Réalisé par Hiromasa Yonebayashi
Édité par Diaphana
C’est l’été. Mary vient d’emménager chez sa grand-tante dans le village de Manoir Rouge. Dans la forêt voisine, elle découvre une fleur mystérieuse qui ne fleurit qu’une fois tous les 7 ans. On l’appelle la « fleur de la sorcière ». Pour une nuit seulement, grâce à la fleur, Mary possèdera des pouvoirs magiques et pourra entrer à Endor, l’école la plus renommée dans le monde de la magie, qui s’élève au-dessus du ciel, au-delà des nuages. Le secret de la fleur de la sorcière se révèlera à elle petit à petit…
MARY POTTER
Perpétuer la tradition de l’animation à la main en marchant dans les pas du mythique studio Ghibli, voici la mission du tout jeune studio Ponoc. Composé d’anciens membres de Ghibli, orphelins depuis la dissolution du département animation en 2014, le studio Ponoc se veut à la fois une continuité de la magie Ghibli portée pendant plus de 30 ans (de Nausicaä de la vallée du vent à Souvenirs de Marnie par Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Le logo, le nom européen (« ponoc » veut dire « minuit » en croate, tandis que le Ghibli est un vent italien), le savoir faire, le design des personnages et des décors… tout dans Mary et la fleur de la sorcière transpire le studio défunt. Et ça en devient même un handicap lorsqu’il s’agit d’apprécier le film de Hiromasa Yonebayashi (Arrietty, le petit monde des chapardeurs) qui se retrouve donc aux commandes de ce premier film Ponoc, tandis qu’il aura réalisé le dernier Ghibli (Souvenirs de Marnie). Car la comparaison est évidente et l’hommage peut vite avoir un parfum de copie sans le « savoir raconter » d’un Miyazaki ou d’un Takahata.
Car si l’on peut sans hésiter reconnaître à Mary et la fleur de la sorcière des qualités techniques évidentes, avec une animation de grande qualité, on se prend vite à peiner dans l’appréciation de l’histoire de cette jeune fille qui se retrouve propulsée dans le monde de la magie et où tout va trop vite, quitte à ne pas vraiment s’attacher à ce personnage et à ceux qui l’entourent. De l’action, du mouvement, des effets spéciaux, c’est comme si l’ambiance blockbuster avait pris pied dans les cartons de Ghibli… mais l’émotion, la poésie et (c’est paradoxal) la magie, ne sont pas vraiment au rendez-vous et on se surprend surtout à citer tous les films de l’ancien studio face aux images de Mary et la fleur de la sorcière qui en profite également pour piocher chez Harry Potter.
Maintenant que Ponoc a été adoubé par ses pairs, l’on peut tout de même se permettre de penser que ses créateurs sauront mieux à l’avenir se détacher de leurs racines pour explorer une essence qui leur est propre, tout en s’appuyant sur un savoir faire indiscutable.
Testé sur check-disc, cette édition speciale Fnac se distingue de la sortie nationale par un packaging à volet illustré d’une belle image du film et surtout par une seconde galette qui accueille un vrai making of.
Si l’on s’en tient à la galette du film, la partie bonus se résume, outre la bande-annonce VF/VOST, à une double interview du réalisateur et du producteur. Cette dernière, permet de faire brièvement connaissance avec les deux hommes et d’aborder tout aussi brièvement la genèse du film. Beaucoup d’humilité et beaucoup d’appréhension aussi chez les deux hommes quant à l’accueil que recevra leur film au cours de sa carrière.
Pour en savoir plus et plonger vraiment dans l’ambiance du jeune studio, il fait donc se tourner vers cette édition Fnac et son DVD supplémentaire qui accueille un seul et unique bonus : un making of de 37 minutes. La sensation d’enfants perdus de Ghibli est encore plus palpable ici et montre à quel point le réalisateur et le producteur de Mary et la fleur de la sorcière sont conscients des pas qu’ils tentent de prolonger en lançant le studio Ponoc et en s’affranchissant du studio Ghibli qui les a formé et nourri pendant 20 ans. Tels deux écoliers fébriles, ils attendent, à la fin du documentaire, les avis de Toshio Suzuki (producteur historique chez Ghibli) et Isao Takahata (Le Tombeau des Lucioles), à qui ils montrent le film en avant-première… très touchant.
L’encodage MPEG 2 des DVD, continue finalement de bien se tenir face à la HD des Blu-ray. Quand il est maîtrisé, comme c’est le cas ici, il permet de profiter d’un spectacle tout à fait honorable, même sur une grande diagonale d’écran. On pourra lui reprocher un aspect moins percutant que sur Blu-ray, mais une fois pris dans l’action du film, on oublie vite que l’on regarde une demi-HD.
Très beau rendu sonore en 5.1 avec une scène large malgré les limitations du Dolby Digital (on aurait aimé au moins un encodage DTS). La stéréo sera bien évidemment réservée aux installations modestes de par son côté frontal. Pour ce qui est de la VF, le doublage est tout à fait réussi, avec des voix dynamiques et une adaptation fidèle.
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