Réalisé par Don Bluth
Édité par Rimini Editions
Charlie, un chien un rien roublard, est assassiné par le gangster Carcasse. Il n’a jamais fait grand-chose de bien au cours de sa vie, mais il est pourtant accepté au paradis des chiens. Décidé à se venger, Charlie trouve le moyen de ressusciter et de revenir sur Terre. Mais il va devoir choisir : continuer à vivre comme avant ou venir en aide à Anne-Marie, une orpheline poursuivie par Carcasse.
TOUS LES CHIENS VONT AU PARADIS
Quatrième long métrage de Don Bluth, Charlie mon héros est aussi celui de l’indépendance pour ce réalisateur exigeant qui, après avoir quitté Disney pour réaliser Brisby et le secret de NIMH, s’affranchissait alors de sa collaboration avec Steven Spielberg, pourtant fructueuse avec les deux énormes succès de Fievel et le Nouveau Monde et Le Petit Dinosaure et la vallée des merveilles. Mais désireux d’avoir le contrôle artistique total, Don Bluth s’envole pour l’Irlande et fonde le Sullivan Bluth Studio d’où sortira Charlie mon héros.
Et on retrouve bien évidemment ce contrôle artistique dans les moindres recoins du film. Loin de la bienveillance de Disney et de son refus de choquer, Bluth n’hésite pas à parler vrai (il estime que le public jeune a droit à la même considération que les adultes) et à utiliser un langage très fleuri tout en abordant les thèmes de la mort, des gangsters, de la trahison, … mais aussi de l’amour et de la loyauté. Pour la technique, Bluth profite de la présence d’un personnage humain omniprésent dans son film pour faire appel au rotoscoping (décalque d’images d’acteurs) et gagner ainsi du temps tout en s’assurant des mouvements fluides et anatomiquement corrects, une technique qui ne le quittera plus jusqu’à Anastasia et Titan A.E., son chant du cygne. Il utilise aussi les images de synthèse pour certains volumes pénibles à animer à la main, comme la voiture qui va précipiter les aventures de Charlie.
Une chose que Don Bluth aura conservé de son époque Disney, c’est un goût prononcé pour les chansons et les numéros musicaux qui vont avec… il profitera alors des dernières notes écrites par Ralph Burns, légende d’Hollywood ayant oeuvré pour Lenny, Urban Cowboy ou encore Que le spectacle commence, donnant lieu à de nouveaux morceaux de bravoure d’animation comme la séquence avec l’alligator King Gator (voix en VO de Ken Page, le Oogie Boogie de L’Étrange Noël de Mr. Jack), digne d’une comédie musicale de l’âge d’or d’Hollywood.
Si le succès n’est pas au rendez-vous en salles (il affronte alors La Petite sirène) Charlie mon héros s’offira une seconde chance avec la vidéo pour rapidement devenir l’un des films favoris des amateurs d’animation dans la filmographie de Don Bluth. Il engendrera d’ailleurs une suite et une petite série (voir la fiche saga). Côté voix (en VO), c’est Burt Reynolds qui incarne le héros Charlie et Dom DeLuise (un habitué de Don Bluth que l’on retrouve dans Brisby et le secret de NIMH, Fievel et le Nouveau Monde et Le Lutin magique) qui incarne le fidèle acolyte Gratouille. En VF, on retrouve avec plaisir et nostalgie les voix si familières de Richard Darbois (Charlie) et Jacques Frantz (Gratouille).
Charlie, mon héros, si il n’est donc pas le film que l’on évoque spontanément quand on entend le nom de Don Bluth, reste en tous cas un morceau de bravoure d’animation et un film extrêmement touchant et honnête avec le spectateur. À (re)découvrir absolument.
Après Fievel et le Nouveau Monde et Rock-O-Rico, Rimini Editions continue son exploration de la filmographie de Don Bluth. Après un Digipack 3 volets pour Fievel et le Nouveau Monde, c’est un simple boîtier Amaray qui a pris la suite, glissé dans un étui carton. Les 2 disques Blu-ray et DVD de ce combo sont accompagnés une nouvelle fois de 4 cartes postales d’images du film. Les menus sont simples. Le visuel reprend l’une des affiches du film, encadré sur un fond uni avec le logo du film en dessous. Les deux disques portent la même sérigraphie.
Blu-ray et DVD accueillent, comme pour Fievel et le Nouveau Monde et Rock-O-Rico une intervention de Xavier Kawa-Topor, spécialiste de l’animation et visiblement fin connaisseur de la carrière de Don Bluth, qui revient très en détail sur la genèse du film, ses sources d’inspiration et le drame entourant la voix originale du personnage d’Anne-Marie, assassinée avant que le film n’ait été finalisé. Les deux disques accueillent également la bande-annonce du film en VO non sous-titrée.
En exclusivité sur le disque Blu-ray, se trouve un reportage de la RTBF, daté du 12 février 1990, qui visite les Studios Sullivan Bluth à Dublin. Un formidable trésor qui donne largement la parole à Don Bluth, interroge les équipes et revient très en détails sur toutes les étapes de la fabrication du film…un modèle du genre.
Le master vidéo de cette édition est plutôt une bonne surprise avec une belle définition et un encodage qui tient la route et préserve un multitude de détails depuis longtemps oubliés avec le DVD. Par rapport au master utilisé par MGM aux USA depuis 2011, il semble qu’un filtre réducteur de bruit ait été appliqué, mais il reste très bien dosé et ne nuit pas au spectacle.
Du choix sonore pour ce Blu-ray avec une piste VF stéréo d’origine qui, si elle permet de retrouver le doublage qui nous a charmé à l’époque, est par contre assez violente avec les ambiances sonores originales qui sont totalement écrasées par ce mixage. En VOST, on retrouve la piste stéréo d’origine avec beaucoup d’énergie, et aussi un mixage 5.1 assez pertinent sur nombre de scènes, mais qui demande de remonter le volume, tant l’énergie des 2 canaux initiaux est ici diluée sur les 5 canaux et le caisson de basse qui se fait assez discret mais donne de la rondeur à l’ensemble.
Crédits images : © Goldcrest, Sullivan Bluth Studios Ireland