Marcel le coquillage (avec ses chaussures) (2021) : le test complet du Blu-ray

Aussi touchant que techniquement réussi, Marcel le coquillage émerveille autant qu’il interroge sur ses propres racines.

Marcel est un adorable coquillage qui vit seul avec sa grand-mère Connie, depuis sa séparation avec le reste de leur communauté. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans son Airbnb, la vidéo qu’il met en ligne devient virale et offre à Marcel un nouvel espoir de retrouver sa famille.

Heart in the Shell

Comme beaucoup de bonnes idées, Marcel le coquillage (avec ses chaussures) est né d’une improvisation, d’un éclair d’inspiration dans une situation qui n’était pas forcément un lieu de création. Coincée dans une chambre d’hôtel un peu trop étroite avec Dean Fleischer Camp, Jenny Slate commence à parler avec une toute petite voix et exprime son appréciation de la situation. L’imagination s’enflamme, Dean Fleischer Camp bricole rapidement un personnage pour coller à cette voix, Marcel est né.

Un premier court métrage en 2010 prend les spectateurs par surprise. Sous la forme d’un faux documentaire, Marcel le coquillage raconte son quotidien et ses trouvailles dignes du monde des chapardeurs. Deux courts métrages supplémentaires plus tard, le phénomène est suffisamment important pour que le long soit lancé. 7 ans seront nécessaires pour accoucher de cette pépite aussi bien écrite que fabriquée.

De l’humour caustique et surprenant, on passe à la nostalgie et à des sentiments forts sur des sujets importants comme l’appartenance à une famille ou une communauté, le vieillissement, la mort ou les plaisirs simples. Le tout est magnifiquement proposé sous cette forme de faux documentaire aux qualités techniques tout aussi incroyables qu’elles sont difficiles à imaginer. La technique de la stop-motion (animation image par image) est déjà une option chronophage et qui demande une grand précision, mais elle ici mêlée à des images « en direct » dans un environnement en mouvement, avec tremblements de caméras et autres mises au point aléatoires. Deux tournages sont ainsi nécessaires pour accomplir cet exploit, un premier dans le « monde réel » et un autre en studio pour les éléments animés, sachant que le second tournage doit se calquer intégralement et très précisément sur le premier. Le résultat final est si parfait que l’on oublie vite l’exploit pour se laisser prendre dans les aventures de ce petit coquillage au coeur tendre et au regard plein d’innocence.

Mention spéciale aux voix principales, celle de Jenny Slate évidemment, mais aussi celle totalement inattendue et extrêmement touchante d’Isabella Rossellini.

Le dépaysement est total, le rafraîchissement des yeux et des oreilles aussi, le pari est fou mais largement gagné.

Le Blu-ray de Marcel le coquillage (avec ses chaussures) est proposé dans un boîtier Blu-ray standard. Le menu est animé et sonorisé. Une édition certes basique, mais qui a au moins le mérite d’exister sur notre territoire, l’animation indépendante étant régulièrement cantonnée au DVD. Merci donc à L’Atelier d’Images pour ce choix audacieux.

Mais l’audace n’a pas été jusqu’à la section bonus de ce Blu-ray qui loupe grandement sa cible… Si le making of est tout à fait passionnant et indispensable pour comprendre la maestria technique du film qui passe totalement inaperçue comme par magie, ce module n’est accompagné ici que par la bande-annonce et une mini-vidéo qui met en avant certains effets spéciaux.

L’édition américaine du Blu-ray de Marcel le coquillage (avec ses chaussures) propose non seulement un commentaire audio du réalisateur, de la voix de Marcel qui est aussi co-scénariste et du troisième co-scénariste, mais aussi les 3 courts métrages (de 2010 à 2014) qui sont à la source du succès du personnage et sans lesquels le long métrage n’existerai pas. Dommage.

L’encodage du Blu-ray est très réussi et conserve toutes les qualités particulières des images du film, équilibre impeccable d’image vidéo documentaire avec suffisamment de texture, tout en s’adaptant sans aucun artefact aux mouvement soudains, à certaines basses lumières et autres profondeurs de champ variables et ajustées en direct. La définition est magnifique sans être chirurgicale, de quoi profiter des textures vues de très très près, sans l’impression trop brillante d’une véritable image vidéo.

Comme pour les bonus, L’Atelier d’Images loupe ici le coche avec l’omission de la piste VOST Dolby Atmos qui existe sur l’édition américaine. Étant immergé dans un microcosme, le spectateur aurait profité des ambiances sonores qui l’entourent. Mais ne boudons pas notre plaisir, la piste VOST ici proposée dans un DTS-HD Master Audio 5.1, est tout à fait convaincante et participe activement de la qualité du spectacle avec, en premier lieu, des dialogues clairs et une foultitude de bruissements fins et autres coups de basses bien senties pour finir d’établir la fragilité du personnage. La musique, tantôt légère et pétillante, tantôt mélancolique, trouve également sa place dans la scène sonore. Le mixage de la VF, en DTS-HD Master Audio 5.1 également, est assez réussi, mais propose une scène sonore un plus serrée au niveau des ambiances. Évidemment, la VOST est également fortement conseillée pour son naturel, mais surtout pour la texture toute particulière de la voix du personnage principal assurée par Jenny Slate.

Crédits images : © Cinereach, You Want I Should, Sunbeam TV & Films, Human Woman