Réalisé par David Lynch
Avec
Sheryl Lee, Ray Wise et Harry Dean Stanton
Édité par MK2
Le message est clair dès la fin du générique d’ouverture : après une
musique douce et mélancolique sur fond de neige vidéo bleue, le téléviseur
est explosé d’un coup de hache, laissant entrevoir à la fois l’une
des dernières images du film mais ne laissant également aucun doute
quant aux intentions de David Lynch… ce n’est plus de la télé !
Déjà, le positionnement temporel est osé et à de quoi faire pâlir
d’envie les milliers de fans de la série. En effet, Lynch décide de nous
raconter ce que nous n’avions pas encore vu, pas dans la suite de
la série, mais avant. 7 jours avant pour être exact. L’objectif ? Comprendre.
Comprendre pourquoi et comment la reine du lycée en est arrivé là.
Pour ceux qui avait eu le plaisir de lire le « Journal intime de Laura
Palmer », les surprises sont moindres, mais tout comme pour Dune, on
peut enfin assister à la mise en scène d’un cauchemar de la pire espèce
et à la mise en chair de l’explosion inéluctable d’un être tourmenté
par un esprit qui l’a choisie comme victime. Et c’est également ici que
l’on constate que le film et la série ne jouent pas dans la même catégorie.
Libéré du carcan de la censure télévisuelle, Lynch s’en donne à coeur joie !
Sang, nudité, drogue, violence… tout est là et rien ne sera oublié pour
vous faire partager au plus près « l’expérience » de ces 7 derniers jours.
Mais attention ! A ceux qui n’auraient pas encore vu la série, à la
génération qui n’a pas encore eu ce plaisir, je ne dirais qu’une chose :
laissez ce DVD dans son plastique ! Car même si le film apporte sa
brouette de mystères et de questions sans réponses, il apporte par
contre la clé principale du mystère de la série : qui a tué Laura
Palmer.
Une Laura Palmer incarné par une Sheryl Lee d’une générosité confondante.
Tout son être semble investi pour et par le film. Larmes, joie,
désespoir, peur, manipulation … et tout ça parfois en même temps, dans la
même scène, à la perfection ! Si la réalisation et l’ambiance de Lynch sont
essentielles, Sheryl Lee ne l’est pas moins. C’est en même temps une évidence,
le film reposant entièrement sur son personnage…
Alors si vous aimez Lynch, si vous avez vu la série et si vous avez le coeur
bien accroché, allez-y, ouvrez le plastique et libérez le cauchemar…
Ce DVD est à ranger dans la catégorie des packaging d’un autre monde… Tout commence par ce sachet « zip » métallisé façon dossier ultra secret ou « body bag ». Une fois ouvert, le digipack s’offre à vous avec son DVD à la sérigraphie zebrée, son morceau de pellicule numéroté et son livret 40 pages. Ce dernier est une vraie mine d’information : le contexte du film, des photos, des affiches mondiales du film, la carte détaillée de Twin Peaks… Un excellent compagnon qui vient combler le quasi néant de la partie supplément du DVD lui-même.
Bon, soyons clairs, c’est le point faible de cette édition. Bien
que tout le reste soit très soigné, les bonus sont ici réduits à
leur plus simple expression, voire moins.
On passsera très rapidement sur la galerie de personnages qui aurait
mieux fait d’aligner des photos plutôt que ces mini-vidéos trop courtes.
L’Electronic Press Kit n’est pas plus que son nom ne l’indique : un
rassemblement de bouts d’interviews mélangés à la bande-annonce…
juste de quoi illustrer un journal de 20H…
Que se passe-t-il ? D’abord annoncé en édition prestige, nous voilà
avec une édition à la légèreté confondante.
Quid des fameuses scènes coupées ? Quid d’un documentaire comprenant
des interviews récentes des acteurs ?… il faudra vraisemblablement
attendre. Les rumeurs d’une nouvelle édition sont d’ores et déjà lancées…
C’est vraiment du côté technique que ce DVD se rattrape. L’image est splendide. Très stable et très fine. Rien ne viendra vous perturber pendant votre plongée Lynchienne grâce à un encodage intelligent qui ne laisse aucune scène sombre sur le carreau.
Côté son également, l’immersion se fera très facilement grâce à une combinaison de pistes très soignées. Une préférence pour la VO DTS qui enveloppe littéralement l’auditeur, libère les dialogues et donne une vraie place à l’ambiance sonore crée par Lynch et son compositeur Angelo Badalamenti. La VO Dolby Digital est tout de même en retrait avec un rendu plus « plat ». La VF DD5.1 quant à elle s’en tire pas trop mal avec un doublage qui tient la route.