar en poche, le côté éditorial peut ne pas être développé outre mesure.

Cette édition Blu-ray/DVD/Copie digitale est finalement assez convenue. Menus simplissimes, boîtier classique avec surétui sans effet particulier… Heureusement que l’on vient pour le film…

Par contre, ce Blu-ray comporte une « nouveauté » dont on se serait bien passé : une censure automatique via Internet ! Comprenez par là que si votre lecteur Blu-ray est relié au réseau, un petit bout de code viendra se loger dans le lecteur et fera sauter les 2 minutes un peu chaudes du film. Pour les lecteurs non connectés, aucun souci. Pour les autres, voyez notre rubrique « pépin » de cette fiche afin de découvrir comment contourner cette « protection ».

Comme les ballerines du lac des cygnes dans certaines scènes, les bonus tournent en rond.

Une fois visionné le making of de 50 minutes (élément le plus intéressant de la section), le film et les anecdotes qui orbitent autour n’auront plus de secrets pour vous.

Du coup, les featurettes, interviews et autres modules promotionnels qui suivent n’ont quasiment aucun intérêt. On s’y répète, on s’y auto-congratule copieusement… le spectateur s’y ennuie.

Un commentaire audio avec Portman et Aronofsky aurait certainement été bien plus passionnant car pouvant aller s’attarder sur des détails oubliés dans les interviews passe-partout.

Amis des images bien lisses et aseptisées, passez tout de suite votre chemin. Black Swan est un film de cinéma et revendique cette appellation avec une image granuleuse qui découle directement des choix optiques. Si l’on y gagne en ambiance, les amateurs d’images au scalpel auront du mal à suivre. En revanche, la précision est bien évidemment au rendez-vous, les gros plans fourmillent de détails et les lumières sont magnifiques.

Une fois encore, la piste française est sacrifiée sur l’autel de la HD. La piste DTS est certes convaincante, mais reste en deçà de la piste VO qui fait place à l’envoûtement et aux frissons de par sa précision dans les ambiances et les chuchotements mais également dans les moments ou l’angoisse se déchaîne.