Mystery Men (1999) : le test complet du Blu-ray

Mr Furieux, La Pelle, Le Fakir Bleu, La Boule, cet inventaire de bras cassés pourrait bien sauver la ville, après avoir sorti les poubelles…

À Champion City, il est difficile de se faire une place en tant que super-héros, étant donné que les spotlights sont accaparés par l’incontournable Capitaine Admirable. Mais quand ce dernier est capturé par le super-vilain Casanova Frankenstein, c’est le moment pour les Mystery Men de briller enfin. Mais avec des pouvoirs aussi limités que le lancé de fourchettes, le maniement de pelle et la force décuplée uniquement en cas de grosse colère, il va falloir trouver du renfort et des armes avant de pouvoir partir à l’assaut de Casanova Frankenstein…

Ce synopsis ne vous dit rien ? C’est presque normal… Plantage total au box office, Mystery Men fait partie de cette famille de films récupérés par le monde de la vidéo qui sera le terreau d’une communauté de fans dévoués, à la limite de l’adoration genre The Rocky Horror Picture Show.

Le casting avait pourtant de quoi faire saliver : Ben Stiller, Geoffrey Rush, Greg Kinnear, William H. Macy, Hank Azaria, Claire Forlani, Janeane Garofalo, Eddie Izzard, Paul Reubens ou encore Tom Waits… tous dans une forme olympique pour livrer des lignes de dialogues toutes plus improbables les unes que les autres avec le plus grand sérieux du monde. Cet univers barré et irrévérencieux ne vient d’ailleurs pas de nulle part puisque Mystery Men est en fait une adaptation d’une série de comic books elle-même engendrée par les aventures d’un super-héros pas comme les autres, « Flaming Carrot » (La Carotte Enflammée) signées Bob Burden. Du non-sens à tous les étages, un ton parodique et des dialogues à tomber, tout était là.

À la réalisation, qui se souvient de Kinka Usher ? Personne ? Et c’est bien normal puisque ce premier long métrage sera aussi son dernier. La légende raconte que lors du tournage, aberlué par l’ampleur de la tâche, il aurait dit vouloir retourner à ses films publicitaires plutôt que de gérer une telle absurdité… il semble qu’il ait mis sa menace à exécution… À la vision du film, plus de 20 ans plus tard, il faut pourtant admettre qu’il a réussi à traverser cette épreuve avec brio puisque le film supporte largement les années passées, fait encore largement rire et peu même parfois impressionner par ses effets spéciaux visuels aux balbutiements des images de synthèse signés Lori J. Nelson, dont le CV commence avec Howard the Duck (si c’est pas un signe du destin et un gage de qualité ça !) et certains décors baroques sortis tout droit du Batman Forever de Joel Schumacher.

Face à ce cocktail en permanence sur le fil du rasoir entre parodie et véritable réflexion sur le thème du super héros dans son quotidien, on comprend mieux l’incompréhension première du public de l’époque et la difficulté de promouvoir un tel fourre-tout. Mais qu’on ne s’y trompe pas, derrière les blagues de prouts, les répliques nourries au non-sens et son côté parfois potache, Mystery Men se déguste comme un Batman de Burton qui aurait fricoté avec les ZAZ ou les Monty Python, une film culte on vous dit !

Comme le laissait entendre la bande-promo du lancement de la campagne Kiss Kiss Bank Bank de cette édition, l’équipe de L’Atelier d’Images est fondu de Mystery Men et ça se sent ! Superbe SteelBook illustré par Paul Shipper, Blu-ray + DVD avec les mêmes contenus, bonus inédits dont une exclu française, bonus d’époque, et le tout profitant d’un master flambant neuf ! Ne bougez plus nom d’une fourchette, vous êtes en présence de l’édition parfaite !

S’appuyant vraisemblablement sur l’édition anglaise 88 Films (à moins que ça ne soit l’inverse), on trouve dans les galettes Blu-ray et DVD de ce SteelBook, les mêmes bonus, un savant mélange d’archives datant de la première édition DVD de 2000 et de bonus totalement inédits dont un exclusif à la France.

Côté archives, on commence par l’incontournable commentaire audio de Kinka Usher (VOST), très descriptif, saupoudrant anecdotes et détails de tournage et complimentant toute son équipe. Le réalisateur est manifestement fier de son film et des efforts déployés pour le boucler. On trouve ensuite les coulisses du tournage d’époque, une featurette promo assez riche et donnant la parole aux acteurs principaux, tout en offrant quelques secrets de tournage. Puis viennent les scènes coupées, comme l’explique Kinka Usher dans son interview récente, si le quotidien de ces héros en devenir est présent dans le film et apporte un côté tragi-comique, une bonne part des scènes appuyant sur cet aspect a été coupée au montage, elles sont présentes ici, comme un témoignage supplémentaire du talent de la brochette étonnante d’acteurs réunis pour l’occasion. Et on termine ces archives par la bande-annonce d’époque sur la musique de Evil Dead 3 : L’armée des ténèbres et du disco, le ton est donné…

Produits par Ballyhoo Motion Pictures, les bonus inédits plongent dans les coulisses du film avec Nous sommes les autres gars, un entretien avec Kinka Usher qui déborde d’anecdotes et raconte la genèse du film ; Je suis un super-héro, maman, une interview de Marilyn Vance qui a eu un sacré boulot avec les costumes hauts en couleurs et improbables puisque censés être fabriqués par les héros eux-mêmes ; Champion City en son et lumière, une interview de Todd Tucker responsable de certains effets de maquillages et de certaines parties de costumes dont celui de Capitaine Admirable ; et enfin Le Disco, c’est la vie, une très intéressante analyse de la musique du film par un historien des musiques de film, qui détaille le choix de Stephen Warbeck et nous apprend l’apport de feu Shirley Walker en fin de production.

Le bonus totalement inédit et 100% français est le le regard sur le film par le stagiaire des affiches, une analyse assez fine et même profonde du film, qui le situe dans son contexte et donne des clés pour comprendre autant l’intention que l’échec de cet ovni.

En bonus caché, on peut retrouver la fameuse bande-promo du lancement de la campagne Kiss Kiss Bank Bank… un témoignage pour la postérité.

Nous nous arrêtons ici sur le Blu-ray (le DVD profite du même master) pour remarquer son excellente tenue avec un master qui enterre le DVD de 2000. Malgré une photographie globalement sombre, les images laissent place à une palette de couleurs assez large et souvent bariolée. Les contrastes sont très profonds, les pointes de lumière ne saturent pas et le grain de la pellicule profite de la définition impeccable. Cette dernière est l’occasion de (re)découvrir un foule de détails dans les décors et costumes.

Les mixages 5.1 d’origine sont repris ici en VF et VOST. Mais le passage du Dolby Digital du DVD au DTS-HD Master Audio du Blu-ray donne une ampleur détonnante à la VOST qui, à l’instar du gain de définition pour l’image, gagne ici en détails, en précision et en placement des effets. La VF reste un bon cran en-dessous avec un doublage qui fait perdre énormément de punch aux dialogues et écrase surtout certains effets de réverbération.

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