Réalisé par Justin Kurzel
Avec
Lucas Pittaway, Daniel Henshall et Louise Harris
Édité par ARP Sélection
Le cinéma et la télévision ont toujours été fascinés par les tueurs en série. Pas seulement par les personnages de fiction, comme Dexter ou Hannibal Lecter, mais aussi par des personnages bien réels, parmi lesquels la palme de la popularité revient à Jack the Ripper, l’éventreur de Whitechapel. Mais les Allemands ont eu Peter Kürten, le Vampire de Düsseldorf, qui a inspiré M, le chef-d’oeuvre de Fritz Lang ; et nous revendiquons Henri-Désiré Landru, que Claude Chabrol a fait revivre dans une tragi-comédie, tout comme Charles Chaplin dans son Monsieur Verdoux.
Avec son premier long métrage, Justin Kurzel relate les faits et gestes de l’Australien John Bunting qui s’est distingué de ses prédécesseurs, généralement solitaires, en commettant ses crimes en compagnie de ses proches.
Ce qui frappe immédiatement dans ce film, c’est la laideur. Celle d’une petite ville défigurée par les fils électriques, des voitures épaves, des maisons délabrées aux intérieurs crasseux, aux murs lépreux » décorés » des pires chromos ou d’étagères sur lesquelles grouille une collection d’animaux en faïence.
Cette laideur sert de toile de fond à une série de crimes, d’abord incompréhensibles pour qui ne connaît pas les faits, qui conduit à une descente progressive vers l’horreur, filmée crûment, avec une redoutable efficacité, sans toutefois que la caméra s’attarde sur les détails sanglants. Un autre intérêt du film est qu’il insiste sur la fascination qu’exerce John sur toute une famille dans laquelle il réussit à assumer immédiatement le rôle de patriarche absolu.
Un film dérangeant, réalisé avec une maîtrise étonnante pour une première oeuvre, mettant en scène des acteurs débutants, sauf Daniel Henshall, qui incarne John Bunting. Il a récolté en 2012 pas moins de sept prix du Australian Film Institute et, à Cannes en 2011, une mention spéciale de la FIPRESCI.
Boîtier classique, 12 chapitres. L’interactivité est réduite au minimum, n’offrant que la version originale du film avec sous-titres français imposés.
L’image AVC, volontairement granuleuse mais bien détaillée, s’harmonise avec la sombre tonalité de l’histoire, sous le ciel gris ou pluvieux de l’Australie du sud.
Le son (5.1 DTS-HD MA), d’une grande précision, valorise l’intéressante musique originale composée par Jed Kurzel.
Les suppléments se limitent à trois courts entretiens avec deux acteurs, Daniel Henshall et Louise Harris, et avec le réalisateur. Pas grand-chose en comparaison de l’édition australienne toutes zones qui contient d’autres suppléments, dont un intéressant commentaire du réalisateur.