Réalisé par Quentin Dupieux
Avec
Jack Plotnick, Eric Judor et William Fichtner
Édité par Realitism Films
Dolph a perdu son chien, Paul. Le mystérieux Master Chang pourrait en être la cause. Le détective Ronnie, la solution. Emma, la vendeuse de pizza, serait un remède, et son jardinier Victor, une diversion ? Ou le contraire. Car Paul est parti, et Dolph a perdu la tête…
… ainsi que le spectateur qui va vite perdre pied et se laisser embarquer avec un plaisir coupable dans cet Alice au Pays des barjots qui emprunte allègrement (en le cachant à peine) à Lynch, aux Pythons et toutes sortes de sources de cauchemars éveillés bien barés.
Quand un film démarre sur un plan de pompier en train de faire sa grosse affaire en lisant le journal, en plein milieu de la route, tandis que ses collègues l’attendent pour aller éteindre la camionnette en feu à quelques mètres de là… il y a de quoi se demander en effet si on n’est pas encore au fond de son lit en train de délirer…
Entre les cheveux en l’air de Dolph qui rappellent ceux du Henry de Eraserhead, et la musique Balamentienne collée au détective Ronnie, pour ne citer que ces deux exemples, il est évident que David Lynch n’est pas loin. Dupieux a également manifestement mangé du Monty Python au petit déjeuné, et a plutôt bien digéré le tout. L’absurdité des séquences délirantes qui se succèdent arrive à faire tenir cet ovni à peu près debout pendant une heure et demi !
Plus consistant que son précédent film Rubber et un brin moins expérimental, Wrong tient tout de même plus de la torture mentale que de la comédie familiale et demande un bon sens de l’observation ou plusieurs visionnages (pour les plus courageux) afin d’attraper au vol, les références, clins d’oeil et autres chassés-croisés entre les personnages qui alimentent sournoisement un scénario d’une apparente banalité : un gars perd son chien.
Mais comptez sur Dupieux et sa bande d’acteurs siphonnés (Jack Plotnick, William Fichtner et Eric Judor en tête) pour transformer la banalité en un trip hallucinogène qui pose une question essentielle : est-il judicieux de placer un lièvre sur une moto en guise de logo de pizzeria, étant donné que le lièvre est déjà un symbole de rapidité ? Hein ? Hein ?…
Un digipack et 4 auto-collants collector du film accompagnent la galette au menu très basiques.
Dans Below the Scenes, les acteurs lisent des extraits du script dans des situations diverses dans les décors du film. Ça ne sert strictement à rien, sinon ajouter une bonne dose de non-sens jusque dans les bonus…
« Wrong Cops Chapter One » est un pilote pour un film et une série avec l’insupportable et détestable flic du film Wrong. Marilyn Manson, méconnaissable en avorton adolescent, y est plus que surprenant. Assez premier degré et finalement pas très drôle, ça ne donne pas forcément envie de voir la suite…
La bande-annonce de Wrong vient clore cette partie bonus qui ne nous apprendra rien de rien sur la fabrication du film ou les motivations des membres de l’équipe.
Un master vidéo sans histoire, une photographie très agréablement rendue et une compression invisible.
Dommage que la VF (au doublage plutôt réussi) ne soit présentée qu’en stéréo, elle perd toute la dynamique et les ambiances de la VOST en 5.1.