La Dernière Reine (2022) : le test complet du Blu-ray

Réalisé par Damien Ounouri
Avec Adila Bendimerad, Dali Benssalah et Mohamed Tahar Zaoui

Édité par Jour2Fête

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Le 12/10/2023
Critique

Ce premier film spectaculaire dévoile une des pages du lointain passé de l’histoire de l’Algérie, une nouveauté dans les salles de cinéma.

La Dernière reine

Algérie, 1516. Le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Selon la rumeur, il aurait assassiné le roi Salim Toumi, malgré leur alliance. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête : la reine Zaphira, la favorite du roi Salim. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat et des bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger.

La Dernière reine (الأخيرة, El Akhira), une coproduction algéro-franco-taïwanaise, est le premier long métrage du Français d’origine algérienne Damien Ounouri, coécrit et coréalisé avec l’actrice Adila Bendimerad, sélectionné à Venise en septembre 2022, sorti dans nos salles en avril 2023. Le film aurait pu ne jamais être réalisé : le tournage, commencé au printemps 2020, interrompu après deux jours par la pandémie, a failli n’être pas repris en 2021 pour des raisons financières.

Le scénario s’appuie sur une réalité historique. Aroudj Barberousse (Oruç Reis, en turc), corsaire à la tête d’une flottille d’une douzaine de galiotes et d’un millier de mercenaires turcs au moment où commence le film, pour vaincre les Espagnols qui contrôlent le port d’Alger, s’allie à Salim at-Toumi, chef de la tribu des Thaâliba, émir d’Alger. On soupçonne Barberousse de l’avoir fait assassiner après la victoire. Autoproclamé sultan d’Alger, Barberousse mourra en 1518 à Tlemcen, au terme d’un siège de six mois ordonné par Charles Quint. L’existence de Zaphira, relatée par Jacques Philippe Laugier de Tassy, chancelier du consulat français à Alger en 1717-1718, dans son Histoire du royaume d’Alger publiée en 1725, a vite été sérieusement contestée par les historiens.

La Dernière reine

La Dernière reine jette un nouveau regard sur l’Algérie, surtout représentée au cinéma à travers le prisme de la colonisation, de la guerre ou du terrorisme. Le choix d’un film d’aventure en costumes exprime la volonté des auteurs de « faire apparaître les images manquantes du passé d’Alger ».

La Dernière reine, tourné en Algérie en décors réels, bien photographié par le chef-opérateur belge expérimenté Shadi Chaaban, entre des scènes d’action à grand spectacle, nous fait entrer dans l’intimité de trois personnages féminins. Adila Bendimerad incarne Zaphira, anonyme, enfermée dans un harem, mais qui, telle Antigone, se révolte contre l’ordre établi. Tout comme les deux autres femmes, la première reine Chegga et Astrid la Scandinave, l’épouse d’Aroudj, interprétée par Nadia Tereszkiewicz que nous avions vue dans Seules les bêtes de Dominik Moll. Un choix scénaristique appuyant avec insistance l’idée que l’égalité des hommes et des femmes permet à celles-ci de défier l’ordre établi, y compris dans une société foncièrement patriarcale.

Dali Benssalah, vu dans des rôles secondaires de L’Homme fidèle (Louis Garrel, 2018) et avec Daniel Craig dans Mourir peut attendre (No Time to Die, Cary Joji Fukunaga, 2021), donne une bonne présence à Aroudj Barberousse. Le rôle du roi Salim est tenu par l’acteur algérien Mohamed Tahar Zaoui pour sa première contribution à un long métrage.

La Dernière reine

Présentation - 2,0 / 5

La Dernière reine (110 minutes) et ses suppléments (67 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans un boîtier non fourni pour le test.

Le menu propose le film dans sa langue originale, l’arabe, avec sous-titres optionnels, et le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 stéréo.

Sous-titres anglais disponibles.

Une édition DVD est proposée, sans le court métrage en bonus.

Bonus - 3,0 / 5

Entretien avec les réalisateurs (20’), conduit par Audrey Tazière, responsable vidéo/VOD de Jour2Fête. Alors qu’il projetait la réalisation d’un film sur un sujet contemporain, Damien Ounouri fut séduit par la légende de Zaphira que lui raconta Adila Bendimerad dans la casbah d’Alger. La nature fictive du personnage laissait une grande liberté dans l’écriture du scénario et la mise en scène. Dali Benssalah fut retenu dès 2018 pour le rôle de Barberousse, puis Nadia Tereszkiewicz pour le rôle d’Astird la Scandinave. La Dernière reine, un des premiers films algériens en costumes, illustre l’histoire oubliée d’Alger et montre que les femmes, dont le rôle a été effacé, peuvent, notamment dans les épisodes de guerre, prendre les rênes de la cité.

Les effets visuels (5’). Sans commentaire, ce document montre comment, couche après couche, plusieurs plans ont été traités en postproduction : étalonnage des couleurs, luminosité et contrastes, ajouts de figurants, de bâtiments, d’accessoires, d’effets pyrotechniques…

Bande-annonce storyboardée (1’51”). En haut de l’écran, des planches du storyboard en noir et blanc, en dessous les plans correspondants du film.

Kindil el bahr, court-métrage de Damien Ounouri (2016, 40’, 2.35:1, 1080p, DTS 2.0 stéréo), sélectionné à Cannes pour la Quinzaine des Réalisateurs. Le titre, littéralement « lumière de la mer », désigne la méduse. Un couple, ses deux enfants et leur grand-mère partent passer la journée sur la plage. Nfissa, la jeune femme, est agressée par des hommes quand elle se baigne. La pluie a vidé la plage : personne n’entend ses appels au secours… L’histoire, banale, prend un tour fantastique. Avec Adila Bendimerad, coscénariste, interprète de Nfissa.

La Dernière reine

Image - 4,5 / 5

L’image numérique, au ratio 1.85 1, 1080p, AVC, avec une résolution rarement prise en défaut, tant dans les gros plans que dans les plans larges, lumineuse et fermement contrastée, déploie un éventail de couleurs agréablement saturées, dans une palette chaude, mettant en valeur la beauté et la richesse des décors et des costumes.

La Dernière reine

Son - 4,0 / 5

Le son DTS-HD Master Audio 5.1 (avec une alternative 2.0 stéréo) assure la clarté des dialogues. La dynamique et l’ouverture de la bande passante, avec le soutien approprié du caisson de basses, donne une bonne présence à l’ambiance. Le format multicanal crée une sensation d’immersion, toutefois limitée dans les scènes de bataille par une sollicitation modérée des canaux latéraux, mais ajoute ampleur et aération à la composition originale des frères Evgueni et Sacha Galperine, notamment signataires de la partition de Faute d’amour (Nelyubov, 2017), l’inoubliable film d’Andreï Zviaguintsev, Prix du jury à Cannes.

Crédits images : © Taj Intaj, Agat Films & Cie, CADC, Sofica Sofinergie 5, Red Sea Film Festival Foundation

Configuration de test
  • Vidéo projecteur SONY VPL-VW790ES
  • Sony UBP-X800M2
  • Denon AVR-4520
  • Kit enceintes/caisson Focal Profile 918, CC908, SR908 et Chorus V (configuration 7.1)
  • Diagonale image 275 cm
Note du disque
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Philippe Gautreau
Le 13 octobre 2023
Ce nouveau regard sur un lointain passé de l’Algérie, surtout représentée au cinéma à travers le prisme de la colonisation, de la guerre ou du terrorisme, fait apparaître des images manquantes de l’histoire d’Alger et le rôle, effacé par les historiens, qu’ont joué les femmes.

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La Dernière Reine
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