Non, ce n’est pas Linda qui a pris la bague de sa mère Paulette ! Cette punition est parfaitement injuste !… Et maintenant Paulette ferait tout pour se faire pardonner, même un poulet aux poivrons, elle qui ne sait pas cuisiner. Mais comment trouver un poulet un jour de grève générale ?… De poulailler en camion de pastèques, de flicaille zélée en routier allergique, de mémé en inondation, Paulette et sa fille partiront en quête du poulet, entraînant toute la « bande à Linda » et finalement tout le quartier. Mais Linda ne sait pas que ce poulet, jadis si bien cuisiné par son père, est la clef de son souvenir perdu… Au fait, quelqu’un sait tuer un poulet ?…
CHICKEN RUN
Ces thématiques somme toute tout à fait quotidiennes font de Linda veut du poulet ! un film extrêmement rafraichissant. Loin de tout pathos (même si la mort du père de Linda lorsqu’elle était enfant est présente en fil rouge) et loin de se poser en donneur de leçon, le film de Chiara Malta et Sébastien Laudenbach propose une lecture du quotidien pleine de bonne humeur, de bon sens et légèreté.
Cette sensation est largement soutenue et renforcée par le choix graphique (assez proche du saisissant La Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach) qui, là aussi, s’éloigne des sentiers battus et des « standards » du moment avec un trait vibrant, qui peut même disparaître fugacement pour ne laisser place qu’à quelques coups de crayons qui soulignent un à plat de couleur, permettant au passage d’identifier immédiatement les personnages. Avec ce style de dessins, le spectateur est même libre d’imaginer ce qui « manque » et de se concentrer surtout sur les dialogues, le rythme, mais aussi sur le mouvement. Car l’animation de Linda veut du poulet ! n’est certainement pas à l’économie avec des mouvements subtils et des expressions de visages confondantes de naturel. Il faut dire que les animateurs ont eu un matériau de départ très vivant avec les voix des comédiens qui ont été enregistrées bien souvent en situation réelle, en extérieur et même en mouvement !
Linda veut du poulet ! n’a cédé qu’à une seule « mauvaise » habitude des films d’animations : les chansons. On comprend que c’est un moyen toujours poétique et pratique pour faire part des états d’âme des personnages ou pour donner des informations supplémentaires, mais celles de ce film ont vraiment un goût de parachutage et sonnent parfois de façon assez ingrate à l’oreille…
Ça n’enlève rien aux qualités déjà évoquées de Linda veut du poulet ! qui a rencontré non seulement le public, mais aussi les professionnels en remportant le Cristal du long métrage et le prix de la Fondation Gan au Festival d’Annecy 2023, le prix Lumière du film d’animation 2024 et le César 2024 du meilleur film d’animation !
Un DVD-5 dans un boîtier DVD transparent qui n’exploite pas le verso de la jaquette, le tout glissé dans un surétui carton. Même avec sa bardée de prix et de nominations, Linda veut du poulet ! profite d’un traitement minimum.
Sympathique sélection de courts bonus avec :
- 4 modules making of qui se focalisent sur les
chansons, les décors, la prise de son (assez originale
puisqu’effectuée souvent en situation réelle et pas forcément
en studio) et le style graphique, juste de quoi jeter un oeil
dans les coulisses du film ;
- une interview des réalisateurs qui peuvent
développer très rapidement la genèse du film, les choix de
rythme et de graphisme, ainsi que leur collaboration ;
- le clip de la chanson de fin du film.
Dommage de ne pas profiter d’un Blu-ray ! Mais c’est malheureusement souvent le cas avec l’animation plutôt orientée jeunesse qui est moins « rentable » en HD.
Face à la vitalité des images du film, l’encodage MPEG-2 montre ici et là ses limites avec des artefacts de compression qui seront d’autant plus visibles que l’écran sera grand. Le choix d’encoder le film et ses bonus sur un DVD simple couche n’aide certainement pas non plus. Là aussi, un choix de rentabilité au détriment de la qualité.
Très belle ampleur et beaucoup d’énergie dans le mix 5.1 proposé sur piste Dolby Digital. Des dialogues toujours nets et des effets bien dosés. La piste stéréo ramène tout ça sur le devant de la scène avec également un bel espace sonore.
Crédits images : © Dolce Vita Films, Miyu Productions, Palosanto Films