Réalisé par Darren Aronofsky
Avec
Russell Crowe, Jennifer Connelly et Ray Winstone
Édité par Paramount Pictures France
Noé, un homme promis à un destin exceptionnel alors qu’un déluge apocalyptique va détruire le monde. La fin du monde… n’est que le commencement.
Oh mon bateau !…
Dès son premier long métrage (Pi), Darren Aronofsky a acquis le statut de réalisateur « à suivre ». Son cinéma est extrêmement organique, bouscule les conventions et vient toujours réveiller chez le spectateur des sensations profondes et contradictoires, quelque part entre fascination et rejet.
Visiblement habité par de vastes questions spirituelles (The Fountain), il conservait également depuis de nombreuses années, l’envie de raconter l’histoire de Noé.
D’abord amorcée via une bande-dessinée, l’adaptation de ce court épisode de l’Ancien Testament qui trempe déjà pas mal dans le mythologique, y ajoute une bonne dose de fantastique et élargit franchement les ramifications du récit original afin d’explorer ce personnage biblique iconique et de le projeter hors du temps connu.
Fort du succès de Black Swan, Aronofsky a pu se lacher, ouvrir les vannes de la créativité en grand et inonder l’écran de concepts fabuleux et coûteux.
L’Arche, est à elle seule un fantastique exemple de contre-pied à ce que l’on pourrait attendre et à ce qui a déjà été vu et revu ailleurs. Point de jolie coque aux courbes agréables, non. Noé fait avec ce qu’il a sous la main, il se sert de son bon sens et de la main d’oeuvre à disposition. D’où ce bâtiment monolithique et diablement bien conçu pour accueillir tout ce qui vole, se meut ou rampe sur la Terre…
On le comprend vite, Noé nage assez loin des adaptations bibliques habituelles pour ne garder qu’une trame connue et construire par-dessus une mythologie qui lui est propre. Un exemple frappant est cette mise en parallèle du récit de la Genèse (texte largement repris par les créationnistes) avec des images évoquant la théorie toute Darwinienne de l’évolution… éblouissant d’intelligence.
Aux commandes de la destinée de cette puissante embarcation, Russell Crowe parvient encore à étonner en se mettant tout au service de son personnage, accompagné par Jennifer Connelly qui ne cesse d’embellir avec l’âge et de nous convaincre de son talent d’actrice trop rare. Emma Watson, attendue au tournant pour chaque rôle qui l’éloigne de la saga Harry Potter, s’en sort avec les honneurs et donne la réplique à Russell Crowe avec beaucoup de grâce et d’aplomb.
Oui, Noé sent le blockbuster, mais derrière la facade commerciale orchestré par un marketing rassurant, se cache un nouveau choc signé Darren Aronofsky, une adaptation culottée .
Une galette assez modeste pour un film d’une telle ampleur. Menus très standards, boîtier Blu-ray standard, une heure de tournage, de très belles images certes, une piste VOST à tout casser, mais une VF qui écope d’un encodage de DVD… DVD du film d’ailleurs offert dans cette édition combo.
En guise de bonus, 3 modules (20 minutes chacun), séparés mais filmés par la même équipe et qui forment un tout cohérent avec possibilité d’une lecture enchaînée.
Ces modules ce concentrent sur le tournage des éléments réels, occultent la partie numérique et ne donnent pas vraiment la parole aux acteurs (on ne voit d’ailleurs quasiment que Russel Crowe).
Le premier module s’attarde sur le tournage en Islande. Car à l’heure de la prédominance des images de synthèse (Noé n’en manque pas cependant), Aronofsky a opté pour la carte de l’authenticité pour les extérieurs, filmés (pendant 5 semaines) dans ce pays à la géographie riche, parfois primitive, mais à la météo extrêmement variable. Le second module détaille le tournage de la séquence de bataille contre l’Arche par la population hystérique des hommes avec la mise en place d’un impressionnant dispositif de pluies artificielles pulvérisant tous les records du genre. Le dernier module pénètre le gigantesque décor de l’Arche.
Au total, un making of d’une heure, très bien équilibré entre images de tournage, interviews de l’équipe et quelques explications, le tout sans l’habituelle langue de bois. Mais curieusement, on reste justement sur sa faim concernant l’expérience des acteurs pour ce tournage particulièrement éprouvant.
Des paysages tranchants de l’Islande aux intérieurs sombres de l’arche en passant par la tempête et les pluies diluviennes, il y a de quoi mettre en difficulté l’encodage. Il n’en n’est rien et le mélange d’images argentiques et numériques du film trouve avec ce Blu-ray un allié de poids qui lui offre toutes ces capacités pour un spectacle précis.
Une fois passé l’enthousiasme généré par la VOST et son DTS-HD Master Audio 7.1 d’une grande maîtrise (effets parfaitement placés, dialogues nets, musique ajustée et basses profondes), on se désole devant la VF en Dolby Digital 5.1… D’autres éditeurs indépendants le font et montrent que c’est possible, pourquoi certains grands studios s’obstinent ils à refuser la HD pour les versions françaises ?… Bien sûr, cette piste peut faire l’affaire avec son mixage dynamique… sur un DVD ! Mais sur un Blu-ray et sur un film d’une telle envergure, c’est juste inadmissible. D’autres éditeurs proposent au moins du DTS standard !
Crédits images : © Paramount Pictures