First Man - Le Premier Homme sur la Lune (2018) : le test complet du Blu-ray

Pilote jugé « un peu distrait » par ses supérieurs en 1961, Neil Armstrong sera, le 21 juillet 1969, le premier homme à marcher sur la lune. Durant huit ans, il subit un entraînement de plus en plus difficile, assumant courageusement tous les risques d’un voyage vers l’inconnu total. Meurtri par des épreuves personnelles qui laissent des traces indélébiles, Armstrong tente d’être un mari aimant auprès d’une femme qui l’avait épousé en espérant une vie normale.

Un petit pas pour l’homme, un grand film pour Damien Chazelle

Pour son premier film de commande, Damien Chazelle (Whiplash, La La Land) n’a ni plongé dans la facilité, ni versé dans le sensationnel blockbuster. Là où d’autres films comme L’Étoffe des héros (Philip Kaufman, 1983) ou Apollo 13 (Ron Howard, 1995) ont déjà brillamment abordé le thème de la conquête spatiale américaine, First Man s’attache spécifiquement à ces fameux premiers pas sur la Lune et aux hommes qui ont permis cet exploit. Et c’est bel et bien d’hommes dont il est question en priorité dans le film de Damien Chazelle et évidemment de Neil Armstrong en particulier. Mais plus que de montrer combien Armstrong était l’homme de la situation, Chazelle lève le voile sur des pans méconnus de la personnalité du premier homme à avoir marché sur la Lune. Père profondément blessé par la perte d’un enfant, mari tout aussi lié à son travail, le « héros » n’est pas exempt de failles et c’est bien cet aspect qui entraîne le spectateur dans une identification quasi instantanée et rend ce récit plus humain que spectaculaire, même si un autre aspect du film est là pour prendre les tripes.

Cet autre aspect, c’est le parti pris réaliste de Chazelle pour faire vivre au spectateur le plus viscéralement possible, les incroyables étapes des programmes spatiaux Gemini puis Apollo. Même dès les premières secondes du film, les sens sont mis à rude épreuve en partageant le cockpit exigu, sombre et tremblant du fameux X-15. Le son notamment est mis à contribution avec un design sonore très cru et omniprésent. Le peu de visibilité des astronautes dans les modules spatiaux est également flagrant et participe d’un sentiment claustrophobique bien palpable. Jusque dans la musique du film composée par Justin Hurwitz (compagnon musical de toujours de Damien Chazelle), First Man évite le sensationnel et le magistral pour une approche fine qui soutient un récit pourtant connu, mais qui prend là une dimension humaine extraordinaire.

Traversant le film sans en faire des tonnes (ce n’est de toutes façons pas son genre), Ryan Gosling qui n’est pas des plus ressemblant avec le vrai Armstrong, permet lui aussi au spectateur de s’attacher au récit, aux événement familiaux et aux prouesses techniques et physiques de cet homme discret.

First Man peu dérouter par son manque de spectaculaire, mais ce qu’il perd en sensationnel, il le gagne en réalisme et montre qu’un cinéma mûr et intelligent peut servir un récit légendaire sans tomber dans la facilité du grand spectacle tout aussi pompeux que larmoyant. Damien Chazelle est plus que jamais un réalisateur à suivre.

Noire et très brillante (bonjour les traces de doigts), la robe SteelBook sobre de cette édition de First Man lui va comme un gant. À l’intérieur, la galette Blu-ray, un leaflet pour la copie digitale à visionner via Google Play (en VF uniquement) et le code du programme de fidélité Universal permettant d’obtenir des Blu-ray gratuits.

Pas de surprise côté menus avec l’éternelle présentation par icônes sur le côté gauche, sur fond d’images et de musique du film.

Avec à peine 40 minutes de bonus, on ne peut pas dire que cette édition soit d’une générosité folle, surtout que les 8 featurettes sont montées un peu à la serpe, ne laissent que peu de temps au regard pour se poser sur les quelques images en coulisses et donnent une parole assez succincte aux différents intervenants. Tout ça est loin d’être inintéressant mais on aurait aimé prendre plus son temps et on retiendra surtout l’enthousiasme presque enfantin de divers membres de l’équipe (dont une bonne partie des acteurs) qui ont eu l’honneur de visiter la NASA et d’y tourner quelques plans.

Des deux scènes coupées, on retiendra surtout celle de l’incendie, nouveau coup dur dans la vie de Neil Armstrong et sa famille, un moment fort et angoissant.

Reste le commentaire audio, mené par Damien Chazelle accompagné du scénariste Josh Singer et du monteur Tom Cross. Une fois de plus, en l’absence de véritable making of qui prend son temps, ce commentaire audio est LE bonus le plus intéressant du lot puisqu’il prend le temps du film pour expliquer choix et directions, et livrer son lot d’anecdotes. Comme il est sous-titré, on aurait tort de se priver.

16 mm, 35 mm, 65 mm IMAX… les choix de captation de Damien Chazelle et son directeur photo Linus Sandgren (La La Land sont variés et toujours adaptés à des séquences en particulier. Le 16 pour les images très rapprochées et claustrophobiques des différents cockpits, le 35 pour les séquences quotidiennes et l’IMAX pour les images à la surface de la Lune. Ces dernières sont d’ailleurs l’occasion d’un changement de ratio, en passant du 2.35 au 1.78, avec une impression tangible d’espace et de luminosité accrue qui fait frissoner. Tout ce travail méticuleux et malin apporte sa pierre à l’édifice du réalisme voulu pour le film, tout en jouant sur le côté argentique des images de l’époque, amenant instantanément le spectateur dans une ambiance « d’époque ».

Le tout est porté avec brio par un encodage AVC respectueux qui propose une définition et des contrastes redoutables.

De même que l’image de First Man a été finement travaillée, la bande sonore du film a fait l’objet d’une recherche et d’un mixage minutieux, surtout dans les séquences de cockpits. Le détail est tel que l’on a la sensation d’entendre chaque boulon, chaque respiration, chaque craquement de tôle… un véritable concert anxiogène qui permet d’être propulser dans l’action. Le mixage Atmos (compatible et lu ici en Dolby TrueHD 7.1) se charge de placer le moindre détail dans un espace sonore d’une grande richesse et restitué avec soin.

Pour la VF, comme souvent malheureusement, le traitement est bien moins qualitatif, avec une piste Dolby Digital Plus 7.1 qui ne peut rivaliser et laisse vite un goût plus artificiel, le doublage n’aidant pas, comme souvent.

Crédits images : © Universal Pictures